SNCF : en Paca, le réseau est au bord du chaos !

Infrastructures "hors d'âge", trains en retard et wagons en mauvais état..., les lignes TER sont dans un piètre état et souffrent de sous-investissements.

De notre correspondant à Marseille,

Le président de la région Paca, Christian Estrosi (à droite), a reçu Guillaume Pepy, président de la SNCF, en janvier dernier. Ils ont signé un protocole d'accord sur les TER à Marseille.
Le président de la région Paca, Christian Estrosi (à droite), a reçu Guillaume Pepy, président de la SNCF, en janvier dernier. Ils ont signé un protocole d'accord sur les TER à Marseille. © PHOTOPQR/LA PROVENCE/MaxPPP

Temps de lecture : 4 min

Il était le point d'ancrage de la campagne des régionales au début de l'hiver. Le trafic des TER est devenu le fil rouge de Christian Estrosi, président (LR) depuis décembre de l'institution en Provence-Alpes-Cote d'Azur. Son facétieux repère pour symboliser sa capacité à faire bouger les lignes. Ce n'est pas un hasard si, dès la fin janvier, il a fait venir à Marseille Guillaume Pepy, patron d'une SNCF en mode mea culpa. « Vue des 110 000 passagers quotidiens du TER et de l'autorité organisatrice qu'est la région, la qualité des services n'est pas celle qu'ils attendent, soufflait-il avant de signer un avenant plus contraignant au document liant son entreprise à la collectivité, principal financeur du transport ferroviaire. L'année 2015 fut mauvaise. Elle tend à s'améliorer depuis décembre, mais on est très, très, très loin du compte. »

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Avec un taux de retard et d'annulation de trains avoisinant les 22 %, la région Paca domine le classement hexagonal. Elle est en tête, également, en termes de fraudes. « On est sans doute au-delà des 18 % annoncés, glissait Guillaume Pepy. Humilité, encore, lorsqu'il admet que « le TER de la région Paca est le plus cher de France. On doit faire des efforts. Sinon, on perdra l'exploitation au profit de la concurrence ». L'ouverture des marchés en 2019 est un horizon que lui indique volontiers Christian Estrosi, visant une renégociation totale pour janvier 2017.

« Les rames ne sont que rarement à l'heure »

Guillaume Pepy doit de toute façon répondre à une autre pression. Celle d'usagers excédés, dont la seule perspective d'une application mobile permettant de signaler ce qui ne va pas en temps réel est évidemment insuffisante. « Cela fait des années que je voyage en train fantôme, ironise Michel de Marco, enseignant universitaire habitué à la ligne Toulon-Marseille. Les rames ne sont que rarement à l'heure, les retards sont mal signalés et dépassent parfois quarante-cinq minutes, les annonces des gares ne se font pas toujours et les trains sont bondés. » Même désenchantement chronique à la descente du TER Aix-Marseille, en gare Saint-Charles, où Caroline, étudiante en sciences sociales, dénonce « en vrac le manque de ponctualité, les contrôleurs aux abonnés absents, l'insécurité, les mecs qui fraudent » : « C'est toujours n'importe quoi. » À cela s'ajoute le manque de personnel roulant, répercuté par les syndicats à travers des grèves récurrentes.

Des améliorations ont toutefois lieu. Dans une région traversée par une seule et unique ligne entre Vintimille et Marseille, l'apport d'une voie supplémentaire entre Nice et Cannes, d'une part, Aubagne et Marseille, de l'autre, a été vécu comme un ballon d'oxygène. « La géographie de la région qui ne laisse qu'un couloir de deux voies sur le littoral, les nombreuses bifurcations complexes, la gare Saint-Charles en impasse, l'hétérogénéité du matériel et le réseau vieillissant font que le moindre grain de sable peut tout bloquer pendant plusieurs heures », concède Alain Jacolot-Benestan. Perché au-dessus des voies de Saint-Charles, il supervise le poste tout relais à commande informatique (PRCI). Quelque 800 mouvements de trains, dont 450 commerciaux, sont ici disséqués, scrutés, chaque jour sur un écran numérique, univers géométrique de bande dessinée ne souffrant pas l'inexactitude. « Concernant le nombre de trains qui circulent sur ce réseau, on est au taquet de ce qu'on peut faire », conclut Guillaume Pepy.

Des infrastructures jugées « hors d'âge »

Dès cette année, à partir de mai, la mise en place d'indemnisations directes pour les usagers en cas de retard et d'équipes de lutte contre la fraude, soit 100 agents entre Nice et Marseille, aura pour objectif de calmer les nerfs des passagers. Plus de 230 millions d'euros par an d'investissements dans les infrastructures jugées « hors d'âge » colmatent les brèches alors que la création d'un deuxième centre de maintenance entre Nice et Cannes, en plus de Marseille, est à l'étude.

La véritable solution se trouve toutefois dans la réalisation de la future gare souterraine Saint-Charles, indispensable pour fluidifier durablement le trafic TER. Le projet, estimé à 2,5 milliards d'euros et validé il y a un an et demi par le gouvernement, doit anticiper une demande de transport estimée à 80 millions de passagers d'ici à 2025 dans la région... Le calendrier ne prévoit toutefois pas sa réalisation avant 2030, une fois purgées les étapes de concertation et d'enquête publique.

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Commentaires (17)

  • Rollon25

    Parti de la région de Toulon en ! 989, j'ai eu l'occasion d'aller y voir ma famille en 2008. A moment du retour, je vais à la gare prendre mon TER pour Marseille. En gare, sur le tableau d'affichage, quasiment tous les trains étaient notés "annulé". Surpris, je vois le chef de gare qui me dit : "oh, vous savez, ils sont en grève larvée depuis 3 mois"... Il faut imaginer la scène : un chef de gare désabusé (avec l'accent incomparable du midi) et une gare quasiment déserte, exceptés quelques clients victimes des grèves.

    Le plus triste, dans cette affaire (mis à part les employés en grève tous les 4 matins pour tout et pour rien, preuve que les agents de la SNCF n'ont pour certains aucune idée de la signification de "service public" ou de "bien commun"), c'est qu’après 3 mois de situation anormalement perturbée, la SNCF ne prévienne pas ses usagers. Car, sans un ami qui m'a amené à Marseille St Charles par la route, je n'aurais jamais attrapé mon TGV pour Paris.

  • ELDRADE

    La Métropole de Marseille est completement asphyxiée au niveau routier et donc rien ne sert de mettre plus de bus bloqués sur les routes. Il faut au contraire développer les trains de banllieue et petite distance autour de l'axe TOULON-MARSEILLE-AIX.
    cela nécessite des investissemnts et des subventions mais tout cela est réservé à la région parisienne : IL Y A UNE GROSSE INEGALITE des FRANCAIS dans ce domaine.
    Il y a certes aussi, les conséquences catastrophiques d'une mollesse de la Direction de la SNCF, avec un PDG de gauche qui n'ose pas s'opposer aux syndicats SUD et CGT qui dans la région PACA s'arcboutent sur les ENORMES PRIVILEGES des salariés de la SNCF au détriment des pauvres usagers qui n'en peuvent plus des grèves et des retards à répétition...

  • bigkaptain

    Pourquoi construire une nouvelle gare pour les TER ? La gare de la Blancarde serait idéale pour les TER. De plus on peut y accéder et par le tram 1 et le tram 2 et par le métro...