La Croix : En tant que président de la plus grosse fédération d’associations de bénévoles d’accompagnement de la fin de vie en France, quel tableau dressez-vous de leur présence sur le territoire ?

Olivier de Margerie : Il n’y a pas assez de bénévoles aujourd’hui pour répondre à toutes les demandes des établissements médicalisés. L’interdiction de visite dans les établissements de soins durant la crise du Covid-19 a accéléré le départ de bénévoles vieillissants et nous avons perdu environ 20 % de nos effectifs.

Mais contrairement aux unités de soins palliatifs, les quelque 320 associations de bénévoles d’accompagnement de la fin de vie couvrent le territoire de manière extrêmement homogène (1). Certaines, plus petites ou plus anciennes, peinent toutefois à trouver des présidents ou des trésoriers prêts à reprendre la main.

Selon vous, l’objectif du gouvernement de doubler le nombre de bénévoles d’ici à 2034 est-il atteignable ?

O. de M. : Cet objectif est ambitieux, mais nécessaire. Il figurait d’ailleurs dans le rapport sur les soins palliatifs remis par le professeur Franck Chauvin en décembre dernier à la ministre d’alors, Agnès Firmin Le Bodo. D’une part, les associations d’accompagnement sont en mesure d’augmenter le nombre de bénévoles formés et sont désireuses de le faire. D’autre part, de nombreuses personnes issues de la société civile font part de leur envie de s’engager. La crise du Covid a créé une prise de conscience assez dramatique : beaucoup de gens meurent isolés. Ce constat a nourri l’envie de s’investir auprès de personnes en fin de vie, comme le montre l’opération de sensibilisation menée par Jalmalv depuis quatre ans. De nombreux répondants au questionnaire que nous avons diffusé reconnaissent être prêts à s’engager.

Le recrutement de ces nouveaux bénévoles coûte toutefois de l’argent : leur formation dure cinq ou six jours, répartis sur plusieurs mois, et comprend ensuite une supervision par des psychologues. Aujourd’hui, le gouvernement finance cette formation à hauteur de 50 %. Pour atteindre l’objectif de doubler le nombre de bénévoles d’ici à dix ans, le ministère de la santé devra augmenter sa participation financière dans la formation. Est-ce prévu dans le cadre de l’investissement supplémentaire dans les soins palliatifs envisagé par la stratégie décennale ? Et d’ailleurs, compte tenu du contexte, cet effort budgétaire va-t-il vraiment se traduire dans les faits ?

Comment concrètement recruter davantage de bénévoles ?

O. de M. : Il y a un effort de communication à faire pour expliquer à la société en quoi consiste ce rôle très particulier de bénévoles neutres et laïcs, qui assurent de la présence et de l’écoute auprès de personnes en fin de vie. Le réservoir social n’est pas épuisé.

D’autant que, pour s’adapter au profil des nouveaux bénévoles qui sont souvent de jeunes actifs, les associations parviennent à proposer des formules d’engagement plus souples. Certaines permettent par exemple, à ceux qui le souhaitent, des créneaux de bénévolat en fin de journée, après la sortie du travail, ou répartis sur deux journées. Ce n’est donc pas un engagement réservé aux retraités.

(1)Sur les 320, 140 sont regroupées au sein des fédérations Jalmalv, Être là et Alliance, et 180 sont indépendantes.