SCIENCE-FICTION« Abysses », un thriller écologique addictif et spectaculaire

« Abysses », un thriller écologique addictif et spectaculaire dans les profondeurs des océans

SCIENCE-FICTION« Abysses » met en scène l’idée angoissante que les profondeurs décident d’attaquer l’humanité à la suite du réchauffement climatique.
Abysses : Rencontre avec le producteur de la série
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • France 2 diffuse ce lundi à 21h10 la minisérie événement Abysses, créée par Frank Doelger (Game of Thrones).
  • Abysses met en scène l’idée angoissante que les profondeurs décident d’attaquer l’humanité à la suite du réchauffement climatique.
  • Pourquoi ne faut-il pas rater cette remarquable coproduction internationale ?

Une sorte de Dents de la mer pour la génération Greta Thunberg ! Des cétacés qui attaquent des bateaux de touriste, des bancs de poissons qui agressent des pêcheurs, des homards réfractaires à l’idée de se laisser bouillir… Du Canada au Japon en passant par l’Ecosse, des scientifiques aux quatre coins du monde - Cécile de France pour la partie française - tentent de comprendre ce qui se passe sous les océans. Abysses, minisérie en huit épisodes diffusée à partir de ce lundi à 21h10 sur France 2, met en scène l’idée angoissante que les profondeurs décident d’attaquer l’humanité à la suite du réchauffement climatique… Une brillante et haletante coproduction internationale en huit épisodes, créée par Frank Doelger (Game of Thrones), qui alerte sur le dérèglement climatique de manière spectaculaire, sous le prisme de la science-fiction. Pourquoi ne faut-il pas rater cette remarquable coproduction internationale ?

Le « changement climatique » en personnage principal

Après avoir passé neuf ans sur la série Game of Thrones, le producteur exclusif et showrunner d’Abysses Frank Doelger est à la recherche de quelque chose de « plus contemporain », raconte-t-il lors d’une table ronde à Séries Mania où la minisérie était présentée hors compétition. « Je ne vois pas de sujet plus actuel, plus pressant, plus urgent que le changement climatique et ses conséquences », poursuit-il.

Malgré son sous-texte politique fort, Abysses est un vrai divertissement, qui ne verse jamais dans le didactisme. « Il y a beaucoup de documentaires et de reportages sur le changement climatique. On a adopté une démarche différente, la série finit par être poétique avec une approche mystique et spirituelle, les émotions permettent de rajouter une dimension supplémentaire », souligne le producteur.

L’adaptation d’un roman allemand prémonitoire

Abysses est l’adaptation du best-seller prémonitoire The Swarm de Frank Schätzing publié en 2004. « J’avais un certain nombre de réserves et de doutes, parce que ce que décrivait ce roman, c’était un film catastrophe, la fin était très sombre quasiment sans espoir », explique Frank Doelger. Il réalise à quel point il serait difficile de distiller les 900 pages d’enquête sur les phénomènes naturels qui sont à la base de l’histoire en une série captivante et axée sur les personnages.

La minisérie prend ainsi beaucoup de liberté avec le roman d’origine. « Tous les personnages du roman sont des hommes blancs d’un certain âge. Le livre date de 2004, à l’époque, quand on regardait les étudiants et les professeurs en environnement, c’était vrai », détaille le showrunner. De plus en plus de jeunes et de femmes s’engagent dans des études scientifiques sur l’environnement. « On a donc décidé de changer les personnages et notamment de les rajeunir. Le personnage de Cécile de France était dans le roman un homme blanc d’un certain âge », précise-t-il.

Autre changement clé, alléger les explications scientifiques : « Nous avons fait appel à deux consultants scientifiques sur le tournage. On leur a demandé quel était le minimum requis en matière d’explications scientifiques pour comprendre, parce que dans le roman, il y a des centaines de pages d’explications scientifiques et on perd complètement l’intrigue de vue », souligne le showrunner.

Une minisérie inspirée par les « Dents de la mer »

Résultat ? « On en a fait autre chose, un film de monstre, où quelque chose menace l’humanité. Ce monstre ne fait que défendre son environnement et la faune de l’océan. Finalement, le monstre, c’est nous. Quand on en prend conscience, cela permet d’agir. Si l’on change de comportement, il y a la possibilité de l’espoir. C’est ce que l’on verra à la fin de la série avec ce groupe de scientifiques qui a compris le lien qui nous unissait à la nature », analyse le showrunner.

Pour rendre l’intrigue de cette histoire où les océans menacent l’humanité captivante et spectaculaire, la référence était « évidemment » le film culte de Steven Spielberg sorti en 1975. « Dans Les Dents de la mer, il y a une montée en puissance du mystère et on ne voit vraiment bien le requin qu’à la fin. On a suivi cette recette-là, ce grand mystère qui règne dans notre série ne sera dévoilé qu’à l’épisode 8. Les dents de la mer est la référence aussi bien pour les scènes ponctuelles, comme celle des attaques, mais aussi le modèle pour la construction narrative de la série », développe Frank Doelger.

Une production « respectueuse de l’environnement »

« On a d’abord voulu une production qui soit respectueuse de l’environnement, qui soit une production verte », annonce le producteur exécutif. Si l’intrigue d’Abysses se déroule au Pérou, au Canada, dans les îles Shetland, en France, à Rome, en Afrique du Sud, en Norvège et dans l’Arctique, le tournage a eu lieu principalement en Italie et dans des studios en Belgique. « Grâce aux effets spéciaux, on a pu concentrer le tournage en Italie », se félicite-t-il. Il y a eu également quelques prises de vues aériennes par drone en Ecosse, « on a aussi envoyé une seconde équipe au Canada et en Scandinavie », précise le showrunner. Et d’ajouter : « Aucun animal n’a été blessé pendant le tournage, même dans la scène des homards, qui est un mélange d’effets spéciaux et de maquette, même chose pour l’orque mort sur la plage. »

Un show spectaculaire qui mêle « peur et beauté »

Sur le plan esthétique, ce thriller d’anticipation donne à voir des scènes particulièrement spectaculaires, le résultat « de mois de préparation en amont et de beaucoup d’effets spéciaux », résume la réalisatrice. « On a voulu traiter avec le même réaliste le naturel et le surnaturel dans un monde qui soit reconnaissable et qui permette d’aborder sur un même plan la menace mais aussi la beauté », raconte le showrunner. « Tout au long de la série, la peur et la beauté sont imbriquées. Il y a des scènes où l’on est à la fois terrifié par ce que l’on voit et submergé par la beauté et la magnificence de la nature », renchérit Barbara Eder, qui a réalisé quelques épisodes d’Abysses. Abysses réussit ainsi le pari de combiner réalisme et fantastique, suspense et écologie sans jamais être donneuse de leçon.

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