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Olga Connolly : le testament d’une légende olympique

DOCUMENT. Décédée vendredi 12 avril, l’Américaine Olga Connolly, médaillée d’or du lancer du disque en 1956, a écrit son dernier texte spécialement pour le JDD.

Jean-François Pérès
Les athlètes réunis sous le américain en 1960.
Les athlètes réunis sous le maillot américain en 1960. Paris Match/SCOOP / © Jack Garofalo

Bien sûr, c’est avant tout la triste histoire d’un deuil. Celui d’une championne olympique à la destinée extraordinaire, née dans l’ancien bloc de l’Est puis porte-drapeau des États-Unis à Munich en 1972, Olga Connolly est décédée vendredi dernier en Californie à l’âge de 91 ans des suites d’une longue maladie.

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Mais c’est aussi un concours de circonstances improbable et émouvant qui l’unit à jamais à notre journal. Le 5 avril, sa fille Merja nous lançait une bouteille à la mer via le service des relations avec les lecteurs du JDD et de Paris Match. Elle souhaitait retrouver les articles français consacrés au mariage de sa mère avec le lanceur de marteau américain Harold Connolly, rencontré en 1956 durant les JO en Australie – lui aussi avait été médaillé d’or. À l’époque, Olga s’appelait Fikotova, elle était Tchèque, et la romance des deux sportifs en pleine guerre froide avait logiquement fait les délices de la presse.

Une fois le contact établi, Merja nous avait transmis le vœu de sa mère de publier dans nos colonnes un texte autour des valeurs olympiques dans un pays, la France, qu’elle respectait notamment pour être la patrie de Pierre de Coubertin. Il fallait faire vite, son état de santé se dégradait. Nous avons immédiatement accepté. Les documentalistes du JDD ont retrouvé une page de nos confrères de Paris Match datée d’avril 1957, quand ceux qu’on appelait « les mariés olympiques » passaient la première semaine de leur voyage de noces dans la capitale.

Le texte nous est parvenu quarante-huit heures avant son décès

La réception du document aura sans doute été l’un des derniers moments de joie de la longue et incroyable vie d’Olga Connolly, athlète émérite ayant participé à cinq olympiades pour deux pays, la Tchécoslovaquie et les États-Unis, mère de quatre enfants, écrivaine, poète, ambassadrice dévouée de la pratique sportive, de l’éducation et de la fraternité entre les peuples. Au fil des échanges avec sa fille, en jonglant parfois avec le décalage horaire, nous avons appris à mieux connaître Olga Connolly, avons récupéré des photos dont celle, ci-contre, très récente et symbolique, que nous publions avec l’accord de sa famille.

Le 9 avril, le texte était toujours en préparation et Merja nous écrivait : « J’espère qu’Olga sera toujours parmi nous quand il sera prêt et publié. » Deux jours plus tard, nous le recevions enfin et Merja nous précisait qu’il s’agissait d’un des derniers accomplissements de sa mère, qui espérait vivre jusqu’aux Jeux, et pourquoi pas revoir Paris cet été.

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Hélas, en pleine nuit, le week-end dernier, nous apprenions son décès survenu vendredi 12 avril, à Los Angeles. Voici donc le testament olympique écrit d’Olga Connolly-Fikotova, traduit de l’anglais par nos soins. Par-delà le chagrin, nous sommes heureux de vous le faire partager.

Olga Connolly, en mars 2024.
Olga Connolly, en mars 2024. © Merja Connolly

 

« Ode aux Jeux olympiques » par Olga Connolly

 

Je veux écrire un poème,

Un poème qui ferait sens dans un monde

En proie à la peine et à la discorde

Tour de France, Jeux de Paris et paralympiques

Le potentiel de l’être humain dans toute sa splendeur

L’amitié, les mains serrées. La Paix.

 

Mes Jeux olympiques. Cinq

Des gens merveilleux

Melbourne, Rome, Tokyo, Mexico, et Munich

Un bon café, une balade jusqu’à l’océan

Ma rivale qui me félicite

L’amitié, les mains serrées. La Paix.

 

J’ai concouru par passion

J’adorais ça

Je n’ai pas participé pour les médailles

J’ai participé pour les gens

J’ai voulu gagner

L’amitié, les mains serrées. La Paix.

 

Le paquebot Gruzia*, le long voyage ensemble

De Melbourne à Moscou

Tant de joie et de beauté

Le vent, les dauphins et les mers au large

à couper le souffle

Les étoiles de la nuit jusqu’au bout de l’horizon

La nature, l’univers, la liberté

L’amitié, les mains serrées. La Paix.

 

Des pensées fugaces, l’humanité de ceux

qui m’entourent

Leur rire, leur respect et leur excellence

Aimez ce que vous faites

Faites de votre mieux

Vivez l’esprit olympique

L’amitié, les mains serrées. La Paix.

 

Merci à vous tous,

Merci à la vie.


*Référence au Gruzia, paquebot soviétique qui transportait les athlètes du bloc de l’Est aux JO de 1956.

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