Comment le rosé de Provence sauve la place du vin français dans le monde

La France reste le champion mondial de la valorisation du vin, notamment grâce à l'export du rosé provençal.

La France reste le champion mondial de la valorisation du vin, notamment grâce à l'export du rosé provençal.

N.V.

"Pincez-moi, je rêve !", se serait exclamé plus d'un vigneron provençal il y a encore quelques années, en voyant son terroir sudiste rapproché du si chic champenois. C'est pourtant bien ce qui ressort des derniers chiffres sur le marché mondial du vin, dévoilé hier à Paris par l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV).

On s'explique. Le millésime 2017 s'est avéré particulièrement difficile en Europe, principal bassin de production mondial, pour cause de gelées tardives au printemps puis de grande sécheresse estivale (quand il ne fallait pas y ajouter, par chez nous, la coulure du grenache). L'an passé, le monde n'aurait produit que 250 millions d'hectolitres de vin, un niveau "historiquement faible", analyse l'OIV qui estime le recul à 8,6 % par rapport au millésime 2016.

Dans le même temps, la demande de nouveaux pays consommateurs de vins européens est en plein boom, aux États-Unis, d'abord, mais aussi sur des marchés plus récents, Chine, Australie... 108 millions d'hectolitres de vin ont ainsi passé une frontière l'an dernier, soit une hausse de presque 4 % par rapport à 2016. L'Espagne, troisième producteur de vin dans le monde après l'Italie et la France, est le premier pays exportateur en termes de volume. Mais l'Hexagone gagne la bataille de la valorisation, avec 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'export, loin devant l'Italie.

Petite production et grosse demande, la tension n'a jamais été aussi palpable en Champagne, qui, grâce à son positionnement premium, résiste à la vague du prosecco italien. Mais l'effet se fait aussi sentir en Provence, donc. Selon le Conseil interprofessionnel des vins de Provence, qui représente les appellations côtes de provence, coteaux varois et coteaux d'aix, le marché export des rosés provençaux, tracté par la demande américaine, est passé de 163 à 226 millions d'euros (+38 %) entre 2016 et 2017.

"En ce moment, les importateurs américains se crèveraient les yeux pour un hectolitre de rosé provençal mais il n'y en a plus nulle part", commentait en début de mois un responsable commercial de l'un des principaux acteurs provençaux sur le marché US.

Même constat du côté de l'Aixois Maxime Double, au château de Beaupré : "C'est de la folie ! D'habitude, nos acheteurs américains passent des commandes au fur et à mesure de la saison, selon leurs besoins. Là, ils ont tout pris d'un coup, dès le début d'année, pour assurer leurs approvisionnements."