• p(H)ommes de terre

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    p(H)omme de terre 

    Conditionnements, 2010. Photo : Pierre Montavon

     

    E x p o s i t i o n

    du 21 au 31 octobre 2014                                           Centre culturel la Laiterie

    Cadenet (84)

     

    Au commencement

     

    Ce qui constitue cet évènement a pour but de permettre, au public français, la rencontre avec l’œuvre atypique de René Lovy, plasticien suisse. Il est en résidence d’artiste durant plusieurs mois dans le Sud Luberon (avril à octobre 2014). Cette résidence est le fait de la Fondation Anne et Robert Bloch (F.A.R.B.) qui est une fondation Helvète sise à Delémont dans le Jura suisse. Elle a pour but de promouvoir la création et la vie culturelle, (beaux-arts ; arts audiovisuels ; musiques (composition et exécution) ; belles-lettres et les arts de la scène), ainsi que la mise en valeur du patrimoine dans le canton du Jura).

     

    La F.A.R.B. met au concours chaque année le Prix La Sarrazine destiné à favoriser la création artistique et culturelle en offrant aux artistes et chercheurs un lieu privilégié pour travailler et les moyens financiers appropriés.

     

    Ainsi, le Prix La Sarrazine 2014 a été attribuée à René Lovy. C’est la deuxième fois que ce prix est attribué à un artiste plasticien.

    Présentation de la Sarrazine par la F.A.R.B.

     

    p(H)omme de terre

    Patate, 2000, huile sur toile. Peinture et photo : René Lovy

     

     

    p(H)ommes de terre

     

    La Boucherie littéraire connaissait le travail de René Lovy avant sa résidence dans le Luberon. La F.A.R.B. n’a pas prévu d’actions de médiation en accompagnement du travail de l’artiste durant son temps de présence sur la commune de Lauris. Trouvant cela dommage, il a été décidé, en accord avec l’artiste, d’organiser une rencontre afin de faire découvrir au public d’ici le travail atypique de René Lovy.

    Ce n’est pas tant son travail qui est atypique. Mais la matière avec laquelle René Lovy créé ses œuvres : la pomme de terre !

    Et cette singulière spécificité ne peut qu’attirer notre attention quand on connaît l’histoire maraîchère de ce tubercule dans le Sud Luberon.

    En effet, non loin de Lauris, Pertuis a longtemps été connue comme étant l’une des capitales françaises de la pomme de terre. Elle a tiré une forte reconnaissance de cette production, devenue très « identitaire ».

    Exposition

     

    Ainsi au « pays de la pomme de terre », notre désir de rencontre avec René Lovy est une évidence. Cela se traduira tout d’abord par le désir d’offrir, au public d’ici, une exposition d’œuvres qui officient dans différents champs de l’Art.

    Pour se faire, René Lovy disposera des 100 m2 qu’offre la grande salle du Centre culturel la Laiterie à Cadenet. L’exposition se tiendra du 21 au 31 octobre 2014.

    Elle présentera des travaux inédits de l’artiste, dont notamment une série de vingt-cinq portraits composée de différentes variétés de pommes de terre sculptées. Ces visages en patate seront confrontés au temps et au climat méditerranéen comme les hommes et les femmes d’ici.

     

    Édition

    Par ailleurs, La Boucherie littéraire intéressée par les arts s’est en premier lieu fondée sur des projets d’écritures. C’est donc tout naturellement qu’est née l’idée de permettre la rencontre entre l’écriture et la sculpture. Et ainsi mettre en relation deux artistes : René Lovy et Thomas Vinau, poète français, vivant au pied du Luberon. 

    Vingt-huit textes inédits ont été écrits par le poète sur les visages du tubercule.  

     

    Pour donner tout son sens à celle collaboration, La Boucherie littéraire s’engage à publier un livre ou tous les soins seront apportés, à la typographie, au graphisme, au choix de papier et à une impression de qualité. Par ailleurs, une collection de carte postale devait également le jour.

     

    La soirée de lancement de la maison d'édition, via une souscription et la rencontre avec Thomas Vinau et René Lovy, aura lieu de 23 octobre à 18 h 30.

     

    Rencontres

     

    * 21 octobre 2014, en partenariat avec la bibliothèque René Char de Cadenet, pour les enfants :  14 h Visite libre de l’exposition – 14 h 45 Lecture d’histoire sur le thème de la pomme de terre (à la bibliothèque ) – 15 h 30 Atelier de scultpure en pomme de terre. Animé par Ilaria Fontebasso.

    * 22 octobre 2014 Vernissage de l’exposition et rencontre avec René Lovy.

    * 23 octobre 2014, Soirée littéraire avec Thomas Vinau, lecture & projection. Animé par Antoine Gallardo.

     

    René Lovy

     

    p(H)omme de terreArtiste Suisse, René Lovy, né le 14 septembre 1960 à Undervelier dans le canton du Jura. Il est plasticien et graphiste. Depuis 1982, il expose régulièrement en Suisse romande et en France voisine. Il vit et travaille à Porrentruy. Longtemps graphiste au magazine L’illustré puis dans d’autres publications, René Lovy est également co-fondateur de la revue et des éditions D'autre part.

     

    Photo : Pierre Montavon 

     

     Dans tout travail d'artiste, il y a du très concret avec l'huile de coude, les longues heures de travail (réflexion comprise) et le matériel. Pour ce dernier, René Lovy n'est sans doute guère plus original que ses confrères et consœurs de l'ère moderne lorsqu'il utilise des cadres et des vitres, de la toile, de la terre, des panneaux suspendus, des fils, du papier spécial, de la tôle, de la peinture à l'huile, des sacs en jute, ou des bocaux de conserve. Mais René Lovy se distingue des autres artistes par la matière avec laquelle il exécute ses œuvres. Car depuis seize ans, René Lovy travaille la pomme de terre. Et cela sous toutes les formes possibles. La pomme de terre sèchée, pourrie, épluchée, sculptée, filmée, bien mûre et en tas, peinte en bleu, en frites, photographiée, entre autres états prise comme ingrédient essentiel de la transformation et de l'inspiration artistique est un acte étonnant qui ouvre des horizons multiples à ceux qui regardent. Horizons autres que comestibles qui sont pourtant autant d'odes à la Bintje, à la petite Charlotte, à la Robe des champs ou à la Monalisa qu'à la grande permission de l'exploration insolite avec des moments forts. Et si ces moments suscitent parfois une petite toux de rire perplexe, il n'en demeure pas moins qu'il y a dans son travail, une grave interrogation sur la mort, la déglingue du corps humain, la beauté de la nature, l'urgence de la vie et la corruption de la chair humaine.

     

    Il la sculpte, la sèche et la met en scène. On découvre ainsi les tubercules métamorphosés en personnage ou en visage, des faces flétries par le temps. La patate devient le miroir de l’homme sur qui le temps laisse aussi des traces. La pomme de terre est bonne à tout faire. De cette banalité, René Lovy, tire depuis des années une exploration obstinée et cohérente de notre destinée humaine.

     

    À travers la patate, René Lovy explore la condition humaine

     

    L’artiste bruntrutain laisse deviner que, à force de côtoyer les hommes, de se prêter avec docilité à tous nos appétits, la patate a fini par s’humaniser. Tubercules inanimées, avez-vous une âme ?

    Compressée, modelée, desséchée, ratatinée, en rondelles ou mise en bocaux, tombée en poussière, photographiée, placée sous la loupe ou radiographiée, la simple patate est soumise par René Lovy à toutes les explorations, expériences, pressions et au même conditionnement que notre quotidien inflige au corps humain. Il sculpte sa chair lisse et pure, lui donne figure humaine, la conserve, la conditionne, laisse la matière se transformer, flétrir et pourrir et nous met face à notre propre et inéluctable dégénérescence. 

     

    Dans ce traitement impitoyable du vivant comme dans les tentatives de le transformer ou de le conserver à tout prix, c’est d’abord la grande interrogation de René Lovy sur la vie fragile, fracassée mais bien plantée au corps, qu’il nous sert[1].

     

    Ses thèmes

     

    Ses installations nous renvoient à la mémoire collective, à la perte d’identité dans la disparition ou l’oubli, ainsi qu’à la mémoire personnelle et unique de chaque individu, perdu dans la masse collective et l’anonymat. Il parvient à nous isoler de l’instant présent pour nous transporter dans un état méditatif et faire resurgir une émotion intense qui nous questionne sur le temps et la nature humaine[2].

    L’humanité on l’aura compris, est au cœur même de l’œuvre de René Lovy. Ces dernières années, la question des génocides devient récurrente dans le travail de l’artiste.

     

    À 500 ans près

     

    On peut rapprocher des détails de l’œuvre de René Lovy au rendu de certains visages et situations des peintures de Jérôme Bosch.

     

     Au-delà de ces détails, c’est un vrai parallèle qui peut être fait entre ces deux artistes. Comme René Lovy et son travail sur la pomme de terre et ses différents aspects torturés, Jérôme Bosch au travers de ses tableaux a peint une humanité très marquée par les représentations du bien, du mal, du vice, de la douleur et de la souffrance.

     

    Des Pays-Bas du Moyen-Âge au Jura Suisse p(H)omme de terre d’aujourd’hui, ces deux artistes s’interrogent sur la représentation morale de la responsabilité des hommes. René Lovy, plus d’un demi millénaire plus tard, se questionne aussi sur le travail de la mémoire. Il est très sensible aux différents et trop nombreux génocides qui ont jalonné les siècles et qui continuent à se perpétrer aux portes de notre présent. Les drames récents du Rwanda et de la Syrie l’affectent particulièrement. Ainsi dès sa première exposition P(h)DT en 1998, on pouvait voir clouer au mur des Sachets pour douter. 

     

    Sachet pour douter, 2009. Photo : LnP-Tumblr

     

    Arts Graphiques

     

     Après une formation de compositeur typographe (1976-1980), René Lovy quitte le Jura pour travailler comme maquettiste, puis comme graphiste au sein de l'équipe de production de l'Illustré à Lausanne (1980-1985). Il devient maître de typographie pour les apprentis compositeurs typographes à Porrentruy de 1985 à 1989 et ouvre parallèlement un atelier de graphisme dans la capitale ajoulote où il intervient auprès de collectivités locales, d'associations ou d'entreprises, telle que Burrus, ainsi que pour la République et Canton du Jura. Il travaille ensuite comme graphiste responsable à TV 8 à Lausanne (1996-1998) puis comme directeur artistique de MatchMag à Genève (1998-2002). Il réalise la conception de la nouvelle formule du Quotidien Jurassien en 2007 et enseigne le graphisme et le multimédia à l'École de culture générale de Delémont durant la même année.

     

    Actuellement, il continue d'exercer comme graphiste indépendant, notamment dans le domaine culturel, Musée de l'Hôtel-Dieu, C.C.D.P. (Centre Culturel du District de Porrentruy), Balade de Séprais). René Lovy est également co-fondateur de la revue et des éditions D'autre part, dont il assumait la direction artistique jusqu'en 2012 en collaboration avec Pascal Rebetez depuis la création de la maison d'édition en 1997. Ces éditions publient de la littérature suisse d'expression française, dont certains ouvrages l'unissent à la photographie.

     

    Centre culturel la Laiterie

    Cadenet (84)

    du 21 au 31 octobre 2014

     Lundi, samedi & dimanche : 10 h - 12 h & 13 h - 18 h

    Mardi, mercredi, jeudi & vendredi : 13 h - 18 h

    Entré libre

     

    04 900 894 65

    Boulevard de la Liberté

    84160 Cadenet

    p(H)omme de terrep(H)dt, 2014. Photo : René Lovy.

    Pour aller plus loin visitez le site de l'artiste : http://www.renelovy.net/



    [1] Extrait d’un article de Yves Petignat paru dans le quotidien Le Temps.

    [2] Extrait d'un texte de Caroline Tedesco.