Israël a bombardé jeudi plusieurs secteurs de la bande de Gaza, comme la ville de Rafah où l'armée se prépare à une opération terrestre dans sa guerre contre le Hamas, malgré les mises en garde de la communauté internationale.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirme qu'une offensive sur cette ville est nécessaire pour vaincre le Hamas et libérer les otages retenus à Gaza, les deux principaux objectifs affichés de la guerre déclenchée le 7 octobre dans le territoire palestinien.

Après six mois et demi de bombardements et de combats au sol, Israël estime que le mouvement islamiste palestinien dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah.

Le porte-parole du gouvernement, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Plusieurs médias israéliens, citant des responsables sans donner leur nom, ont rapporté que le cabinet avait discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne.

Bombardements israéliens et combats avec le Hamas dans la bande de Gaza

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré jeudi à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", "éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar", deux des pays médiateurs dans le conflit avec les Etats-Unis, ainsi que "d'autres pays" du "danger que représente une invasion de Rafah", a souligné M. Hamad.

"C'est allé trop loin"

L'armée israélienne a annoncé jeudi que ses avions avaient frappé la veille "30 cibles du Hamas" à travers le territoire et tué plusieurs combattants du mouvement islamiste. Le ministère de la Santé du Hamas a dénombré 43 morts en 24 heures.

Bombardements israéliens et combats avec le Hamas dans la bande de Gaza

Des combats ont eu lieu au nord du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, selon des témoins.

Des correspondants de l'AFP et des témoins ont fait état par ailleurs de tirs d'artillerie et de frappes aériennes sur le quartier de Zeitoun, dans le sud de la ville de Gaza.

Des frappes aériennes ont aussi touché Rafah, où des rescapés tentaient jeudi de récupérer des objets dans les décombres.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

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Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils de Rafah vers la ville proche de Khan Younès, notamment, où il prévoit d'installer des abris et des centres de distribution de nourriture.

Cette évacuation durerait deux à trois semaines et serait menée notamment en coordination avec les Etats-Unis, l'Egypte et d'autres pays arabes, selon ces responsables.

"Un accord sur les otages"

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

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Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

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Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi, sur sa chaîne Telegram, une vidéo d'un otage, enlevé dans le sud d'Israël lors du festival de musique Nova.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, Hersh Goldberg-Polin, un Israélo-américain de 23 ans, y accuse M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages".

"L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", affirme le texte.

Un port en construction

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Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Le président américain Joe Biden avait annoncé début mars la construction d'un port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

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"A seulement 50 kilomètres de la bande de Gaza, de l'aide et des équipements vitaux, y compris du matériel de dessalinisation de l'eau, des kits de première urgence, des bonbonnes d'oxygène et des toilettes mobiles (...) restent en souffrance dans des entrepôts, interdits d'entrée à Gaza sous prétexte qu'ils peuvent être utilisés par des combattants", a affirmé jeudi Francesca Albanese, rapporteur spéciale de l'ONU pour les Territoires palestiniens.