Danse à Aix : le Pavillon Noir lève le voile sur sa saison 2023-2024

Blanca Li revisite "Casse-noisette" version hip-hop sur la célèbre partition de Tchaïkovski. À droite, la nouvelle création du collectif belge Peeping Tom, 
une histoire de survie dans un décor de glace.

Blanca Li revisite "Casse-noisette" version hip-hop sur la célèbre partition de Tchaïkovski.

Photo Justine Bougerol

Aix-en-Provence

Blanca Li, le collectif Peeping Tom, Marcos Morau... de grands artistes européens donnent rendez-vous à Aix-en-Provence.

Sec, cheveux blancs, baskets, il est comme toujours en ébullition, une vingtaine de jours avant la création de sa nouvelle pièce, Torpeur, au festival Montpellier danse. Jeudi soir, avec générosité, Angelin Preljocaj, le maître du Pavillon Noir aixois, a levé le voile à la fois sur la saison prochaine et sur sa création. Il s'est prêté à un exercice inhabituel et périlleux : montrer en direct au public le travail en cours, sur le plateau, en dialogue avec ses dix danseurs. Un temps privilégié pour les spectateurs (lire ci-dessous). Mode d'emploi de la saison à venir.

Arthur Perole, artiste associé

Le chorégraphe marseillais est l'invité du Pavillon Noir où il créera trois spectacles. Samedi 30 septembre, il se dévoilera sans filtre, dans un solo, Nos corps vivants. Dans une lutte viscérale, "il livre bataille de tout son corps, à la fois réceptacle et caisse de résonance à toutes ses émotions", sur la partition live de Marcos Vivaldi. Puis, jeudi 9 et vendredi 10 novembre, il créera Tendre carcasse, un quatuor en forme d'autoportrait, et les 13 et 14 avril, Unsacre, des printemps, avec le ballet Preljocaj junior.

Un autre chorégraphe régional, Emilio Calcagno, ancien danseur du ballet Preljocaj aujourd'hui à la tête du Ballet de l'Opéra Grand Avignon, présentera sa création, Storm, lundi 6 et mardi 7 mai.

Un vent d'Espagne

La grande chorégraphe Blanca Li reprend son Casse-noisette, une version hip-hop du chef-d'oeuvre de Tchaïkovski, "qui dépoussière l'histoire sans la trahir", vendredi 12 et samedi 13 janvier. On peut compter sur la fantaisie et l'inventivité de Blanca Li, chorégraphe des clips vidéo de Daft Punk ou Beyoncé et autrice de spectacles vivants.

Dans une tout autre esthétique, Marcos Morau, qui nous avait enthousiasmés avec Sonoma au Festival d'Avignon et à La Criée, explore une troisième voie avec Firmamento, "celle de l'imaginaire tourné vers le futur", mercredi 20 et jeudi 21 décembre.

Une journée pour fêter les JO

Le premier juin 2024, trois spectacles entre danse et sport seront présentés dans le cadre des Olympiades culturelles : l'hilarant Discofoot avec le DJ Ben Unzip et 24 danseurs du CCN-Ballet, qui livreront un match anticonformiste, Majorettes de Mickaël Phelippeau et Rodéo de Josette Baïz.

La relève

Leïla Ka est le nom à suivre du moment. Son somptueux Pode Ser a été récompensé par de nombreux prix. Samedi 25 novembre, elle imprime sa marque de fabrique dans une trilogie autour de la figure féminine : Pode Ser, le duo sous pression C'est toi qu'on adore et son solo Se faire la belle.

Carte blanche à Rachid Ouramdane

Le directeur du théâtre de Chaillot aura carte blanche vendredi 26 et samedi 27 janvier au Pavillon Noir. Rachid Ouramdane présente ETSI... avec le plasticien-musicien Maxime Houot : tous deux ont offert à Lora Juodkaite un solo "aux paysages lumineux mouvants et abstraits qui la plonge dans un vaste continuum de mouvements, de lumière et de son".

À voir aussi Variations et Ataraxie de Maxime Houot.

Humour et danse

On s'en voudrait de ne pas citer le collectif belge Peeping Tom, qui jouera sa nouvelle création tragi-comique S 62° 58', W 60° 39', une histoire de survie mise en scène dans un décor de montagnes de glace, samedi 12 et dimanche 13 avril. Il impose son univers unique en son genre, avec des décors ultra-léchés et une technique imparable. Les places partiront vite.

À voir aussi Garden of chance (dès 9 ans), samedi 17 février, le duo insolite entre le chorégraphe Christian Ubl et le mentaliste Kurt Demey, qui avait fait sensation au Festival d'Avignon. Le même Christian Ubl présente sa création The Way Things Go, inspirée par les sculptures-fontaines de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle.

Billetterie des PASS sur internet : www.preljocaj.org et à partir de mardi 6 juin à 13h par téléphone au 04 42 93 48 14. Les billets à l'unité sont en vente à partir du lundi 26 juin à 18h sur internet et mardi 27 juin à 13h par téléphone et au Pavillon Noir.

Création : Angelin Preljocaj fait l'éloge de la "Torpeur"

La prochaine saison, le prolifique Angelin Preljocaj présentera deux créations, l'une sur les Requiem au Grand Théâtre de Provence, les 17 et 18 mai, l'autre, Torpeur, une pièce courte créée au festival Montpellier danse et reprise du 12 au 15 octobre au Pavillon Noir. On a eu le privilège d'assister à une séance de travail avec dix danseurs.

Vous travaillez sur la torpeur. Souhaitez-vous vider le mot de toute connotation négative ?

Pour moi, ce mot n'a pas de notion négative ! Cela me rappelle des états quand j'étais enfant ou adolescent, les vacances qui durent une éternité, les chaleurs d'été qui mettent le corps dans un état de lascivité, de sensualité. Ces moments où vous pouvez bouger, mais vous n'en avez pas du tout la volonté !

Les saisons apparaissent souvent dans vos créations, le printemps dans le "Sacre", l'automne et l'hiver dans "Winterreise". Il ne manquait que l'été !

Le voilà ! On est en plein été, en pleine torpeur, dans ces sentiments de flottement du corps.

Angelin Preljocaj en répétition hier au Pavillon Noir. Il avait ouvert sa répétition à tous, un "cadeau" au public 
à l'occasion de la présentation de saison.
Angelin Preljocaj en répétition hier au Pavillon Noir. Il avait ouvert sa répétition à tous, un "cadeau" au public à l'occasion de la présentation de saison. Photo Cyril Sollier

Dans l'extrait présenté, les danseurs travaillent en miroir comme dans le test de Rorschach. Cette symétrie est hypnotique !

Oui. Toute la pièce n'est pas comme cela. Il y a une connexion à ce moment-là, presque une télépathie entre les danseurs qui m'intéressait. On observe une contamination des états du corps, dans une symétrie. Comme un vase communicant entre les danseurs.

"Torpeur", avec "Noces" (1989) et "Annonciation" (1995) du 12 au 13 octobre au Pavillon Noir. Et aussi, la création 2024, les 17 et 18 mai au Grand Théâtre de Provence. preljocaj.org