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A Sciences Po Paris, Jean-Luc Mélenchon dénonce « l’immense chaîne des lâchetés », quelques jours après l’interdiction d’une conférence à Lille

La semaine dernière, alors que le leader « insoumis » devait donner une conférence sur la Palestine à l’université de Lille, l’événement avait été annulé, dans un premier temps par l’université, puis par la préfecture, malgré sa délocalisation.

Le Monde avec AFP

Publié le 22 avril 2024 à 12h18, modifié le 22 avril 2024 à 22h57

Temps de Lecture 3 min.

 Jean-Luc Melenchon prononce un discours aux côtés de l’avocate franco-palestinienne et candidate de LFI aux prochaines élections européenne, Rima Hassan, lors d’une mobilisation à Lille après la double interdiction de leur conférence sur la Palestine, le 18 avril 2024.

Quelques jours après la double annulation à Lille d’une conférence sur la Palestine du leader de La France insoumise (LFI) et de la candidate « insoumise » aux européennes Rima Hassan, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé lundi 22 avril à Sciences Po Paris devant un public d’étudiants acquis à sa cause.

Dans un amphithéâtre plein à craquer où il a été applaudi à de nombreuses reprises, notamment quand il a évoqué la situation à Gaza, le triple candidat à la présidentielle a salué « l’attitude ouverte et respectueuse de cet établissement », dénonçant par contraste ceux « qui ont cédé aux pressions » et « se sont mis à genoux ».

Une référence à sa conférence annulée jeudi dernier à Lille par l’université. Les « insoumis » avaient alors voulu relocaliser l’évènement dans une salle privée, mais il avait été aussi annulé, cette fois par la préfecture du Nord. « L’ennemi n’est pas seulement l’extrême droite (…) mais c’est l’immense chaîne des lâchetés de ceux qui cèdent avant d’avoir combattu », a asséné le tribun de 72 ans, appelant à « briser la chaîne du légal pour passer à la chaîne du légitime ».

M. Mélenchon est également revenu sur la convocation par la police pour « apologie du terrorisme » de la candidate aux européennes Rima Hassan, septième sur la liste des « insoumis » pour le scrutin du 9 juin. « Il paraît qu’il y a toute une liste de gens qui seraient poursuivis pour apologie du terrorisme. Voilà maintenant une incrimination qui n’a pas le début du commencement de la moindre démonstration », a-t-il assuré. Rima Hassan a de son côté annoncé qu’elle allait participer à une conférence mercredi à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye sur « La Palestine et Gaza ».

Le fondateur du mouvement de gauche radicale, qui a fait de la dénonciation de la guerre à Gaza un thème central de la campagne de son parti pour les européennes de juin, continue ainsi sa tournée des universités, commencée il y a plusieurs semaines, qui l’a déjà amené à Nantes, Créteil, Nanterre, ou encore Clermont-Ferrand.

Mais la semaine dernière, alors qu’il devait donner une conférence à l’université de Lille sur la situation au Proche-Orient, l’événement avait été annulé. L’université avait annoncé dans un communiqué que les conditions n’étaient « plus réunies pour garantir la sérénité des débats » en raison de la montée « préoccupante » des tensions internationales après « l’escalade militaire intervenue les 13 et 14 avril au Moyen-Orient », en référence à l’attaque de drones et de missiles sans précédent lancée par l’Iran contre Israël.

Fabien Roussel juge Jean-Luc Mélenchon « discrédité » et « indéfendable »

« Je plains le président de l’université parce que ce qu’il a fait est honteux », avait alors lancé le chef de file des « insoumis », fustigeant les « lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté ». Lors d’un rassemblement convoqué sur une place publique de Lille jeudi soir par LFI, en réponse à la double interdiction de cette conférence, Jean-Luc Mélenchon a ensuite notamment évoqué Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la solution finale, et a semblé durant sa prise de parole comparer le président de l’université de Lille au criminel de guerre nazi.

« “Moi je n’ai rien fait”, disait Eichmann. “Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays”. Alors ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne », a-t-il déclaré. Le leader « insoumis » s’est ensuite justifié vendredi en citant le livre Les origines du totalitarisme (1951), de la philosophe Hannah Arendt, pour expliquer que le président de l’université s’était « comporté dans cette logique de la propagation du mal ».

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Des déclarations qui ont provoqué de nombreuses réactions, y compris à gauche. Le numéro un du parti communiste, Fabien Roussel, a estimé lundi, sur BFM-TV/RMC, que M. Mélenchon était « discrédité » après ces propos « indéfendables ». M. Roussel a ajouté qu’il « ne [se] retrouve plus du tout dans Jean-Luc Mélenchon, puisque ses propos excessifs discréditent tout le reste ». Le patron du PCF avait lui-même été comparé il y a quelques mois au collaborationniste Jacques Doriot par la députée Sophia Chikirou, membre de la garde rapprochée du leader « insoumis ».

Incidents à Sciences Po Paris en mars

Le 12 mars, Sciences Po Paris avait, par ailleurs, connu des incidents relatifs à la guerre à Gaza, dans le cadre d’une journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine. Environ trois cents étudiants avaient occupé un amphithéâtre « pour mettre fin à la guerre génocidaire et à la colonisation en Palestine ». Lors de cet événement, non déclaré, une étudiante membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) s’était vue refuser l’entrée dans l’amphithéâtre. Les versions ont divergé concernant les raisons de ce refus, mais l’UEJF a accusé les organisateurs d’avoir tenu des propos antisémites à l’égard de cette étudiante. Des accusations que réfute le comité Palestine de Sciences Po.

Ces faits ont provoqué un véritable tollé politique ainsi que la visite surprise au conseil d’administration de l’école du premier ministre, Gabriel Attal, et de la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, M. Attal dénonçant une « dérive liée à une minorité agissante et dangereuse à Sciences Po » et affirmant : « Le poisson pourrit par la tête. » L’établissement a promis, de son côté, d’être « intraitable » en ce qui concerne l’antisémitisme.

Le Monde avec AFP

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