Match sous haute tension aux confins du Luberon

Avignon

Dans le canton de Pertuis, cinq binômes sont en campagne avec, en tête d'affiche, les maires Pellenc et Lovisolo

Cinq binômes. Dix candidats. Dans ce canton qui n'a pratiquement pas changé de physionomie - seule la commune de Villelaure (jusqu'alors dans le canton voisin de Cadenet) vient s'ajouter aux 14 autres communes -, l'offre politique est plus importante qu'ailleurs, avec une majorité de candidats déjà rompue à la vie publique. Cette pluralité plutôt habituelle pour le Sud Luberon s'est conclue, en 2008, par un duel PS-UMP offrant la victoire à l'indéboulonnable Maurice Lovisolo, élu dans ce canton depuis 1988. Mais, à 75 ans, le "patron" cède son siège. C'est son fils, Jean-François Lovisolo (PS), maire de La Tour d'Aigues depuis 2008, qui fait aujourd'hui campagne sous le label "Majorité départementale", sans pour autant partir la rose à la main dans un contexte peu favorable à la gauche.

Mais cette fois, à droite, l'adversaire se veut plus coriace. En mal de candidats d'envergure pour affronter le patron des socialistes de Vaucluse, il fallait à l'UMP un profil solide. Le maire de Pertuis s'est imposé naturellement aux instances. Elu en 2008, puis réélu en 2014, Roger Pellenc, que l'on ne disait pas vraiment motivé, a finalement cédé aux sirènes du parti (même s'il refuse l'étiquette). Car, qu'on le veuille ou non, qu'il en soit fait état ou non dans le débat public, cette campagne n'est pas seulement celle de deux adversaires politiques. Mais celle, aussi, de deux hommes qui ne s'apprécient guère (doux euphémisme). Le match s'annonce serré.

Jean-François Lovisolo assume le bilan du Conseil général et compte sur son ancrage dans la vallée d'Aigues, avec cet avantage d'être le maire de la commune centre de l'intercommunalité qui regroupe la totalité des communes de ce canton, à l'exception de Pertuis, ville membre de la Communauté du Pays d'Aix.

Aussi, pour combler un déficit de notoriété qu'il peut avoir dans les villages (certainement lié à implication plus importante au sein de la CPA), Roger Pellenc a misé sur sa partenaire de campagne, Joëlle Richaud, maire de Saint-Martin-de-La-Brasque, élue depuis 2008. À l'inverse, Jean-François Lovisolo a tenu à former un duo avec Noëlle Trinquier (Europe Ecologie-Les Verts), ancienne élue pertuisienne qui, même sans l'écharpe tricolore, continue à s'investir, notamment dans le tissu associatif pertuisien.

À gauche comme à droite, les deux principaux binômes de cette élection doivent composer avec deux duos dans leurs sillons respectifs. Des cailloux dans les chaussures de ces têtes d'affiche qui suggèrent quelques tensions, sinon quelques règlements de comptes entre amis. Rémy Grangeon, élu d'opposition à Pertuis, candidat de longue date aux précédentes cantonales - avec des scores jusque-là honorables sur son seul nom -, qui fait un tandem Front de gauche avec Christine Chiarri. Des voix de gauche qui se reportent historiquement vers la gauche socialiste au second tour.

Bénéficiant de moins de notoriété, les candidats du centre (UDI-MoDem) Mathieu Petit-Gounelle et Léa Jourdan, ont décidé de venir chahuter le binôme soutenu par l'UMP alors qu'ailleurs des accords ont été scellés entre les deux formations politiques.

Le FN, enfin, sera de la partie avec un tandem peu connu, Frédéric Difraja et Dominique Schall, mais qui, avec la seule étiquette, pourrait être la troisième force de cette élection. Si d'aventure le FN n'accédait pas au second tour, ses voix pourraient alors profiter à la droite traditionnelle.

Bref, l'issue de ce match électoral est aussi attendue que le derby Pertuis-La Tour d'Aigues sur la pelouse.