Un morceau de ciel sur le Luberon

Par KA

Les enregistrements vidéos ont permis de reconstruire la trajectoire atmosphérique du bolide en 3D, permettant ainsi de connaître son origine... et la zone potentielle d'atterrissage des météorites !

Les enregistrements vidéos ont permis de reconstruire la trajectoire atmosphérique du bolide en 3D, permettant ainsi de connaître son origine... et la zone potentielle d'atterrissage des météorites !

Photo Fripon/Vigie-Ciel

La Tour-d'Aigues

Mardi soir, à 22h14, une étoile filante très brillante a illuminé le ciel provençal. Un phénomène qui pourrait avoir laissé des traces au sol, sous forme d'une (ou plusieurs) toute(s) petite(s) météorite(s) !

"C'est un oiseau ? C'est un avion ? Non, c'est..." un bolide ! Les bienheureuses personnes qui ont eu la bonne idée de lever les yeux vers le ciel, mardi soir, vers 22h14, ont pu admirer un des plus beaux spectacles célestes : un météore (synonyme d'étoile filante) lent et très lumineux a traversé une grande partie du ciel pendant plus de 4 secondes. "Je n'avais jamais vu ce phénomène !" s'exclame un observateur corse qui a rapporté son observation sur le site de science participative Vigie-Ciel. "Son éclat est monté en intensité puis il a légèrement changé de couleur pour passer au vert avant de s'éteindre", témoigne un autre situé plus au Nord, près de Roanne.

Un phénomène associé à l'entrée dans notre atmosphère d'un caillou interplanétaire dont la taille est comprise entre celle d'une grosse bille et une mandarine (quelques centimètres de diamètre), et d'une masse d'environ 200 g.

Flashé à 60 000 km/h

Les enregistrements vidéos ont permis de reconstruire la trajectoire atmosphérique du bolide en 3D, permettant ainsi de connaître son origine... et la zone potentielle d'atterrissage des météorites !
Les enregistrements vidéos ont permis de reconstruire la trajectoire atmosphérique du bolide en 3D, permettant ainsi de connaître son origine... et la zone potentielle d'atterrissage des météorites ! Photo Fripon/Vigie-Ciel

Si les dimensions de cet objet ne paraissent pas extraordinaires, sa vitesse d'entrée dans l'atmosphère est, elle, impressionnante, puisque la rencontre avec notre planète s'est réalisée à la modeste vitesse de 16,6 km/s, soit près de... 60 000 km/h ! Ce qui explique la traînée lumineuse observée au passage de ce caillou : l'étoile filante était visible lorsqu'il était entre 75 et 33 km d'altitude !

Plusieurs dizaines de personnes du Sud-Est de la France et d'Italie (de la Corse à Roanne et de Gênes à Chambéry), ont heureusement pu profiter du spectacle improvisé, mais elles n'ont pas été les seules à observer le phénomène. Au même moment, 5 caméras du réseau national Fripon (voir encart) et localisées enregistraient cette traînée lumineuse. De précieux enregistrements qui permettent, en les combinant, de pouvoir calculer la trajectoire du caillou dans l'atmosphère. Et non seulement d'avoir aussi bien une idée de son origine... mais également de savoir où d'éventuelles météorites ont pu atterrir !

Les chances de le retrouver sont faibles

Les enregistrements vidéos ont permis de reconstruire la trajectoire atmosphérique du bolide en 3D, permettant ainsi de connaître son origine... et la zone potentielle d'atterrissage des météorites !
Les enregistrements vidéos ont permis de reconstruire la trajectoire atmosphérique du bolide en 3D, permettant ainsi de connaître son origine... et la zone potentielle d'atterrissage des météorites ! Photo Fripon/Vigie-Ciel

D'après les vidéos et les calculs, le météoroïde (le nom scientifique donné à ces cailloux lorsqu'ils se déplacent dans l'espace) venait de la ceinture principale d'astéroïdes, située entre Mars et Jupiter, et d'où proviennent la majeure partie des météorites retrouvées sur Terre. Mais surtout, il est possible qu'il ne se soit pas complètement sublimé dans l'atmosphère... et qu'une petite météorite ait atteint le sol ! Cette dernière, de très faibles dimensions (seuls 20 g environ auraient survécu, soit une météorite de quelques millimètres) a probablement atterri dans le Vaucluse, entre Cabrières-d'Aigues et la Tour d'Aigues.

Le champ de chute potentielle calculé suit la route de la Bonde (au Nord de la Tour d'Aigues), puis remonte en passant dans l'étang de la Bonde et passe au Sud-Ouest du village de Cabrières d'Aigues. Au regard de la taille de l'objet et le terrain, les chances de la retrouver sont très faibles, mais... non nulles ! Les éventuels promeneurs seront donc bien inspirés de regarder un peu plus que de coutume le sol sous leurs semelles...