Marseille : quand les tueurs jouent avec la vie des automobilistes

La police judiciaire a longuement analysé la scène de crime, afin de retrouver des détails permettant de remonter les tueurs, qui ont disparu dans la circulation.

La police judiciaire a longuement analysé la scène de crime, afin de retrouver des détails permettant de remonter les tueurs, qui ont disparu dans la circulation.

Photo thierry garro

Marseille

Deux assassinats en trois semaines sur l'A7, en plein milieu de la circulation

Les victimes collatérales de règlements de comptes restent, comme par miracle, exceptionnelles. Mais les temps changent. Si la pratique qui consiste à éliminer un rival ou la cible de toutes les vengeances en plein milieu de l'autoroute se perpétue, sans doute faudra-t-il compter aussi les morts parmi les automobilistes hors de tout soupçon. En trois semaines, deux hommes ont été assassinés par des malfaiteurs encagoulés et armés qui ont ouvert le feu au milieu du trafic, sur la chaussée, sans se soucier une seconde du reste de la population. Après la fusillade du 25 mars dernier (lire ci-dessous), les coups de feu ont retenti hier après-midi, sur l'A7, à l'entrée nord de Marseille, à une centaine de mètres de la sortie Plombières (3e).

Comme précédemment, la victime, Mehdi Berrebouh, 27 ans, était récemment sortie de prison. Et à l'instar de ce qui s'est produit à proximité du péage de Lançon, les tueurs se sont acharnés sur leur cible. Les premiers témoignages évoquent une BMW blanche dont l'un des passagers aurait commencé à tirer au fusil sur la voiture du jeune homme, une Renault Megane de location, de couleur marron foncé. Sans doute blessé, le conducteur s'est immobilisé en percutant un autre véhicule, une Renault Clio dans laquelle une mère et son fils ont échappé au pire. À peine arrêté, Mehdi Berrebouh aurait tenté de s'enfuir, mais les malfaiteurs, vêtus de noir, auraient de nouveau ouvert le feu, à dix reprises.

L'homme, originaire de la cité des Flamands (14e), avait été libéré il y a trois semaines. Il purgeait une peine de 8 ans de prison après avoir tué le client d'une boîte de nuit du cours d'Estienne d'Orves, en mars 2009, en lui roulant sur le corps avec son 4X4. Bénéficiant d'une mesure de libération conditionnelle, Mehdi Berrebouh était en route vers le cabinet de son avocat, dans le centre-ville, au moment où il a été assassiné. Porteur d'un bracelet électronique, il devait évoquer l'éventuel assouplissement de ses obligations judiciaires.

La justice du milieu ne lui en a pas laissé le temps.

Benjamin d'une fratrie de dix enfants, il avait semble-t-il été mêlé à des affaires de stupéfiants. En fin d'année dernière, l'un de ses frères avait échappé à une tentative d'homicide.

Leur mère, Hadda fait pourtant partie des militantes les plus influentes en matière de lutte contre la délinquance et pour le bien vivre dans les quartiers Nord. Elle est même la première femme algérienne à avoir reçu les insignes de chevalier de la Légion d'honneur, en janvier 2001. Un symbole de plus pour illustrer la déliquescence dans laquelle baigne désormais une partie des cités marseillaises.


Deux mêmes scenarios sur l'A7

Lorsqu'il a croisé la route de ses tueurs, sur l'A7 le 25 mars dernier, à quelques centaines de mètres après le péage de Lançon, Yassine Aunay, 35 ans, était libre depuis moins d'une heure. Comme hier, un déluge de plomb s'est abattu sur lui, le tuant presque sur le coup et blessant gravement sa compagne, dont la main avait été arrachée par un projectile de kalachnikov.