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Roland-Garros 2023 - Alexander Zverev, un destin à la Michael Stich ?

Laurent Vergne

Mis à jour 05/06/2023 à 18:29 GMT+2

Désormais qualifié pour les huitièmes de finale après un succès plutôt convaincant face à Frances Tiafoe, Alexander Zverev ne manque pas ses retrouvailles avec Roland-Garros, un an pile après sa terrible blessure en demi-finale contre Rafael Nadal. Et s'il suivait les traces d'un autre Allemand, Michael Stich, finaliste en 1996, lui aussi après une très grave blessure à la cheville ?

Alexander Zverev

Crédit: Getty Images

Un Allemand de retour à Paris après une très grave blessure à la cheville et qui, au fil des matches, se redécouvre une ambition sur la terre battue parisienne. Vous voyez évidemment de qui nous voulons parler. Alexander Zverev ? Oui... mais non. Pas seulement, en tout cas. L'histoire du champion olympique en titre trouve un écho dans un passé. Celui de son compatriote Michael Stich, finaliste de l'édition 1996, à la surprise générale. Une renaissance à l'époque pour lui.
Le vainqueur de Wimbledon 1991 va vivre un double cauchemar dans la dernière partie de l'année 1995. Sportif, d'abord. Au mois de septembre, en demi-finale de la Coupe Davis, il affronte Andrei Chesnokov dans le 5e match décisif de la rencontre Allemagne - Russie. Vainqueur autoritaire de Yevgeny Kafelnikov le vendredi, Stich est confiant. Mais il s'incline 14-12 au 5e set après avoir servi pour la victoire et bénéficié de neuf balles de match.

La catastrophe de Vienne

Effondré, l'Allemand va toutefois très vite relativiser en retrouvant le sens des priorités. Trois semaines plus tard, il s'aligne à Vienne. En quarts de finale, contre Todd Woodbridge, sa cheville se dérobe sur une amortie. Ses hurlements glacent le public autrichien. Quand, 27 ans plus tard, Alexander Zverev se tordra de douleur et que son cri résonnera dans tout le Chatrier, il sera impossible de ne pas faire le parallèle. "Je n'ai jamais eu mal comme ça de toute ma vie", a confié Michael Stich au Spiegel en 2015 pour le 20e "anniversaire". "Même aujourd'hui, je ne peux pas revoir les images", avouait-il.
Si Zverev est resté éloigné des courts pendant six mois, Stich, lui, va reprendre deux fois plus tôt que son cadet. Dès le tournoi de Doha début janvier 1996, il est de retour. Trop tôt, sans doute : dans la foulée, il déclare forfait pour l'Open d'Australie. On ne le revoit que six semaines plus tard, à Anvers, où il décroche le titre. Mais cette victoire a eu un prix. "Je me suis bêtement tordu à nouveau la cheville, la même et j'en ai repris pour trois mois avant de reprendre à Rome, a-t-il expliqué. J'étais déprimé, c'était une sale période pour moi. Je ne voulais même pas jouer à Roland-Garros et me préparer directement pour Wimbledon."
C'est son entraîneur qui, in-extremis, le persuade de se rendre à Paris. "Il m'a dit 'allez Michael, jouer des vrais matches, c'est toujours mieux que de l'entraînement.'" Ce n'est qu'une semaine avant le début de la quinzaine parisienne qu'il finit par se décider. Il va y atteindre la finale, en éliminant au passage la terreur de l'ocre de l'époque, Thomas Muster, tenant du titre porte d'Auteuil. Une des plus belles victoires de sa carrière. Pas mal, pour un bonhomme venu pour un entraînement grandeur nature.
J'ai perdu un match, mais j'ai retrouvé l'amour pour mon sport
L'Allemand n'ira pas au bout de son rêve. En finale, il bute sur Kafelnikov en trois sets. Pourtant, il aurait pu battre le Russe puisqu'il a eu le break dans le 1er et le 3e set et même un double break dans le 2e. En dépit de cette déception, il relativise. Puis, lors de la cérémonie protocolaire, touche le cœur du public en s'adressant à lui en français dans le texte dans un discours plein de recul : "J'ai perdu un match, mais j'ai retrouvé l'amour pour mon sport." "Je parlais un peu français, alors je me suis lancé, dit-il. C'était très spontané C'est venu du cœur. Puis c'était vrai. C'est réellement durant ce tournoi que j'ai retrouvé la passion, le plaisir de jouer au tennis."
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Michael Stich et Yevgeni Kafelnikov après la finale de Roland-Garros en 1996.

Crédit: Getty Images

Michael Stich revenait de loin. Comme Alexander Zverev aujourd'hui. Une telle aventure aurait même encore plus de force pour le Hambourgeois dans la mesure où Roland-Garros a été le théâtre de son "drame". Zverev l'a d'ailleurs admis, il a ressenti une certaine nervosité à l'idée de fouler à nouveau le Central parisien contre Alex Molcan, jeudi. Samedi soir, il était déjà plus à l'aise face à Frances Tiafoe.
Le public, conscient de ce qu'a traversé Sascha Zverev, l'a clairement soutenu contre le charismatique américain. Ce dernier l'a vite compris : "J'ai essayé de mettre la foule de mon côté deux ou trois fois, mais le public était pro-Sascha ce soir. Alors j'ai laissé tomber et j'ai fait mon match dans mon coin."
Le voilà donc en huitièmes de finale. Loin, encore, d'un destin à la Stich. Mais s'il devait se hisser jusqu'en finale, ou même dans le dernier carré, ce serait une forme de victoire pour Alexander Zverev. Peut-être pourrait-il dire, à son tour, qu'il a retrouvé la passion pour son sport, ou l'espoir de nouvelles conquêtes. Au fait, comment se débrouille-t-il en français ? Juste au cas où...
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Alex Zverev, Roland Garros 2023

Crédit: Getty Images

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