Aix-en-Provence : nuit blanche contre l'amiante

Les nuisances sonores se sont avérées bien moins pénibles qu'on le redoutait.

Les nuisances sonores se sont avérées bien moins pénibles qu'on le redoutait.

Aix-en-Provence

Il est 21 heures et les agents de la voirie municipale apposent les derniers panneaux le long du boulevard Aristide Briand, depuis la place Bellegarde jusqu'à Pasteur. Devant la supérette où est installée une "base de vie" pour permettre aux intervenants du chantier de désamiantage de l'enrobé de se poser régulièrement, Éric Chevalier, adjoint à la circulation, accompagné du directeur des services techniques, de Gérard d'Antoni, responsable de l'opération pour la direction Travaux et Voirie, rejoignent les techniciens. Océane parcourt le périf' pour les dernières mises au point. Ce petit bout de femme coordonne pour Eurovia le dispositif qui a débuté dans la nuit de lundi à mardi. Qui n'a pas son talkie-walkie ? Son kit santé? Non, pas question de mettre un pied dans le périmètre de protection sans combinaison et masque, attestation médicale, et certificat Amiante.

Devant le parking, la circulation est bloquée. Enfin presque : les agents municipaux laissent rentrer les abonnés: "La portion contenant de l'amiante se situe juste après l'accès", reconnaît un technicien. "Mais alors faut déplacer les bornes" interroge un autre. De rares automobilistes s'énervent : "Comment je rentre chez moi ?" On laisse passer, mais pas question de sortir des petites rues adjacentes avant 6 heures du matin. "Vous avez eu des dépliants d'information dans votre boîte aux lettres" intervient un élu. Non. Comme la plupart des riverains des petites rues alentour.

Quelques livreurs à vélo continuent allègrement leurs tournées sur les trottoirs où, paradoxalement, on peut circuler. Y compris durant toute la durée de l'opération. Sur le boulevard, quelques riverains ouvrent leurs fenêtres pour avoir une vue plongeante sur les pompes jetant les déchets dans les bennes.

Badis, pour l'entreprise PLB, patiente au côté de son camion-citerne de 25 tonnes. Il est chargé d'alimenter en eau la raboteuse, remplira les cuves amenées à réceptionner les déchets d'amiante, lavera au Kärcher les engins de chantier, donnera un grand coup de laveuse-balayeuse sur l'artère. Puisque le danger de l'amiante, ce sont les envols de poussières, l'eau est un acteur majeur puisqu'elle les fixe. Badis vient d'un chantier accompli à Lyon, il a dormi dans son camion avant d'attaquer trois nuits non-stop. Lui n'a aucun vêtement de protection. Dans sa cabine, il montre les écrans de contrôle : "Tout est pressurisé, il n'y a aucun air extérieur."

Étienne a revêtu sa combinaison en polypropylène. Il conduira pendant trois nuits la raboteuse qui viendra chercher à 4 centimètres de profondeur l'amiante contenue dans la couche supérieure du bitume. Avec son faux air de cosmonaute tranquille, le Toulousain cumule 33 journées annuelles de chantier de ce type. Il fait partie des rares formé, certifié, contrôlé, à l'instar de son engin qui vient lui de Montpellier. Les travaux ont débuté avec 1 h 30 de retard mais le planning a été tenu : 150 mètres sur les 400 à venir d'enrobé ont subi un peeling profond.

Travaux sur le réseau d'eau

"L'enrobé date d'il y a une trentaine d'années, du temps où la ceinture urbaine était de compétence départementale, précise le responsable de la régie des Eaux municipale. Nous avons besoin d'opérer des travaux de modernisation sur les réseaux d'eau dans le secteur. Nous avons procédé à des prélèvements par carottage comme nous l'impose la réglementation et avons alors découvert dans la première couche du tapis de l'amiante, qui n'a été interdite qu'en 1997, mais aussi de l'HAP (hydrocarbure aromatique polycyclique). D'où la décision d'enlever l'amiante avant tout préalable. C'est sur cette portion, entre la place Bellegarde et le parking Pasteur, que nous avons trouvé des traces. Nulle part ailleurs à Aix-en-Provence. Si ce n'est du côté de la route de Sisteron qu'il faudra aussi traiter."

"Nous avons choisi la date des vacances, poursuit Éric Chevalier, pour impacter le moins possible la circulation" laquelle est entièrement coupée la nuit entre 21 et 6 heures.

La semaine prochaine, la Régie des eaux procédera à sa partie de rénovation, sur une profondeur de 15 cm, puis, la chaussée sera entièrement reprise pour être rendue à la circulation le 5 mai. En principe.