FOOTBALLLa mère de l'enfant malade raconte l'agression subie lors d'Ajaccio-OM

Ajaccio-OM : « Ils ont mis des coups de poing et brûlé le maillot », la mère de l'enfant malade raconte l'agression

FOOTBALLUn enfant de huit ans atteint d’un cancer au cerveau invité pour réaliser son « rêve » de rencontrer des joueurs de l’OM a été pris pour cible avec ses parents.
Des supporters marseillais encadrés par les CRS lors du déplacement à Ajaccio le 3 juin 2023.
Des supporters marseillais encadrés par les CRS lors du déplacement à Ajaccio le 3 juin 2023. - Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La fin de saison n’aura pas redoré le blason des supporters de football avec un joueur agressé à Bordeaux, puis un Ajaccio-OM marqué par des cris racistes et les agressions d’un journaliste et de la famille d’un enfant malade. Vendredi soir, le Bordeaux-Rodez en Ligue 2 avait viré au mauvais film et avait été définitivement arrêté après l’agression d’un joueur ruthénois par un supporter.

Au même moment en Corse, des heurts opposaient dans le centre d’Ajaccio des supporters corses à ceux de l’OM, venus pour la 38e et dernière journée de Ligue 1. Des incidents qui ont poussé les autorités à mettre en place dans l’urgence une fan-zone sur une plage samedi pour contenir les quelque 600 supporters marseillais attendus pour le match du soir qui s’est soldé par une victoire 1-0 pour Ajaccio.

Malgré ces précautions, avant la rencontre, une trentaine de supporters ajacciens s’en sont pris à des fans marseillais, tout juste arrivés dans le parcage fermé qui leur était réservé au stade François-Coty. Ils leur ont lancé des insultes à caractère raciste, avec notamment des cris de singe. Les deux groupes de supporters se sont ensuite jeté des projectiles.

En parallèle se jouait une autre scène : un enfant de huit ans atteint d’un cancer au cerveau invité pour réaliser son « rêve » de rencontrer des joueurs de l’OM a été pris pour cible avec ses parents.

« Il s’est tapé le visage contre la barre du balcon »

Arrivés en loge, Kenzo et son père mettent leurs maillots bleus et blancs de l’OM, des supporters corses les aperçoivent. Une quinzaine de jeunes hommes sont alors montés vers eux, a raconté la mère de l’enfant à l’AFP.

« Mon plus jeune fils a réussi à sauter la barrière et est parti dans la loge d’à côté. Kenzo n’a pas compris ce qu’il se passait, il a été bousculé et est tombé. Il s’est tapé le visage contre la barre du balcon. Mon mari était juste derrière, ils ont été lui demander son maillot et ils lui ont mis deux coups de poing dans la tête. Puis ils sont repartis et ont brulé le maillot », raconte Amandine, qui vit avec sa famille près de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône et préfère taire son nom.

« Je ne pensais pas qu’autant de haine allait s’installer » pour un match sans enjeu sportif, appuie le papa, Laurent, qui dit avoir « eu très peur pour la sécurité » de ses enfants.

Le club corse a dénoncé des « actes inqualifiables » et promis de porter plainte « dès que les individus auront été identifiés ». La famille a déposé plainte et le procureur d’Ajaccio a ouvert une enquête pour violences en réunion.

« On a demandé que tous les moyens soient mis en oeuvre pour identifier les auteurs de ces faits inqualifiables dans les plus brefs délais », a expliqué à l’AFP le procureur de la République d’Ajaccio, Nicolas Septe.

Le président du groupe de supporters l’Orsi Ribelli a de son côté contesté dans le quotidien Corse Matin certains détails tout en reconnaissant que « quelques personnes sont montées, ont porté deux coups de poing au père pour lui faire enlever le maillot avant de redescendre avec la tenue ».

« Il faut qu’il y ait vraiment des conséquences. Si c’est vraiment un supporter, il mérite une interdiction de stade » car « ils ont réussi à choquer mon fils », a réclamé le père de Kenzo.

Un journaliste également agressé

La justice a ouvert une autre enquête, pour « violences aggravées et vol aggravé », après l’agression d’un journaliste de France 3 Corse Via Stella par des supporters marseillais cette fois-ci dans une station-service après le match.

« De premiers éléments font état de violences importantes commises par un groupe d’individus dont on est en train de rechercher les identités. Une garde à vue a été initiée à 1h15 » dimanche, a encore précisé le procureur.

Le journaliste a été brièvement hospitalisé et la chaîne a annoncé le dépôt d’une plainte.

Le maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, a exprimé sur Twitter son indignation face à des « actes qui témoignent d’une inquiétante perte de valeurs ». Le maire de Marseille, Benoît Payan, a indiqué lui qu’il n’avait « pas de mot pour décrire cette scandaleuse agression » de Kenzo.

Ces deux derniers jours sont « un condensé de tout ce qu’il ne faudrait jamais voir autour d’un terrain de football", a de son côté déclaré Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.


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