Les Algériens fêtent leur printemps à Marseille

Après le rassemblement organisé à 14 h à la Porte d'Aix, la foule, composée de plusieurs centaines de personnes, s'est dirigée deux heures plus tard vers le Vieux-Port.

Après le rassemblement organisé à 14 h à la Porte d'Aix, la foule, composée de plusieurs centaines de personnes, s'est dirigée deux heures plus tard vers le Vieux-Port.

Photo PH.F.

Marseille

Le rejet du régime algérien a attiré encore de nombreux manifestants Porte d'Aix

Ils sont les porte-drapeaux d'un changement qu'ils réclament à cor et à cri. Des drapeaux, il y en avait beaucoup, hier, à la Porte d'Aix. Tous aux couleurs de l'Algérie. Riyan, Sylvia et Sarah ont même choisi de recouvrir leurs vêtements avec, pour manifester avec leurs aînés et pour se prendre en photo. "Même si on n'est pas nés en Algérie, on s'intéresse à ce qui se passe et on téléphone tout le temps à la famille qui est là-bas", affirme la plus bavarde du trio. Ahmed, la trentaine, exulte quand il entend les manifestants scander "One, two, three Algérie". L'occasion est trop belle pour tourner une vidéo. "J'ai envie que les choses changent et que toute la clique du pouvoir s'en aille", dit-il en poussant la voix dans le tumulte sonore ambiant. "On veut plus de Bouteflika et de sa mafia", lit-on sur une pancarte. "Le vieux système dégage, la nouvelle jeunesse s'engage" peut-on voir sur une autre. Mégaphone, drapeau et chapeau, Zakia a les larmes aux yeux quand elle évoque son ancienne vie dans son pays natal. "J'étais prof de maths la journée et je faisais les ménages le soir pour pouvoir arrondir les fins de mois. Dans un pays riche comme l'Algérie, c'est quelque chose qui m'a été insupportable".

"Vrai changement radical"

Installée depuis plus de vingt ans en France, elle garde l'espoir d'un "vrai changement radical" pour retourner vivre là où elle a grandi. Un mouvement de foule détourne soudain l'attention. C'est Amir DZ qui a fait son apparition. Le blogueur activiste algérien - de son vrai nom Amir Boukhors - fait carburer les réseaux sociaux avec ses révélations sur la corruption du régime algérien en place. Il réside habituellement en Allemagne mais il est venu tout spécialement de Lyon, nous dit-on, pour soutenir le rassemblement marseillais. Les téléphones portables se tendent vers lui. Autant pour le filmer que pour enregistrer ses propos dont on a du mal, de loin, à comprendre la teneur. "Il va encore en profiter pour alimenter sa page Facebook", lance un manifestant qui ne semble pas vraiment l'apprécier à sa voisine. Discussions improvisées et ambiance bon enfant. Comme un effet miroir de ce qui se joue, chaque vendredi, de l'autre côté de la Méditerranée.