TEMOIGNAGEElle «accouche» d'un gant et de compresses oubliés par un chirurgien

Marseille: Une patiente «accouche» d'un gant et de compresses oubliés par un chirurgien

TEMOIGNAGESelon l’examen du dossier médical démontrera qu’aucun comptage des compresses n’a été effectué après l’intervention…
17/06/2015 Illustration dans un bloc opératoire.
17/06/2015 Illustration dans un bloc opératoire. - Elisa Frisullo / 20 Minutes
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Sylvie, 48 ans, a été operée d'une hystérectomie en avril 2017, à son réveil elle ressent de forte douleur dans le ventre et n'arrive plus à uriner.
  • Trois jours plus tard, elle accouche littéralement d'un gant et de compresse dans une marre de sang, des objets qui aurait été oubliés par le chirurgien lors de l'opération.
  • Comme seule réponse, celui-ci lui aurait rétorqué que « si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à saisir ma compagnie d’assurance, je suis très bien assuré. »

Des gants et des compresses à la place d’un utérus. Le 6 avril dernier, Sylvie, 48 ans, se fait opérer à Marseille ( Bouches-du-Rhône) par le docteur Guy A. pour une hystérectomie, une ablation de l’utérus. Dès son réveil, la patiente se plaint de fortes douleusr. Elle raconte son calvaire à 20 Minutes : « Je n’arrivais plus à uriner et j’avais une pointe du côté droit du ventre. »

Le chirurgien ne prend pas au sérieux les douleurs dont elle souffre et ne l’ausculte pas, alors qu’elle est toujours hospitalisée. « Il m’a dit que j’étais une douillette et m’a uniquement donnée des antidouleurs », ajoute Sylvie. Jusqu’à sa sortie, elle ne subit aucune échographie, ni aucune auscultation.

« Comme si j’accouchais »

Elle regagne finalement son domicile, et reste alitée à cause de ces fortes douleurs. Le lendemain, soit trois jours après l’opération, Sylvie commence à ressentir des contractions.

« « J’avais toujours mal, je suis allée aux toilettes et là, un gant ainsi que des compresses sont sortis dans une mare de sang. C’était vraiment comme si j’accouchais. » »

Toujours dans un état lamentable, elle retourne à la clinique. « Le chirurgien est arrivé comme si de rien n’était, comme s’il venait boire l’apéro à la maison. Il a remis la faute sur les infirmières et s’est empressé de jeter le gant et les compresses. Heureusement, mon mari avait pris une photo », ajoute Sylvie.

La seule réponse du chirurgien, lorsque la patiente lui demande des comptes après plusieurs jours de souffrance, aurait été la suivante :

« « Si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à saisir ma compagnie d’assurances, je suis très bien assuré. » »

Et pour cause, lorsque Me Patrice Humbert, l’avocat de la patiente, contacte l’assurance, il apprend que le docteur Guy A. est normalement le médecin en charge des expertises.

« Aucun comptage des compresses »

Sa responsabilité semble engagée, comme l’explique Patrice Humbert :

« « L’examen du dossier médical démontrera qu’aucun comptage des compresses n’a été effectué après l’intervention alors que le chirurgien disposait d’une check-list de sécurité pour éviter cette grave erreur. » »

La patiente a saisi le président du tribunal de grande instance de Marseille qui a désigné en procédure de référé un expert pour évaluer les fautes ainsi que ses préjudices. « J’espère qu’il sera puni et qu’il ne pourra jamais reproduire ce qu’il m’a fait », clame Sylvie.

Depuis sa terrible mésaventure, elle est suivie par un psychiatre qui lui prescrit des médicaments pour pouvoir dormir et a été arrêtée près de six mois, en tout. Contacté par 20 Minutes, l’avocat de Guy A. n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

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