"Laissez-moi une chance, je ne suis pas terroriste ": la parole aux deux accusés au procès en appel du 14-Juillet

Au deuxième jour du procès en appel de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, les deux accusés ont eu la parole. Chafroud égal à lui-même, Ghraieb annonce sa nouvelle ligne de défense.

Article réservé aux abonnés
Stéphanie Gasiglia Publié le 24/04/2024 à 08:15, mis à jour le 24/04/2024 à 08:15
MeFlorian François-Jacquemin et MeChloé Arnoux deux des avocats de Chokri Chafroud. (Photo S.G.)

"Je suis innocent, je ne sais pas ce qui s’est passé dans la tête de Salmene (le deuxième prénom de Mohamed Laouhaiej-Bouhlel, ndlr) et je refuse ce qu’il a fait"...

Ce mardi matin, les victimes, interloquées, ont cru faire un bond en arrière. Devant la cour d’assises spécialement composée de Paris qui juge en appel, depuis lundi, l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, la parole était donnée aux accusés. Chokri Chafroud, même pull sombre que la veille, même mine éberluée a, presque mot pour mot, ressorti les phrases prononcées en première instance, le 6 septembre 2022.

"J’étais fuyant"

Dans le box d’à côté, son co-accusé Mohamed Ghraieb, aussi volubile qu’il y a un an et huit mois, lorsqu’il déclarait à la cour "c’est un salopard, il m’a piégé", a une nouvelle fois clamé son innocence. Mais, le Franco-Tunisien de 48 ans a également laissé entrevoir une autre ligne de défense, martelant qu’il avait compris ses erreurs de comportement lors des débats en 2022.

Debout, teint pâle, agité, Walid - son deuxième prénom - admet: "Au premier procès, je n’ai pas vraiment pu expliquer les choses, j’étais fuyant, pas assez transparent." Sans même reprendre son souffle, celui qui connaissait le tueur au camion bélier depuis 2010, enchaîne, décousu: "Jamais je n’étais au courant d’un projet d’attentat, jamais de la vie. J’ai peur, j’ai peur, je suis là pour mieux expliquer cette fois. J’adhère pas à la violence, à la radicalisation. Des fois, je fais des blagues qui allaient trop loin, mais c’était par rapport à mon humeur du moment."

"Il m’a piégé"

Derrière la vitre blindée, Mohamed Ghraieb soupire: "Quand j’ai été condamné, j’ai été choqué. Ensuite, j’ai repris mes esprits, j’ai fait une grève de la faim. Mon cas était mal compris! (...). Je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un violent. Ma vie était tranquille, j’aime ma femme". Et il ressasse: "Ma faute au premier procès c’est de ne pas avoir été très clair. J’ai pas pris les choses à la légère mais j’ai mal expliqué. Il [le terroriste] m’a piégé. Je n’avais aucun intérêt à faire faire du mal aux gens, paix à leurs âmes". Puis, lâche cette phrase qui passe mal, très mal, sur les bancs des parties civiles: "Aujourd’hui, ma vie elle est détruite. 18 ans de prison pour un truc que j’ai pas fait! Je connais pas la police, je ne connais pas la justice. J’ai eu peur, quand j’ai compris qu’il m’enfonçait à tort. Laissez-moi une chance monsieur le juge, je ne suis pas terroriste."

Le premier sûr de lui, le second, influençable

Plus tôt dans la matinée, le président Petiteau s’était lancé dans un rappel des faits: le départ du 19-tonnes conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, vers 22h30, le soir de la tragédie, sa course meurtrière, à vive allure, feux éteints, ses embardées pour faire le maximum de victimes, l’arrêt du camion à 22h35 et la fusillade de plus d’une minute, 31 impacts de balles, la mort du terroriste.

Puis, il a résumé l’enquête, avant de s’attarder sur la personnalité des deux accusés. Mohamed Ghraieb, cet homme avec une forte estime de soi, à l’attitude crispée, famille bourgeoise, peu religieuse. Chokri Chafroud, peu soucieux de la morale, immature, vulnérable, influençable. Maintenant, les accusés sont contraints au silence. Jusqu’à leurs interrogatoires respectifs, les 29 et 31 mai.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Nice-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.