Berre-l'Étang : sa femme se retrouve à découvert, il la bat

Par La Provence

Avec le mouvement "metoo", une vague de mobilisation sans précédent s’est levée contre les violences faites aux femmes. Ici un rassemblement à Marseille fin 2018.

Avec le mouvement "metoo", une vague de mobilisation sans précédent s’est levée contre les violences faites aux femmes. Ici un rassemblement à Marseille fin 2018.

Photo Nicolas Vallauri

Berre-l'Étang

Dans le huis clos de leur domicile, les violences étaient régulières

Entre Rachid et Mounia, mariés depuis sept ans, les relations sont mouvementées, comme en témoigne une voisine: "On entendait souvent crier, même tard le soir". Mounia, qui avait déposé une main courante en avril 2019, se confiait régulièrement à leur voisinage concernant les violences de son époux. Hélas, la journée du 14 décembre dernier fut celle de trop pour la mère de famille.

"Va te faire foutre, tu n'es qu'une femme"

En cette fin de matinée, fraîchement rentré à son domicile, Rachid tombe sur un courrier adressé à son épouse. Constatant le découvert bancaire, une dispute éclate. Il lui tire alors les cheveux, lui mord le doigt puis lui assène un coup sur le front entraînant trois jours d'interruption temporaire de travail. "J'ai essayé de lui dire que je faisais de mon mieux. Il m'a dit : "va te faire foutre, tu n'es qu'une femme". Toi, un jour, je vais te tuer. Si j'oublie de mettre mon foulard, il dit qu'il va me tuer. Ce jour-là, je lui ai dit que c'était mon compte bancaire. Je n'ai le droit de rien faire, je n'ai aucune liberté", relate Mounia lors de son audition.
 

"Des fois, il nous frappe car on défend maman"

Successivement, le quadragénaire gifle sa fille qui s'interposait entre eux, laissant un stigmate visible sur sa pommette. La mère attroupe ses enfants et s'enfuit chez ses parents. Elle patientera longuement dans le parc Henri-Fabre jusqu'à l'ouverture de la gendarmerie afin d'y déposer plainte. "Je n'ai jamais frappé ma fille. Elle a peur de sa mère. Elle n'a pas peur de moi. Je l'aime, elle me respecte", martèle Rachid dans le box du tribunal d'Aix-en-Provence. Cependant, sa fille auditionnée, ne corrobore pas ses déclarations: "J'ai pris des photos pour prouver que papa a frappé maman et qu'elle ne ment pas. Papa tape maman. Des fois, il nous frappe car on défend maman". L'avocat de la partie civile, atterré par le déni et la mauvaise fois du prévenu, souligne qu'il ne s'agit "pas d'une simple dispute mais des faits de violences répétées, hebdomadaires". Du coté du parquet, on s'interroge sur la représentation de la femme pour le prévenu, tout en déplorant "un processus classique de violence conjugale". Si l'avocate de Rachid ne plaide pas la relaxe, elle appelle à faire preuve de mesure. "Ce n'est pas parce qu'elle est de religion musulmane, qu'elle est tyrannisée", souligne-t-elle en s'appuyant sur les témoignages des proches du couple. En effet le beau-père de son client affirme ne jamais avoir eu de problèmes avec son gendre.