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Une thérapie ciblée prolonge la vie dans certains cancers du poumon

Ces résultats ont été présentés ce week-end au grand congrès international de cancérologie à Chicago.

Toute amélioration de la survie globale est le graal recherché en cancérologie. Or c'est bien ce que sont parvenus à démontrer des chercheurs américains, japonais et chinois dans un essai portant sur un type particulier de cancer du poumon, qui concerne 1000 à 1500 Français chaque année. Des résultats remarqués lors de leur présentation au congrès international de cancérologie (Asco) qui se tient depuis vendredi à Chicago.

L'essai, baptisé Adaura, a porté sur 682 volontaires à qui l'on avait diagnostiqué un cancer du poumon non à petites cellules opérable (c'est-à-dire sans métastases), porteur de la mutation génétique EGFR. Tous les patients se sont vu retirer leur tumeur chirurgicalement, puis la moitié environ ont pris pendant trois ans une dose quotidienne d'osimertinib, une thérapie ciblée commercialisée par AstraZeneca sous le nom de Tagrisso. L'autre groupe a pris un placebo sur la même période. Certains, dans les deux groupes, avaient en outre une ou plusieurs cures préalables de chimiothérapie.

L'avantage de l'osimertinib est très net sur le risque de rechute : seuls 27 % des patients traités avec cette molécule ont vu leur cancer réapparaître sur la période étudiée, contre 60 % dans le groupe placebo. Plus important encore, cinq ans après le début de l'étude, le groupe traité avec la thérapie ciblée présentait une survie globale de 88 %, contre 78 % pour le groupe placebo. Un bénéfice « significatif », selon les auteurs, dans une étude parue en parallèle dans le New England Journal of Medicine. Le gain était encore plus marqué chez les patients dont les cancers étaient les plus graves, mais qui restaient opérables, avec 18 points d'écart par rapport au groupe placebo.

Déjà prescrit en France

Ces résultats réjouissants confortent la stratégie thérapeutique adoptée en France depuis déjà plus d'un an. En effet, l'osimertinib est déjà prescrit en routine au même profil de patients, et le médicament bénéficie depuis le début de l'année 2022 d'une prise en charge par la Sécurité sociale et d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) depuis trois ans. « Pour le patient, il n'y aura donc pas de révolution par rapport à ce que nous pratiquons déjà », traduit le Pr Benjamin Besse, directeur de la recherche clinique à Gustave-Roussy. Cette stratégie thérapeutique avait été adoptée sur la base de résultats antérieurs, publiés il y a deux ans. « Il avait déjà été montré que l'osimertinib permettait de protéger les malades contre le risque de récidive, notamment dans le cerveau », précise le Pr Nicolas Girard, oncologue et pneumologue à la tête de l'Institut du thorax Curie-Montsouris.

La thérapie ciblée ne peut être donnée qu'aux patients dont il a été prouvé que la tumeur est porteuse de la mutation EGFR. « Les résultats présentés à l'Asco prouvent aussi qu'il est préférable de traiter tous les malades (porteurs de la mutation, après la chirurgie, NDLR) tout de suite, même si l'on ignore qui est susceptible de rechuter, plutôt que d'attendre que le cancer ne revienne et le traiter à ce moment-là », explique Nicolas Girard. L'oncologue rappelle toutefois que la chirurgie à elle seule « guérit une majorité de patients : elle reste un traitement majeur. »

« Il ne s'agit pas non plus d'une alternative systématique à la chimiothérapie, mais d'une avancée supplémentaire pour la guérison de certains patients », souligne la Dr Clarisse Audigier-Valette, pneumo-cancérologue, chef de pôle de médecine multidisciplinaire et oncologie au centre hospitalier Toulon-Sainte-Musse.

Avant cela, la même molécule était prescrite depuis cinq ans à des patients présentant un cancer similaire, mais à un stade métastatique. Un recul qui permet de bien connaître cette thérapie. « C'est un médicament assez bien toléré, même s'il n'est pas exempt d'effets indésirables cutanés ou digestifs, qui peuvent altérer la qualité de vie lorsqu'on le prend quotidiennement pendant trois ans », pointe Benjamin Besse.

Un essai inspirant

Si, pour l'heure, seuls un millier de Français bénéficient chaque année de cette avancée thérapeutique, les résultats publiés sur l'osimertinib pourraient ouvrir la voie à d'autres essais et en élargir la portée. « Environ 40 % des cancers métastatiques sont porteurs d'une cible identifiée, à l'image d'EGFR », explique Benjamin Besse. Kras (13 % des cancers bronchiques non à petites cellules), ALK (5 %) : pour ces mutations aussi, on dispose d'ores et déjà de traitements que les laboratoires pourraient être incités à tester en postopératoire, pour en estimer les bénéfices.

Par ailleurs, avec le déploiement à prévoir du dépistage du cancer du poumon, qui figure dans la stratégie française décennale de lutte contre le cancer 2021-2030, davantage de cancers bronchiques seront diagnostiqués à un stade précoce, renforçant le nombre de personnes susceptibles d'être éligibles à ces innovations thérapeutiques.

Une thérapie ciblée prolonge la vie dans certains cancers du poumon

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38 commentaires
  • Mic15

    le

    ça fait effectivement 50% des 20% non amélioré. Mais bon. cela ne parait pas miraculeux.

  • Mic15

    le

    A priori , vu le% d'amélioration signalé dans l'étude on est loin d'une réduction de moitié . 10% de moins d'aggravation???. 88% contre 78% pour le placébo.

  • LISIANTHUS83

    le

    Enfin une nouvelle intéressante quand on voit tout ce que l'on nous sert en élucubrations en tout genre!

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