Soirée chocolat au lendemain des effondrements d'immeubles à Marseille : une "erreur de communication" selon la mairie

Yves Moraine et Laure-Agnès Caradec reconnaissent
"une erreur", "une maladresse".

Yves Moraine et Laure-Agnès Caradec reconnaissent "une erreur", "une maladresse".

Photo archives dominique marché

Marseille

Dilemme chagrin. Parce que la seule et indiscutable chose à faire à l'heure qu'il est, "c'est se concentrer sur le relogement et le soutien aux familles de la rue d'Aubagne". Et parce que, dans le même temps, il y a cet événement "insupportable" qu'Hervé Menchon, élu EELV à la mairie des 6-8, n'eût su réduire au silence lundi soir, en conseil d'arrondissements de la mairie Bagatelle : en ces mêmes lieux, mardi 6, au lendemain du drame que tout Marseille pleure, le maire LR de secteur Yves Moraine et l'adjointe LR au maire de Marseille déléguée à l'urbanisme, Laure-Agnès Caradec, participaient au lancement d'une association du secteur, Partage amitié et fête, sur le thème du chocolat.

"Au même moment à la rue d'Aubagne, décrit Hervé Menchon, nous comptions déjà trois morts et d'après les secours, des poches de survie étaient encore possibles ; des gens étaient en train d'agoniser, probablement, puisque le drame s'était produit 36 heures avant. Ce contraste-là, je ne le supporte pas et j'espère que nous aurons, un jour, des excuses."

Hervé Menchon s'en réfère alors aux images, encore visibles sur la page de la mairie des 6-8, sur Facebook, qui font état d'une "très belle soirée autour du chocolat. À l'aube des fêtes de fin d'année, l'association a voulu un événement autour d'un incontournable de cette période en mettant en valeur les artisans de notre ville", dit la publication.

Résultat : 192 partages, une centaine de commentaires offusqués, où les mots "honte" le disputent à "l'indécence", "l'écoeurement".

"Ce n'était pas une fête"

Si Yves Moraine, reconnaît là "une erreur incontestable de communication", sur le fond, "il ne s'agissait en rien d'une soirée festive, mais du lancement d'une association qui a pour vocation le développement du partage et de la solidarité interquartiers".

Sur la forme... "J'aurais certainement dû me poser la question de l'annulation, cela ne m'est pas venu ; j'assume l'erreur et m'en excuse auprès des personnes qui ont été, de bonne foi et sincèrement émues."

Mais à tout prendre. "Je préfère faire une erreur dont je peux m'expliquer, que de la récupération politique comme certains. J'ai ma conscience pour moi, je n'ai pas l'impression d'avoir été indécent même si la publication sur les réseaux sociaux était d'une stupidité sans nom. On a été mauvais, je l'assume."

Au point donc, de maintenir ladite publication sur les réseaux sociaux : "On a fait une erreur et une erreur, cela ne s'efface pas. Cela s'explique, cela s'assume."

Reste que, dans cette soirée qui n'était donc pas une fête, "face au drame qui soulève beaucoup de questions sur la gestion, les projets et la vision de l'urbanisme à Marseille : je n'ai pas supporté d'y voir notre collègue Laure-Agnès Caradec", renchérit Hervé Menchon.

Et l'adjointe de s'expliquer, hier après-midi par téléphone : "Le lancement de cette association était prévu depuis longtemps, j'ai assuré que j'y serais pour honorer ces artisans qui se sont donné du mal, bénévolement. Le soir venu, nous étions tous sous le coup de l'émotion, très éprouvés par ce drame, si bien que personne n'a pensé à annuler cette rencontre. Je reconnais la maladresse mais c'est fait et j'en suis la première meurtrie. Mais il faut être plus fort que cette polémique. Mes collègues sont mobilisés depuis plus d'une semaine, ils sont épuisés et il s'agit de les soutenir, de recevoir les familles, c'est cela la priorité."