Une nouvelle phase du long procès que la cour d’assises de Bruxelles consacre aux attentats de 2016, à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek, devrait s’achever, mardi 6 juin, avec la fin des réquisitions des procureurs fédéraux contre les dix accusés. Parmi ce groupe où se côtoient des acteurs-clés et des suiveurs, Salah Abdeslam sait que son destin est tracé : condamné à la réclusion à perpétuité incompressible à Paris, en juin 2022, il a aussi écopé de vingt ans, à Bruxelles, en 2018, pour une tentative d’assassinat à caractère terroriste lors de l’assaut contre sa planque de Forest, quatre jours avant son arrestation, le 18 mars 2016, à Molenbeek. Le 22 mars, la bande qu’il avait ralliée à l’issue des attentats du 13 novembre 2015 à Paris passait à l’action.
Lors de ce procès belge qui signera sans doute la fin de ses apparitions publiques, Salah Abdeslam entend au moins apporter une double preuve : celle de son engagement radical, et aussi celle de la « manifestation d’humanité » que les psychiatres disent avoir décelée chez cet homme qui rêverait de vivre, s’il le pouvait, dans un pays pratiquant la charia mais semble rester aussi le « petit gars de Molenbeek » qu’il fut avant de se radicaliser et de passer entre les mailles trop lâches du filet policier belge.
A son retour de Paris, le 14 novembre 2015, il a côtoyé de très près, pendant près de quatre mois, les membres de la cellule, cachés dans deux logements distincts. Mais ses avocats plaideront qu’il ignorait tout des cibles qui seraient visées puisqu’il avait été arrêté quatre jours auparavant. Ils auront fort à faire pour convaincre le jury populaire après le réquisitoire de la procureure Paule Somers.
« Il a renforcé la détermination du groupe »
La magistrate a estimé que l’accusé méconnaissait sans doute que les attentats se dérouleraient dans le métro et à l’aéroport, mais que cela ne le disculpait en aucune manière. L’intention évidente qu’il avait de participer aux attaques devrait suffire à lui valoir une troisième et lourde peine, selon Mme Somers.
Au bout de plusieurs heures, elle a réclamé qu’il soit condamné en tant que coauteur des attentats de Bruxelles pour « meurtres avec préméditation et tentatives de meurtres terroristes ». Trente-six meurtres au total : le parquet a ajouté quatre noms au bilan de trente-deux victimes recensées jusque-là. Quatre personnes mortes plus tard et dont le décès a clairement été causé, selon l’accusation, par les attentats. Parmi elles, une jeune femme de 23 ans, qui a réclamé une euthanasie pour échapper à sa souffrance psychologique jugée incurable.
Il vous reste 48.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.