La grande marche des gilets jaunes marseillais a mis cap au Nord
Par Philippe GALLINI
Le bonnet phrygien était de sortie à l'occasion de cette nouvelle journée de forte mobilisation.
Photos georges robert
Marseille
Partis de Saint-Louis, à Marseille (15e), ils "montent" à Paris, à pied, pour y manifester le 17 mars
Après avoir concentré la quasi-totalité de leurs précédents actes dans le centre et l'hypercentre de Marseille, les gilets jaunes ont mis résolument le cap, hier, sur les quartiers Nord afin d'effectuer une partie du chemin au côté des marcheurs du mouvement.
Un petit groupe d'une trentaine de gilets a en effet quitté la cité phocéenne, vers 17 h, pour rejoindre à pied la capitale, dans le cadre de la "Marche pour le RIC". Cette marche dont le but est d'obtenir entre autres l'instauration par le gouvernement, d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC), doit permettre à tous les groupes de gilets jaunes partis de différentes régions de France, de se retrouver le 17 mars, à Paris, à l'occasion d'un grand rassemblement unitaire.
"On n'avait jamais vu une manifestation d'une telle ampleur depuis 30 ans dans les quartiers Nord, s'enthousiasmait Franck Rhit, l'un des co-organisateurs de cette marche, au moment de quitter ses camarades. C'est une façon pour nous, gilets jaunes, de montrer que Marseille, c'est aussi ces quartiers, et que notre mouvement comme nos revendications, sont également pour eux".
Les manifestants au nombre de 2 500 selon nos sources (1 200 selon la police ; 5 000 selon les gilets) avaient quitté le Vieux-Port en début d'après-midi pour mener l'acte XIV de ce mouvement national né il y a un peu plus de trois mois sur les réseaux sociaux.
"Notre mouvement se renforce"
Comme lors des précédentes éditions, tous arboraient sur leur chasuble leurs doléances les plus urgentes ainsi que les messages souvent très crus qu'ils adressent au pouvoir politique. De nombreux drapeaux tricolores avaient été déployés. Parmi eux, certains frappés de la croix de Lorraine, mais également les pavillons des régions Corse, Occitanie et Bretagne. Un étendard plus inquiétant, représentant un homme encagoulé et armé, en position de tir, a également été brièvement déployé par un manifestant. Quant aux slogans hurlés par les gilets jaunes à l'attention des forces de l'ordre, leur contenu colle toujours à l'actualité, que celle-ci soit légère -et météorologique- ("Il fait beau, il fait chaud, sortez les canons à eau !"), ou plus dramatique ("La police nous protège, ça crève les yeux !").
Comme l'assurait d'ailleurs un manifestant : "Plus ils fabriquent de martyrs et plus notre mouvement se renforce".
Son voisin dénonçait quant à lui "les chiffres tronqués par le ministère de l'Intérieur", que ce soit celui du nombre réel de manifestants ou celui du niveau de sympathie de la population à l'égard du mouvement "gilet jaune" ; tous deux étant, affirmait-il, "bien supérieurs à ce qui est dit". Et ce même manifestant de manier d'autres chiffres en faisant remarquer "qu'Emmanuel Macron qui s'est qualifié avec seulement 18,2 % des voix des inscrits au premier tour de la présidentielle, veut faire croire qu'il est le président de tous les Français".
Mené au rythme des détonations de pétards de gros calibre, le périple des gilets jaunes allait les conduire devant les Terrasses du Port, puis la tour CMA CGM et les bassins de radoub. Parvenue à l'angle de la rue Le Chapelier et de la rue de Lyon, au coeur du quartier de Saint-Louis (15e), la troupe souhaitait alors bon courage à ses marcheurs que la première de leurs trente étapes, devait conduire à Aix-en-Provence. Puis les manifestants redescendaient sur le Vieux-Port, toujours à pied ; une brève tentative d'emprunter le métro à la station Bougainville se soldant par la mise en sécurité du réseau, l'interruption du trafic, un feu de poubelle et... deux interpellations pour outrage.
Les principales étapes de la marche. 17 février : Salon ; 18 février : Cavaillon ; 19 février : Avignon ; 28 février : Lyon ; 10 mars : Auxerre ; 17 mars : Paris
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