AGRICULTUREDes éleveurs se mettent à la vente sur Facebook pour subsister

Coronavirus dans les Bouches-du-Rhône : « On ne voulait pas que les gros gagnent », des éleveurs se mettent à la vente sur Facebook pour subsister

AGRICULTURETouchés de plein fouet par la crise du coronavirus, entre la fermeture des restaurants et des marchés et le confinement, des éleveurs des Bouches-du-Rhône s’allient pour proposer leurs marchandises sur Internet
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Des éleveurs des Bouches-du-Rhône, qui ont perdu une partie de leur clientèle en raison du coronavirus, ont décidé de s’allier et de monter une page Facebook.
  • Via cette page, une nouvelle clientèle de citadins leur passe commande.
  • Une manière de subsister pendant la crise.

«La situation est très compliquée : la vente directe ne marche plus et, sans les marchés, les agriculteurs sont en grande difficulté. ». A l’autre bout du fil, Sébastien Attias ne cache pas son inquiétude. Depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus en France, et particulièrement depuis le début du confinement et la fermeture des marchés décidés par le gouvernement, le chef du pôle développement à la chambre d’agriculture de la région Provence Alpes Côte d’Azur constate quotidiennement la grande fragilité des producteurs.

Alors, quand un groupe d’éleveurs est venu lui demander son soutien avec une idée innovante qui pouvait peut-être les aider à subsister, il n’a pas hésité longtemps. En effet, ces éleveurs des Bouches-du-Rhône, privés d’une partie de leur clientèle, ont décidé de s’allier en misant sur… la vente de leurs marchandises sur Facebook et en créant une page dédiée sur le réseau social.

« On ne peut pas mettre notre production en arrêt »

Le principe ? De potentiels clients passent commande via Messenger pour recevoir des colis de viande ou de fromage. La chambre régionale d’agriculture centralise les commandes puis les transfère aux éleveurs qui préparent les colis. Pour des raisons pratiques et sanitaires, lorsque plusieurs clients d’une même ville ont passé commande, les colis sont ensuite expédiés dans cette même ville sur un point de livraison prédéterminé.

« La semaine prochaine par exemple, nous avons notre première livraison d’une vingtaine de colis par ce biais : je vais faire livrer ma viande à 15 clients à Marseille, chez un caviste qui nous prête sa chambre froide », explique Juliette Fano. La présidente de Bovins 13 est éleveuse de taureaux de Camargue entre Istres et Miramas. Elle est l’une des agricultrices à l’origine de ce projet innovant. « Je fais déjà de la vente en direct, sur l’exploitation, explique-t-elle. Mais quand on a appris la mise en place du confinement, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. Quand on fait de la viande, on ne peut pas mettre notre production en arrêt. »

Une nouvelle clientèle

« La période de Pâques approche, et pour nous qui élevons des agneaux, on ne peut pas arrêter Dame Nature, abonde Elodie Porrachia, coprésidente de la fédération départementale ovine des Bouches-du-Rhône. Et avec les fêtes de Pâques qui approchent, notre production reste ciblée dans l’année… D’habitude, notre production part dans les grandes tables. Mais là, les restaurants sont fermés. » « On ne voulait pas tomber dans les gros groupes et que ce soit les gros qui s’en sortent, confie Juliette Fano. On veut pouvoir vendre notre viande, notre produit, au prix qu’il nous a coûté, au lieu que des groupes comme Bigard viennent l’acheter… »

Pour ces éleveurs, cette vente sur Facebook permet aussi de toucher une nouvelle clientèle. « Maintenant, le seul moyen d’approvisionnement mis en avant, ce sont les grandes et moyennes surfaces, déplore Elodie Porrachia. Du coup, nous, on essaie de contrebalancer sur les réseaux sociaux, en visant les jeunes citadins, qui, par chance, sont pas mal dessus. En ces temps difficiles, il faut être chauvin, défendre et soutenir les producteurs ! » Selon les statistiques de la chambre régionale d’agriculture, la région Provence-Alpes Côte d'Azur compte 1550 éleveurs bovins et ovins qui génèrent 2.490 emplois directs.

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