Aix : les dépenses colossales du couple en détresse
Par Séverine PARDINI
"C'était plus du train de vie que de la survie...", fait observer la juge.
Ph. S.G.
Aix-en-Provence
Faux comptes bancaires et chèques refusésen cascade
Les histoires d'amour, parfois ça finit fort mal. C'est le cas de la relation entre Jean-Noël, grand gaillard discret, et Claude, petite blonde qui n'accorde pas un regard à celui qui partagea sa vie. C'est pourtant tous les deux qui sont renvoyés, elle pour faux et usage de faux et escroquerie ; lui pour faux et usage de faux, et recel de biens et services escroqués. Ils étaient en couple à l'époque et l'affaire avait commencé avec la plainte d'un commerçant chez lequel Claude avait payé avec un chèque rejeté. Les enquêteurs vont établir qu'elle a ouvert toute une série de comptes bancaires et souscrit divers prêts avec de faux états-civils.
"C'était plus du train de vie que de la survie...", fait observer la juge Chavarot quand la prévenue évoque des difficultés financières qui auraient miné leur couple à l'époque. De la lingerie pour 1 400 €, 8 700 € dépensés chez Sonia Rykiel... et bien d'autres achats à Aix, Gardanne, Bouc-Bel-Air... Devant le juge d'instruction, Claude avait dit qu'elle était sous la contrainte de Jean-Noël. Ce que n'avait pas établi l'enquête, ni le journal intime de la dame, évoqué par l'avocat de Jean-Noël. "Et moi, j'ai toujours travaillé pour alimenter notre vie de couple", dit-il, expliquant qu'il se trouvait avec son amie seulement quand elle avait ouvert un compte dans une banque. "Oui, sous un état-civil falsifié... Et ça vous arrangeait bien...", suggère le tribunal.
Délibéré le 30 juin
Jean-Noël, penaud, tente de justifier : "Le train de vie, il était pas affiché à la maison. Et puis il y a rien qui ressemble plus à une fringue qu'une autre fringue..." La juge rappelle alors la maison avec piscine. Claude tente à son tour : "C'était une maison de plain-pied, pour ma mère qui était en chaise roulante". Le tribunal n'oubliera pas de préciser qu'elle avait aussi détourné la retraite de sa mère, décédée depuis. "C'était pour qu'elle puisse avoir une mutuelle gratuite..." Le procureur Gosselin rappelle "la prépondérance de madame dans ce couple qui avait eu la folie des grandeurs : je ne suis pas certain que des achats dans des établissements de luxe soient nécessaires à la survie des enfants..." Il requiert 6 mois avec sursis et un an avec sursis contre Jean-Noël et Claude, respectivement.
Me Sivan, l'avocat de monsieur, rappelle que la mère de Claude avait expliqué comment elle avait été dépouillée par sa fille qui aura ouvert 17 comptes en banque et fait 96 chèques, "et elle n'avait besoin de personne pour faire des faux !" Pour lui, son client fut surtout peu attentif aux comptes... Puis, Me Armando, venu défendre Claude, refait l'histoire de ce couple qui avait commencé à battre de l'aile. "Ce fut une spirale infernale, où l'on se dit que l'argent va sauver le couple". Ce ne fut pas le cas... L'avocat tentera de nuancer la responsabilité de sa cliente : "Depuis 2006, elle n'a plus fait parler d'elle". Le tribunal rendra son délibéré le 30 juin.
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