PERTUIS Les pompes funèbres avaient inversé les corps

Lors des secondes funérailles, le maître de cérémonie, indiquant avoir agi sur instruction de son PDG, a menti à la famille de la défunte et lui a caché le corps. Celui-ci avait, en fait, déjà été incinéré
J.-X.P. - 20 juin 2019 à 19:15 | mis à jour le 20 juin 2019 à 19:15 - Temps de lecture :
Au cimetière de Lourmarin c’est l’octogénaire qui a été enterrée et non la quadragénaire. Archives photo Le DL/Patrick ROUX
Au cimetière de Lourmarin c’est l’octogénaire qui a été enterrée et non la quadragénaire. Archives photo Le DL/Patrick ROUX

C’est une lettre anonyme qui a déclenché cette affaire vieille de 9 ans. Des parents qui ont perdu, le 27 décembre 2009, leur fille Laurence d’un cancer peu avant ses 50 ans sont destinataires d’un courrier dans lequel est écrit que le corps de leur fille n’est pas enterré au cimetière de Lourmarin selon ses volontés mais a été remplacé par erreur par celui d’une dame de 81 ans prénommée Marie.

Les parents se rendent à la gendarmerie de Cadenet. Rapidement, l’enquête des militaires établit qu’une inversion de corps s’est produite. L’équipe des pompes funèbres a pris, le 31 décembre 2009, le corps de Laurence à la place de celui de Marie décédée le 26 décembre. Elle l’a emmené au crématorium de Luynes pour incinération en vue d’une dispersion des cendres dans le Luberon comme l’octogénaire l’avait souhaité.

L’affaire ne s’arrête pas là, puisque lors des funérailles de Laurence le 2 janvier 2010, c’est l’octogénaire qui est inhumée en lieu et place de la quadragénaire.

« J’ai honte, j’ai menti toute l’après-midi à la famille »

Le PDG de la société de pompes funèbres et le maître de cérémonie étaient renvoyés hier devant le tribunal correctionnel d’Avignon. Ils doivent répondre des faits d’organisation de funérailles ayant un caractère contraire à la volonté du défunt.

Ce 2 janvier 2010, le maître de cérémonie raconte qu’il s’aperçoit que le corps de Laurence a disparu de son emplacement dans la chambre froide. Le jeune employé, alors âgé de 20 ans, appelle sa hiérarchie et dit qu’il reçoit l’instruction de cacher le corps à la famille de Laurence et de faire comme si de rien n’était. Le corps de Marie est donc enterré au cimetière de Lourmarin. Cimetière où la famille de Laurence se recueille quelque temps avant de découvrir la vérité suite au courrier anonyme qui date de juillet 2010.

Hier, à la barre du tribunal, le maître de cérémonie, qui s’est reconverti professionnellement reconnaît avoir mal agi ce 2 janviers 2010. « J’ai honte, j’ai menti toute l’après-midi à la famille. J’espérais que la police contrôlerait. » Le gérant nie toute responsabilité et avoir été au courant.

« Qui aurait pu aller voir ? Des archéologues du futur ? »

« C’est un deuil qu’on leur a confisqué » plaide Me  André Floiras qui défend les intérêts des familles de Laurence et Marie. « On a sciemment enterré Marie dans ce tombeau. Qui aurait pu aller voir ? Des archéologues du futur ? ». Avant de s’étonner que rien n’ait été fait pour identifier les auteurs de la première erreur, celle du 31 décembre.

Caroline Armand, représentante du ministère public, évoque une société de pompes funèbres « qui a fait de ces funérailles une mascarade ». Elle estime que l’infraction est constituée pour les deux funérailles puisqu’en cachant le corps à la famille de Laurence le 2 janvier 2010, les responsables ont couvert l’erreur du 31 décembre. Elle requiert deux mois avec sursis simple contre l’employé et 6 mois avec sursis simple et une amende de 10 000 euros contre l’ancien PDG. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 2 septembre prochain.