Stéphane Kochoyan n’a pas eu le temps de marquer de son empreinte le festival Marseille Jazz des cinq continents. Embauché le 1er mars, l’ex-directeur artistique de Jazz à Vienne a appris, fin mai, que son nouvel employeur ne le conserverait pas au terme de la période d’essai de son contrat à durée indéterminée (CDI). « La présidence du festival ne m’a même pas permis de finaliser mon plan de développement alors qu’elle est venue me débaucher à Vienne en octobre 2015 », assure, « médusé », celui qui a déménagé sur le Vieux-Port avec femme et enfant.
Pianiste ayant partagé la scène avec Nat Adderley ou Daniel Humair dans les années 1990, organisateur reconnu pour avoir notamment créé les festivals de Nîmes-Métropole et de Barcelonnette, mais aussi repris Jazz à Vienne et Orléans Jazz, Stéphane Kochoyan, 50 ans, se dit « dans l’incompréhension totale ».
Une « mayonnaise qui n’a pas pris »
« Nous n’avons pas senti d’adhésion au projet, ni de volonté de sa part d’aller au-devant de notre petite équipe », justifie Régis Guerbois, le président de l’association qui gère l’événement. Le licenciement s’est déroulé dans une totale discrétion le 30 juin, trois semaines seulement avant le début de la seizième édition du festival. Interrogés par la presse locale sur l’absence aux concerts de leur nouveau directeur artistique, les organisateurs du Marseille Jazz des cinq continents ont évoqué une « mayonnaise qui n’a pas pris ». Stéphane Kochoyan, lui, a gardé le silence pendant quelques semaines. « Je ne voulais pas que l’édition 2016, la dernière programmée par Bernard Souroque [mort le 11 octobre 2015], soit perturbée par une polémique », explique-t-il.
« L’équipe n’a pas voulu changer ses habitudes de travail, ni me laisser une place. J’ai été mis sous tutelle très rapidement »
Alors que le festival marseillais a bouclé vendredi 29 juillet sa dixième et dernière soirée avec le concert de Seal, M. Kochoyan fustige la direction des Cinq Continents. « On ne fait pas signer un CDI à quelqu’un pour le licencier trois mois plus tard, dénonce celui qui se réserve la possibilité d’attaquer pour “licenciement abusif”. L’équipe n’a pas voulu changer ses habitudes de travail, ni me laisser une place. J’ai été mis sous tutelle très rapidement. »
La venue de M. Kochoyan à Marseille s’est nouée autour de la disparition brutale de Bernard Souroque, historique directeur artistique des Cinq Continents. Les deux hommes étaient amis depuis plus de trente ans. Le second a programmé le premier, tout jeune pianiste, à Nîmes, leur ville d’origine. Ensemble, ils ont produit la première tournée française du pianiste Tigran Hamasyan. « Quand le festival m’a sollicité pour boucler la programmation de Bernard, je n’ai pas pu refuser, reprend Stéphane Kochoyan. L’équipe n’avait pas le carnet d’adresses suffisant pour contacter certains artistes. Elle manquait d’expertise, notamment sur la question des cachets. »
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