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Cinéma : Noée Abita au coeur d'une "Première affaire"

La réalisatrice Victoria Musiedlak et l'actrice Noée Abita au 76e Festival international du film 
de Locarno.

La réalisatrice Victoria Musiedlak et l'actrice Noée Abita au 76e Festival international du film de Locarno.

Photo Maxppp

Marseille

INTERVIEW. L'actrice révélée dans "Ava" en 2017 fait ses premiers pas en tant que jeune avocate dans le complexe système judiciaire français, devant la caméra d'une jeune cinéaste prometteuse, Victoria Musiedlak.

Révélée à 17 ans dans Ava, où elle jouait une adolescente menacée de cécité, Noée Abita est ensuite apparue dans Le Grand Bain de Gilles Lellouche, puis Genèse de Philippe Lesage et dans la série pour Arte, Une île. Elle est, là, au coeur d'une Première affaire sociale et romanesque, avec ce personnage de jeune avocate, Nora. Interview de Noée Abita et de la réalisatrice Victoria Musiedlak.

Victoria Musiedlak, votre court-métrage "L'Affaire du siècle" s'inscrivait déjà dans l'univers juridique. Poursuivre dans cette voie était une évidence ?

V.M. L'Affaire du siècle était une comédie et, à travers ce projet, j'ai découvert le métier d'avocat. Ce dernier est amené à traverser des milieux sociaux différents et pénètre dans l'intimité des gens. Cela m'a fortement intéressée. Ayant suivi une formation littéraire, j'ai été assez imprégnée par les récits d'apprentissage du XIXe siècle. Des auteurs comme Maupassant ou Flaubert s'intéressaient à des héros provinciaux subitement confrontés à la réalité une fois arrivés dans la capitale. J'ai donc tenu à intégrer cet aspect au sein d'un film contemporain. C'est pourquoi Nora vient d'une famille "déclassée" issue de l'immigration. Son héritage est difficile et, qu'elle le veut ou non, elle porte en elle une revanche sociale. Une certaine pression repose donc sur ses épaules, mais en même temps, c'est un moteur.

Noée Abita, vous semblez avoir une approche très psychologique de vos rôles.

N.A. En effet, je m'interroge beaucoup sur le personnage. Comment se fait-il qu'il en soit là aujourd'hui ? D'où vient-il ? Quelle est son histoire ? Son parcours ? Son enfance ? L'idée est de créer tout un système de pensée qui va définir la manière dont il bouge, comme il s'habille, comme il parle, réagit...

Vous avez une réelle capacité à être dans le contraste et à cultiver le trouble en incarnant souvent des jeunes femmes naïves qui vont s'affirmer. Une évolution qui passe beaucoup par votre voix.

N.A. J'ai en effet conscience de la manière dont elle peut se casser ou monter dans les aigus. C'est vraiment un outil que j'essaie de moduler au mieux. Dans ce film, la collaboration avec la cheffe costumière est également essentielle. En fonction des vêtements qu'elle porte, Nora change de posture, de démarche, se redresse. C'est essentiel de faire le lien entre le cerveau et le corps.

Victoria Musiedlak, vous parliez de l'influence de maîtres de la littérature, mais trouver l'élan romanesque dans notre monde contemporain, qui ne l'est pas forcément, était-il l'un des challenges de la réalisation ?

V.M. Il s'agissait de trouver une balance entre le réalisme, en conservant un côté social, documenté - nous avons par exemple tourné dans une vraie prison -, et des choix esthétiques. Le film est très cadré, avec un travail remarquable du chef opérateur sur la couleur, la lumière, les choix de focales... On conserve le point de vue de Nora. Elle a sa petite organisation bien réglée, bien rythmée, et au fur et à mesure des événements, elle trace son chemin et s'émancipe en cherchant à trouver sa voie entre la morale, la justice, les règles établies et ses désirs qui la dépassent. Notamment lorsqu'elle entame une relation avec Servan, le policier interprété par Anders Danielsen Lie.

Une relation transgressive dont vous n'hésitez pas à montrer l'aspect sensuel, charnel.

V.M. Nora perd ses repères, manque de recul et a envie de plonger à corps perdu dans quelque chose. Son apprentissage passe par là. Sur les scènes d'amour. Je trouvais important et beau de traiter la découverte du désir. Mon envie était d'être crue... sans être crue ! D'imager les choses pour qu'on soit au plus près des premiers émois de Nora. Cela fait partie de l'histoire que l'on racontait, à savoir comment cette affaire va changer sa vie intime et son rapport au corps.

N.A. Montrer son corps est toujours intimidant. Avec Victoria et Anders, nous avons beaucoup parlé en amont de ces scènes. Elles étaient nécessaires à l'histoire et le tournage était très technique, et ce même s'il n'y avait pas de coordinateur d'intimité. Cela se fait encore très peu dans le cinéma français, mais je pense que c'est une protection supplémentaire, nécessaire pour le confort de tous.

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