Libération de Pertuis : le récit de Gilbert Gay, résistant - Pertuisien.fr, la vie à Pertuis (84)


Libération de Pertuis : le récit de Gilbert Gay, résistant


Gilbert Gay, l’un des derniers résistants du sud Luberon, qui a vécu alors qu’il n’avait que 20 ans, ces journées historiques de la libération de Pertuis, raconte...

"La libération frémissait depuis mi mars 1944, mais les événements n’ont vraiment commencé qu’en juillet.

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, plusieurs sabotages sont menés. A 1 heure 15, le pont ferroviaire de la patte-d’oie, à quatre kilomètres de la ville, saute. Même sort pour le relais téléphonique posté à 500 mètres de là.

Le 29 juillet, un grand nombre de chars allemands est embarqué en gare de Pertuis. Le 30 juillet, à 8 heures, les maquisards font sauter le pont sur l’Eze, et l’autre vers Meyrargues. Le convoi de chars, alors bloqué, revient le 31 juillet en gare de Pertuis.

C’est seulement le 15 août 1944 que les nazis quittent la ville. Ce même jour, les résistants armés descendent de tous les côtés du Luberon et remplacent la croix gammée par le drapeau tricolore à croix de Lorraine et planté sur le clocher. Le groupe est commandé par Gaston Gilly qui s’empare de la mairie, de la poste et de la gendarmerie. Le comité local de libération, présidé par Maurice Cousin, s’installe à la mairie. Ce même jour, à 4 heures 28 les alliés arrivent en ville sous le commandement du général américain Patch qui dirige la 7e armée.

Les 15, 16 et 17 août, l’aviation alliée tente de détruire tous les ponts de la Durance afin de couper la retraite aux nazis. Le pont de Mirabeau subit quatre attaques dans la journée du 15, sans résultats. Les résistants avaient, auparavant, reçu l‘ordre de préserver le pont pour permettre le passage des alliés, mais les ordres ayant changé, les maquisards font sauter le pont le 17 août au soir. Le pont de Pertuis lui, qui avait déjà fait l’objet de deux tentatives de destruction en juillet, a déjà été détruit partiellement vers 21heures 30 le 13 août, par les résistants FTP pertuisiens et tourains. Le viaduc de chemin de fer traversant la Durance, en amont de la ville, est détruit par l’US Air force le 15 août.

La population de Pertuis avait reçu l’ordre de ne pas circuler sur les routes, les avions alliés tirant sur tout véhicule ou passant. Dès l’annonce du débarquement les résistants du sud Luberon passent à l’action. Gaston Gilly commande les patriotes. Ceux-ci descendent de toute la vallée, et près de 200 résistants se déploient alors sur quatre kilomètres entre le viaduc et le pont de Pertuis tentant d’interdire leur passage.

Les combats débutent le 17 août, et vont durer trois jours, interminables.
Les résistants embusqués dans les iscles tirent sur les Allemands lorsqu’ils sont à découvert dans le lit de la rivière. Le 18 août, les nazis annoncent l’ordre de repli. Les Américains sont enfin de l’autre côté.

Enfin, le 20 août, les résistants entendent des tirs de canons de l’autre côté de la Durance. Les tanks nazis qui battent en retraite sont attaqués par les Shermans américains entre Peyrolles et Meyrargues. Le même jour, la 45e division US fonce en direction de la Durance, et le 157e bataillon US atteint la Durance à Saint-Paul.

Les résistants de Beaumont et de Mirabeau envoient alors des éclaireurs qui établissent les premiers contacts avec les libérateurs dans l’après-midi. Ils leur indiquent le meilleur endroit pour passer la rivière en amont du pont. Les fantassins montent un pont flottant dans la nuit du 19 au 20 août, traversent la rivière au matin et, à 16 heures, les jeeps, camions Dodges, chars et automitrailleuses passent en Vaucluse.

Dans les jours qui suivirent plusieurs corps d’armée américains et français du capitaine Chanavac, comprenant de nombreux nord africains, franchiront ce pont provisoire. Le commandant des FTP de Pertuis, Gaston Gilly, apprenant que les Américains franchissent la Durance, se rend à Mirabeau avec Maurice Cousin et Auguste Rossi, pour les exhorter à descendre rapidement sur la ville. Le colonel américain Meck, sensible aux arguments, envoie alors deux chars et des fantassins en direction de Pertuis. C’est Marien Montagne qui sert de guide au premier char Sherman jusqu’à Mirabeau.

La section arrive à Pertuis vers 16 heures, le 20 août, et s’arrête devant le bar de la Poste… "

Epilogue

Ceux qui ont vécu les journées inoubliables d’août 1944 gardent en mémoire un ciel bleu azur, le soleil éblouissant, les lueurs d’incendie dans les pinèdes ravagées par les combats, les coups de canons… Mais aussi, les cris joyeux à l’arrivée des premiers chars, les bals populaires où les filles valsaient avec les Français libres et les Américains.

Aujourd’hui, 2000 GI tombés au cours de la campagne, dont les corps n’ont pas été réclamés par leurs familles sont enterrés à Draguignan. Quant aux soldats français morts, demeurés en terre provençale, ils reposent près de Saint-Raphaël. Les résistants disparus nous rappellent, eux, leur sacrifice dans nos cimetières ou sur les monuments aux bords de nos routes à l’endroit même où ils ont respiré pour la dernière fois.

(Récit recueilli par Jocelyne THOMAS, "La Provence", 15 août 2013)


Date de publication ou de dernière modification : le 20-08-2014 à 00h - Page consultée 2426 fois

Erreur, oubli, suggestion : envoyer un message au webmaster (pertuisien@gmail.com)

Clauses de non responsabilité. A l'exception des titres, rédigés par le webmaster, les articles signés publiés ici n'engagent que la responsabilité de leur auteur. Par ailleurs, Pertuisien.fr n'entend pas se substituer à la presse ou aux autorités en matière d'information et décline toute responsabilité en cas d'omission importante ou d'erreurs relayées sur cette page.

Avertissement : certaines illustrations reprises ci-dessus peuvent faire l'objet d'un droit d'auteur

Copyright ©2024 LePertuisien.fr - Eric Vermeesch - Reproductions autorisées moyennant citation de la source.