Google+, ce désert.

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Montage L'Express / Photo Reuters

C'est un mot, où plutôt son absence, qui veut dire beaucoup. Bradley Horowitz, jusqu'ici vice-président en charge des produits chez Google, a annoncé lundi qu'il remplacera David Besbris, le chef de Google+ nommé en avril 2014. Sauf qu'il ne mentionne à aucun moment le nom du réseau social. Au lieu de cela, il évoque deux services distincts: les "produits Photos et Streams" du géant américain. Un nouveau signe qui montre qu'après trois ans d'atermoiements, Google accepte enfin la mort de son projet. Retour en sept étapes sur ce long deuil.

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1. Le choc

Février 2012. Huit mois après son lancement en fanfare le 28 juin 2011, une étude de ComScore fait émerger un chiffre, particulièrement assassin pour Google+. Le réseau ne serait visité que trois minutes par mois par ses membres, contre six à sept heures pour Facebook. Un constat qui conforte les impressions des internautes, qui comparent le réseau social à un désert.

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2. Le déni

Alors que les voyants virent au rouge, Google adopte la stratégie de l'autruche. Chez la firme américaine, on assure que plus de 150 millions de personnes ont adopté son service en six moins et même 400 millions après un an. Preuve, selon elle, que son produit est promis à un bel avenir.

>> Lire aussi: Non, Google+ n'est pas qu'une ville fantôme

3. La colère

Les choix stratégiques du géant américain divisent jusqu'au sein de l'entreprise. En mars 2012, un de ses ex-ingénieur raille ouvertement Google+ dans une tribune en ligne. "Google était cet enfant de riches qui, après avoir découvert qu'il n'était pas invité à une fête, a décidé d'organiser la sienne en représailles, se moque-t-il. Le fait que personne ne soit venu à celle de Google est devenu [évident]". Quelques mois plus tôt, un de ses ex-collègues fustigeait lui aussi un service "pathétique". Ambiance.

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4. Le marchandage

A la peine, Google tente de forcer la main de ses utilisateurs. Créer un profil sur "Plus" devient obligatoire lors de l'ouverture d'un compte Google (obligatoire pour utiliser une adresse @gmail.com ou commenter sur Youtube, par exemple). L'astuce permet de faire grimper les chiffres mécaniquement.

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Ce n'est pas tout, rappelle Le Monde: "En mai 2013, il fusionne plusieurs services de communication dans un outil intégré à Google+: Google Hangouts rassemble désormais les messageries instantanées de Gmail, Google+, les hangouts vidéo, et même, sur mobile, les SMS." Vous avez dit "agressif"? Fin 2013, le réseau social passe la barre des 500 millions d'utilisateurs actifs, mais reste moribond.

5. La culpabilité

"J'ai merdé. Google aussi." Tel est le titre d'un post de blog à l'automne 2014 par Chris Messina, ex-employé de la boîte. Il s'y inquiète d'avoir "travaillé trois ans et demi pour rien" sur le développement du réseau. Et critique le choix d'avoir "adopté une approche conventionnelle du réseau social au lieu d'imaginer ce dont les gens pourraient avoir envie dans 5 à 10 ans". La firme de Mountain View commence elle aussi à se sentir coupable et met fin à la création automatique d'un compte Google+ pour chaque compte de messagerie en @gmail.com.

6. La dépression

"Qu'est-ce qui se passe avec Google Plus?", demande le New York Times au patron de la firme Larry Page en juin 2014. La réponse ne trompe personne: l'intéressé se dit "excité", "excité", "super excité" par le développement du service. Il jure que ses équipes travaillent à le rendre "meilleur chaque jour". Reste qu'une véritable valse des chefs se met en place: coup sur coup, Vic Gundotra (avril 2014) puis son remplaçant David Besbris (février 2014) quittent le navire. Signe que le moral n'est pas au beau fixe.

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7. L'acceptation

Bradley Horowitz, donc, a annoncé lundi qu'il prendra la direction des "produits Photos et Streams" du géant américain. L'expression "Google+" n'est même pas citée dans son annonce. Cette fois, c'est la bonne: Google peut enfin tourner la page.

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