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Société

François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal et les dangers de la GPA

CHRONIQUE. Hier, le Parlement européen a adopté la révision de la Directive sur la lutte contre la traite des êtres humains, y incluant la gestation pour autrui (GPA). François-Xavier Bellamy, à l’origine de l’amendement en question, qualifie cela de victoire. Mais de quelle victoire parle-t-il exactement ?

Charlotte d'Ornellas
Un nouveau-né.
Un nouveau-né. IMAGE POINT FR / BSIP via AFP / © Amelie Benoist

C’était un engagement de campagne en 2019, et il est désormais accompli. Le Parlement a très largement adopté ce texte (563 voix pour, 7 contre et 17 abstentions), de manière définitive, contre la traite des êtres humains. Après deux ans de travail, François-Xavier Bellamy a réussi à inclure la GPA dans le texte. 

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Il est à noter qu’il a été soutenu dès le début par les deux rapporteurs du texte – deux femmes d’extrême-gauche - ainsi que par le gouvernement socialiste espagnol qui présidait le Conseil. La plus forte opposition est venue des centristes et des écologistes.

Des dispositions avaient déjà été prises, mais elles n’étaient jamais contraignantes. Ainsi, deux années ont été nécessaires pour s’y conformer. Un point crucial pour la suite : le débat sur la distinction entre GPA éthique, commerciale ou forcée a eu lieu et a été tranché : aucune différence n’a été établie. Le texte final adopte une formulation complexe, évoquant la GPA « à des fins d’exploitation reproductive ». Quelle marge d’application ? L’avenir nous le dira.

Dans l’exposé des motifs, le texte précise qu’il cible « les personnes qui forcent les femmes, ou qui les amènent à agir par la ruse ». Cette formulation présente une ambiguïté (la réserve ne s’applique pas à l’enfant dans le cas de la GPA)… Pas de qualification systématique, chaque cas sera jugé individuellement. Le texte précise également que les règles sont sans préjudice des règles nationales en matière de gestation pour autrui, y compris du droit pénal ou du droit de la famille…

Personne n’a semblé utile de rappeler que la pratique est interdite en France

De quoi parle-t-on : des pays qui vont au-delà, ou de ceux qui autorisent la GPA ? Le principe reste toutefois adopté dans un texte contraignant. Changement de pied. En décembre dernier, le Parlement a voté un « certificat européen de parentalité », valable quelle que soit la manière dont l’enfant a été conçu ou est né, et quel que soit le type de famille de l’enfant. On criminalise la cause à la veille d’une légalisation de la conséquence ? La CEDH a déjà condamné la France pour cela… C’est pourquoi les opposants à la pratique portent un mouvement d’abolition internationale de la GPA. La bataille se poursuivra donc.

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En France, la GPA est interdite, mais pratiquée par certaines personnes. Une polémique vient d’éclater après que Marion Maréchal a demandé un tweet où était la maman d’un enfant né de GPA. Qu’est-ce qui a choqué exactement ? Bonne illustration de la schizophrénie sur le sujet. À l’origine, il y a l’annonce de la naissance de deux jumeaux par deux hommes. Marion Maréchal a réagi en écrivant : « Où est la maman ? ». Des anciens ministres, favorables à la GPA, l’ont immédiatement accusée d’homophobie.

Personne n’a semblé utile de rappeler que la pratique est interdite en France, et que le recours à la GPA est étonnamment affiché avec fierté, notamment sur les réseaux sociaux. Que disent ces ministres de la directive adoptée récemment ? Quel qualificatif utilisent-ils ? Ces mêmes ministres n’avaient pas réagi lorsqu’Emmanuel Macron avait tweeté, en 2017, « Pendant mon quinquennat, la GPA restera interdite en France. C’est une question d’éthique et de dignité », des propos repris par Marion Maréchal pour sa défense.

Mais une question demeure : seul le droit individuel est brandi pour s’indigner de toutes parts, sans que jamais le recours à une pratique illégale ne semble choquer personne. Or, évoquer une traite d’êtres humains ou une question d’éthique et de dignité est encore plus grave que de demander où est la maman de cet enfant. Si elle est accusée d’homophobie, c’est parce que les deux pères de ces enfants sont homosexuels, et qu’ils revendiquent le droit d’avoir cet enfant…

L’opposition à la GPA ne s’arrête pas là, et c’est important de le noter. En l’occurrence, deux sujets s’ajoutent : l’altérité, la filiation et la GPA. Très révélateur. La GPA est une suite logique, contrairement à ce qu’on entend souvent. Le mariage (et donc ce qu’il implique, une famille, dans le cadre du contrat civil) et l’adoption sont ouverts à tous pour des raisons d’égalité (et non de réalité, des besoins de l’enfant…).

Si le désir existe, il n’ouvre pas un droit

Or, deux femmes seules ou deux hommes seuls ne peuvent avoir un enfant naturellement. Donc, au-delà de l’adoption, on finit par ouvrir le droit à la PMA pour toutes les femmes. Cela crée une rupture d’égalité avec les hommes qui ont besoin d’une femme pour porter leur enfant. Il y a une hypocrisie de fait sur le sujet, une acceptation, voire une reconnaissance médiatique évidente de la pratique, contrairement à la visibilité de ceux qui en souffrent. Il devrait être possible de poser la question de la légitimité de cette pratique : il existe des contraintes naturelles, et d’autres sociales.

En l’occurrence, on parle d’enfants qui ne préexistent pas à leur adoption, mais qui sont procréés pour satisfaire le désir de tel ou tel (et sont contractuels avant conception…). Or, si le désir existe, il n’ouvre pas un droit : il y a des critères à l’adoption, et certaines personnes n’y ont pas accès. Elles sont pourtant capables d’aimer, d’être parents.

Ensuite, la même société qui se demande où sont les pères (sans haine) ne supporte pas la question posée de la nécessaire - incontournable – altérité à la conception d’un enfant. Elle vote aussi le droit des enfants nés de PMA d’accéder à leurs racines et multiplie les conseils pour renforcer le lien pendant la grossesse… C’est encore une fois une réaction assez infantile : la réalité est interdite à décrire.

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