L'US Navy se répare à Marseille

Cet immense catamaran à la livrée "tout aluminium" peu guerrière, a été reçu cinq sur cinq dans la forme
de radoub nº 9 du Grand Port maritime.

Cet immense catamaran à la livrée "tout aluminium" peu guerrière, a été reçu cinq sur cinq dans la forme de radoub nº 9 du Grand Port maritime.

Photo Ph.G.

Marseille

La marine américaine a confié l'un de ses bâtiments les plus récents aux bons soins du chantier naval CNM

C'est un bâtiment de guerre aux caractéristiques très inhabituelles qui se trouve actuellement en réparation dans la forme nº 9 du Chantier naval de Marseille (CNM) ; événement qui constitue une grande première dans l'histoire récente de la réparation navale phocéenne.

À l'issue d'un appel d'offres lancé par la marine américaine, et au terme d'une rude bataille avec son principal concurrent croate, le chantier phocéen a en effet décroché de haute lutte le contrat de l'arrêt technique de l'USNS Trenton, l'une des cinq unités de la classe Spearhead actuellement en service au sein de l'US Navy.

Transport de troupes rapide, le Trenton est capable de transporter 312 soldats en armes, installés sur des fauteuils orientés dans le sens de la marche, puis de les débarquer avec leurs véhicules blindés sur le littoral d'une zone de conflit, en navigant à une vitesse d'environ 35 noeuds, soit 65 km/h. Il peut même atteindre 43 noeuds, soit 80 km/h, à vide et par mer calme ; des performances permises par sa formule catamaran, sa structure "tout aluminium" et sa puissante motorisation (48 000 CV). En service depuis 2015 et actuellement déployé au sein de la 6e flotte en Méditerranée, ce navire imposant (103 mètres de long et 28,50 m de large pour un tirant d'eau de seulement 3,80 m), dispose d'une capacité d'emport de 600 tonnes de matériels et véhicules stockés sur 1 900 m linéaires de hangars. Il est également équipé d'une plate-forme d'atterrissage pour hélicoptères lourds.

Propulsion

Au cours de cet arrêt technique qui devrait durer une quarantaine de jours, le CNM va intervenir sur différents éléments du navire, notamment sa propulsion et procéder aux contrôles réglementaires exigés par la marine américaine.

Il y a vingt ans, deux des entreprises marseillaises de réparation navale en activité à l'époque, Marine Technologie et Travofer, réunies au sein d'un GME (groupement momentané d'entreprises) et associées aux sociétés Cnim et Sonocar, avaient décroché (au détriment de leur concurrente CMR), le contrat de réparation du navire amiral de la 6e flotte, le bâtiment de transport amphibie USS La Salle. Ce chantier de près d'un an (400 000 heures de travail ; 22,5 millions d'euros), s'était déroulé au sein des installations de la Direction des constructions navales (DCN), alors maître d'oeuvre de l'opération, dans le port militaire de Toulon.

Quelques mois plus tard, CMR avait obtenu l'arrêt technique, dans la forme nº 10 du port de Marseille, de la barge britannique Bibby Progress, sorte d'hôtel "3 étoiles" flottant à bord duquel était hébergée une partie des 200 superviseurs américains ayant travaillé sur les parties les plus sensibles du La Salle.