Les hôpitaux publics seraient- ils en phase terminale ?

Hier, l'intersyndicale appelait les salariés de l'hôpital de Digne à se joindre à la mobilisation. Dans le département, ils se retrouveront devant le Conseil départemental et à Manosque.

Hier, l'intersyndicale appelait les salariés de l'hôpital de Digne à se joindre à la mobilisation. Dans le département, ils se retrouveront devant le Conseil départemental et à Manosque.

Photos E.C.

Digne-les-Bains

L'intersyndicale FO-CGT appelle à la mobilisation le 8 octobre, contre le projet de la loi santé

Serait-on en train d'assister à la fin des hôpitaux publics ? C'est bien ce que craignent les syndicats FO et CGT du centre hospitalier de Digne, qui appelaient hier les salariés à se joindre à la journée de mobilisation interprofessionnelle qui se tiendra le 8 octobre.

Ils se dressent contre le projet de la loi santé portée par Marisol Touraine, adopté en première lecture au mois d'avril et qui devrait passer prochainement devant le Sénat. Même s'ils reconnaissent une certaine avancée sur certaines dispositions (généralisation du tiers payant, lutte contre le tabagisme et la maigreur excessive), ils pointent du doigt deux mesures : la mise en place de Groupements hospitaliers de territoire ainsi que la baisse des dépenses en matière de santé.

"L'hôpital-entreprise"

"Cette loi est bel et bien dans la lignée d'un démantèlement des hôpitaux en faveur du privé, souligne Florence Walgenwitz, secrétaire adjointe du syndicat CGT de Digne. Les hôpitaux sont actuellement constitués en Communautés hospitalières de territoire, dont l'hôpital de Digne fait partie. Cela comprend Aix, Salon, Pertuis, Manosque et Digne. La loi santé souhaite mettre en place les Groupements hospitaliers de territoire, dans le cadre d'un projet santé commun. Ils veulent regrouper les hôpitaux et en même temps réduire les Agences régionales de santé (ARS). Imaginez bien ce que cela peut induire. Des hôpitaux gérés à l'américaine, pensés par des gens qui seront à des centaines de kilomètres des établissements." Même si elle conçoit que dans le 04 on reste un peu "protégé", grâce notamment à peu de cliniques privées, elle redoute que l'on se dirige vers "une sorte d'hôpital-entreprise. On s'éloignera du soin de proximité, les temps d'attente pour un rendez-vous seront de plus en plus longs, les hôpitaux seront complètement déshumanisés".

"Un fonctionnement schizophrène"

Le gouvernement tablerait sur une baisse de dépenses de l'ordre de 3 milliards d'euros pour les hôpitaux d'ici 2017. La ministre de la santé, compte traduire cela, sur une maîtrise de la masse salariale, avec plus de 22 000 suppressions d'emplois en 2015. Une baisse des moyens sans précédent, menant à l'impasse selon le syndicat.

"On n'est pas des fanatiques, on ne veut pas X millions, mais sur le terrain, rien n'est mis en oeuvre pour maintenir les services et l'activité, favoriser l'arrivée des médecins. Le financement des hôpitaux doit être à la hauteur des réels besoins. Il s'agit d'un fonctionnement schizophrène. Celui de Digne est un hôpital de proximité, qui n'a pas la prétention de faire de la neuro ou autre spécialité. On a des capacités qu'on ne peut pas dépasser et on veut juste que cet hôpital soit reconnu et financé pour ça, assure Florence Walgenwitz. On veut réduire le séjour des patients mais cela touche aux conditions de soins des usagers. Oui, il faut revoir le système de santé car les usagers n'ont pas envie de rester quinze jours à l'hôpital. Pour autant, ils ont besoin d'être soignés. Des moyens financiers il y en a. Il faut aller chercher l'argent là où il est", conclut-elle.

Contactée, l'Agence régionale de santé n'a pas souhaité répondre à nos questions. Le 8 octobre, les intersyndicales se réuniront à 11h devant le Conseil départemental et devant la permanence du député Castaner à Manosque.