Pour se débarrasser de l’amiante dans ses écoles, la ville de Marseille va avoir recours à un partenariat public privé chiffré à plus d’un milliard d’euros sur 25 ans. Une délibération a été votée dans ce sens lors du conseil municipal du 16 octobre. 32 groupes scolaires construits dans les années 60, soit une cinquantaine d’écoles parmi les 440 que compte la ville sont concernés.
Leur entretien « engendre des surcoûts et des difficultés » et leur exploitation présente « une réelle difficulté d’adaptation dans le temps aux nouveaux usages et aux contraintes réglementaires et normatives qui s’imposent à ces équipements, et ne répond pas aux objectifs environnementaux fixés par la Ville », précise la délibération.
Deux modes de financement envisagés
En 2016, une étude commandée par la mairie pointait l’ampleur de la tâche et concluait que deux modes de financement pouvaient être envisagés, le PPP donc, et la maîtrise d’ouvrage publique (MOP) classique. Si le coût brut de la MOP s’avère plus avantageux, l’étude conclut qu’il dépasse finalement celui du PPP lorsqu’on lui ajoute les risques.
« La mise en œuvre de tels chantiers peut engendrer de nombreux problèmes, erreurs de construction ou défaillances d’entreprises par exemple, explique Roland Blum, l’adjoint au maire de Marseille en charge des Finances. Le PPP prévoit la prise en charge des surcoûts, notamment ceux qu’engendreraient les retards de livraison pour des écoles dont l’ouverture est attendue en septembre ». Roland Blum précise que l’accord-cadre de partenariat qui sera signé permettra de passer plusieurs marchés successifs.
41 millions d’euros pour ces nouvelles écoles
La délibération envisage la démolition de 31 établissements remplacés par 28 groupes scolaires et la construction de six nouveaux. Chacun de ces sites sera doté d’un gymnase et d’un plateau d’évolution. L’entretien, la maintenance et l’atteinte d’objectifs environnementaux seront également prévus dans le contrat. Selon le chiffrage proposé, la ville investira donc 41 millions d’euros par an sur ces quelques écoles, dont 11 millions dédiés à la maintenance et l’entretien et 9 millions en frais financiers.
Pour Roland Blum, l’intérêt du PPP est aussi d’accélérer le processus : « si nous avions choisi la MOP, nous n’aurions pas pu assumer le coût de l’opération en une fois et les premières livraisons auraient été envisagées dans cinq à sept ans, assure l’élu. Avec le PPP, les premières livraisons sont prévues pour 2021 ».
Le président du groupe socialiste à la mairie, Benoit Payan, regrette une telle situation qu’il juge « invraisemblable ». « La municipalité Gaudin n’a rien fait pendant vingt ans et cet attentisme conduit aujourd’hui à cette proposition qui va endetter considérablement la ville pendant 25 ans », déplore-t-il.
Un montant insuffisant juge l’opposition
Benoit Payan juge ce choix du PPP mauvais, tant du point de vue de son coût que des contraintes qu’il engendre pour la collectivité. Et s’inquiète aussi pour les autres écoles marseillaises qui pourraient pâtir de la focalisation sur cette trentaine d’établissements. « La mairie met en avant les 30 millions d’euros par an qu’elle investit pour ses 444 écoles, mais il suffit de comparer ce montant au coût annuel du PPP qui concerne une cinquantaine d’écoles pour comprendre que c’est insuffisant ».
Avec un budget d’investissement annuel de 200 millions d’euros, la mairie de Marseille verra ses capacités considérablement réduites. « La ville devra être plus vigilante dans ses investissements, reconnaît Roland Blum. Mais avec les transferts de compétences aux métropoles et aux départements, les écoles représentent la priorité des municipalités qui auront moins de capacités à participer à d’autres projets ».
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