Aix : la RD9 voit le bout du tunnel

L'échangeur qui permettra de relayer la RD9 à la RD9 b (l'avenue Jean-Moulin qui dessert Calas) et ses deux bassins de dépollution sont presque terminés. Sur la chaussée à deux voies située côté nord, la circulation est provisoirement en double sens.

L'échangeur qui permettra de relayer la RD9 à la RD9 b (l'avenue Jean-Moulin qui dessert Calas) et ses deux bassins de dépollution sont presque terminés. Sur la chaussée à deux voies située côté nord, la circulation est provisoirement en double sens.

Photo Serge Mercier

Aix-en-Provence

Après vingt-cinq ans de batailles juridiques, manifestations et contestations, la mise à deux fois deux voies de la RD9, entre le carrefour de Lagremeuse et la gare TGV d'Aix, touche à sa fin. La bascule s'opérera en décembre

Décidément, rien n'a été simple pour ce chantier. Dès sa naissance dans les années 90, le projet s'est heurté à de vives oppositions, centrées non pas sur la nécessité d'élargir la route mais sur le choix du tracé. La présence de la deuxième réserve ornithologique du département autour du bassin du Réaltor a aussi compliqué la tâche. Les contrôles inopinés, opérés dans le périmètre tout proche de Natura 2000 par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ont rythmé les mois écoulés. Ajoutez le canal de Marseille, le stockage des matériaux et la circulation simultanée sur site des techniciens de six entreprises différentes et vous comprendrez pourquoi le bout du tunnel est attendu avec soulagement par tous ceux qui ont mouillé la chemise sur ce chantier pharaonique.

Depuis le 1er décembre 2014, c'est à un véritable serpent de mer, l'équivalent de la L2 pour Marseille, que le Conseil départemental tord le cou. Après vingt-cinq ans de batailles juridiques, manifestations et contestations emmenées par l'Association de défense du site du Réaltor (ADSR), la mise à deux fois deux voies de la RD9, entre le carrefour de Lagremeuse et la gare TGV d'Aix, touche à sa fin. Au cours de l'été 2015, la cour administrative d'appel de Marseille avait mis à mal les derniers espoirs de l'ADSR pour la remise en cause de la déclaration d'utilité publique des travaux, au bénéfice du Département. Et enterré, par là même, le scénario d'un tracé au nord du Réaltor, "plus protecteur" aux yeux des opposants. Pour rayer de la carte ce goulet d'étranglement particulièrement accidentogène - une dizaine d'accidents mortels entre 2004 et 2014 - emprunté quotidiennement par 40 000 usagers, le Conseil départemental a opté pour le doublement de la route le long de son emplacement actuel. Et mis sur la table plus de 42 millions d'euros.

Les automobilistes ont dû se montrer prudents. Pendant quatre ans, le tracé de la route a été régulièrement modifié selon l'avancée des travaux. Dans la nuit du 24 août dernier, la bascule a été opérée sur la chaussée à deux voies située côté nord, vers le bassin du Réaltor, où l'on roule provisoirement en double sens. Il faudra patienter jusqu'en décembre pour que la configuration définitive à 2x2 voies soit mise en place, une fois le chantier bouclé au sud. L'échangeur, qui permettra de relayer la RD9 à la RD9 b (l'avenue Jean-Moulin qui dessert Calas) et ses deux bassins de dépollution sont presque terminés eux aussi. Restera trois mois de travaux de finition pour la réfection de l'ancienne RD9 entre l'avenue Jean-Moulin et le pont sur le canal de Marseille, lequel sera démoli et entièrement reconstruit.

Pour tenir les délais, 30 à 40 personnes ont travaillé au terrassement et entre 20 et 60 techniciens à la réalisation des cinq ouvrages d'art (ponts, échangeur, ouvrage hydraulique, etc.) le long des 3,4 kde chantier. Les usagers réguliers de la gare TGV ont pu constater l'étape spectaculaire franchie il y a deux ans par les entreprises, Vinci Construction en tête : le recul de 30 à 40 mètres des berges du bassin du Réaltor le long de la départementale. Qu'on ne s'y trompe pas, le bassin n'a pas été asséché mais remblayé. "On a rogné 25 000 m³ de réserve d'eau sur les 700 000 m³ que compte le Réaltor", détaille Jean-François Verpy, chef de projet et maître d'oeuvre des travaux. En compensation, l'ex-communauté urbaine de Marseille, alors propriétaire du canal de Marseille (Ndlr, c'est désormais la Métropole), nous a demandé de construire à nos frais (4,5 millions d'euros) l'ouvrage hydraulique pour le rétablissement des écoulements naturels du ruisseau de Baume-Baragne."

D'ici le printemps 2018, 1 260 m de murs antibruit et 580 m de talus auront poussé le long de la chaussée ainsi qu'un aménagement paysager sur 1 200 m, entre l'ancienne RD9 et le nouveau tracé. Un kilomètre de route va aussi disparaître au profit d'une chênaie devant le lotissement de l'Arbois. La touche finale consistera à donner une seconde jeunesse à l'avenue Jean-Moulin, avec deux voies bordées d'une piste cyclable. Le Département s'y attellera en 2018 et 2019. "L'aboutissement de ce chantier est une grande satisfaction, se réjouit Jean-Pierre Bouvet, conseiller départemental LR en charge des routes. On a concassé des masses rocheuses de 100, 10 et 2 kilos et même des gravillons. Tout a été fait sur place, ce qui est exceptionnel." Reste à espérer que les bouchons ne seront pas déplacés en amont. Le Département étudie la faisabilité d'une voie de bus rognée sur la bande d'arrêt d'urgence du carrefour de Lagremeuse au chemin Albert Guigou. À terme (le calendrier n'est pas arrêté), elle facilitera la circulation des transports en commun... mais pas celle des automobilistes.