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ATP Madrid : Rafael Nadal et les Grands Chelems, c'est (probablement) fini

Maxime Battistella

Mis à jour 24/04/2024 à 19:14 GMT+2

En se livrant comme rarement en conférence de presse à Madrid mercredi, Rafael Nadal a entériné des limites physiques qui semblent rédhibitoires dans l'optique du défi ultime : le format long des cinq sets en Grand Chelem. S'il n'a pas officiellement renoncé à Roland-Garros, la tendance est au pessimisme. Pour les Jeux Olympiques en revanche, l'espoir reste vivace.

Nadal : "Je ne vais pas jouer à Paris si je suis dans le même état qu'aujourd'hui"

Cette fois, il pourrait bien ne pas gagner sa course contre-la-montre. En une semaine, le discours de Rafael Nadal a radicalement changé. Satisfait d'avoir enfin repris la compétition à Barcelone, le Majorquin ne s'était pas alarmé de sa défaite sèche au 2e tour face à Alex de Minaur (7-5, 6-1), confiant dans le fait que ses sensations allaient certainement s'améliorer de jour en jour. Il comptait sur une montée en puissance contrôlée qui lui permettrait de potentiellement "mourir" sur le court à Roland-Garros. Seulement voilà, quelques jours plus tard à Madrid, il a sérieusement remis en cause une ultime participation à "son" Grand Chelem.
"Je jouerai à Paris seulement si j'ai les capacités physiques nécessaires pour être compétitif. Sinon, ce ne serait pas logique pour moi. Je vais faire mon possible pour me donner toutes les chances que cela arrive. Si cela n'arrive pas, je serai satisfait d'avoir tout tenté. Et je remercierai toutes les personnes qui m'aident et qui m'ont aidé au quotidien. Il y a une vie sans Roland-Garros. Sans aucun doute, c'est le tournoi le plus important de ma carrière, mais ce n'est pas parce que je ne le joue pas que tout va s'arrêter", a notamment expliqué le Majorquin à la veille de son entrée en lice jeudi dans la Caja Magica face à Darwin Blanch (pas avant 17h sur Eurosport).
Je suis un compétiteur dans l'âme, jouer sans pouvoir donner le maximum, c'est difficile
Ces derniers jours, Nadal a tout simplement été rattrapé par les nouvelles limites que lui impose son corps. Et un animal de sa nature, habitué à aller au bout de lui-même ne peut tout simplement pas l'accepter. Il fallait le voir pester, les sourcils froncés lors de ses séances d'entraînement sur la terre madrilène pour se rendre compte de son degré de frustration. Contraint de compter ses efforts, de s'engager dans chaque coup avec des arrière-pensées, il a pris conscience de la contradiction fondamentale de ce qu'il tentait d'accomplir.
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Nadal a-t-il vraiment ravivé la flamme ?

Comment progresser véritablement physiquement tout en évitant de prendre le moindre risque pour ne pas rechuter ? Le dilemme semble insoluble sur le papier, même si Nadal espère avancer sur cette ligne de crête. "A ce niveau-là, les échanges sont si intenses qu'il va emmagasiner des choses, assure d'ailleurs Camille Pin, consultante sur Eurosport. Le niveau est tellement élevé contre qui que ce soit que même à 70 % de ses capacités, chaque match va lui faire du bien. Il s'agit juste d'enchaîner ces rallyes, et ce même si, ponctuellement, il décide de ne pas courir sur une amortie comme il l'a fait à Barcelone. C'est sur ce genre de séquences qu'il va se protéger. C'est une manière de se refaire une caisse physique."
Mais Nadal part visiblement de trop loin pour espérer combler le gouffre qui le sépare d'un match à haute intensité en Grand Chelem au meilleur des cinq sets. Et il n'est pas du genre à s'aligner pour faire de la figuration sur un tour. S'il va à Roland-Garros, c'est qu'il s'estime non seulement capable de tenir la distance sur une partie, mais aussi de les enchaîner. Et à Madrid, la réalité de sa situation à seulement un mois de l'échéance l'a heurté de plein fouet. "Je suis un compétiteur dans l'âme. Jouer sans pouvoir donner le maximum, c'est difficile. Si vous me demandez si j'étais heureux pendant le deuxième set contre De Minaur, non, je ne l'étais pas", a-t-il encore lâché.

Malgré le précédent 2022, les miracles ne peuvent se répéter éternellement

Trop fragilisé par un corps meurtri, le Majorquin semble donc avoir fait le deuil du format long. Mais ce qu'il a montré à Barcelone n'avait rien d'alarmant sur le plan tennistique non plus. Et il s'estime capable de progresser suffisamment pour être compétitif si la distance à tenir est moins longue de manière à ne pas dépasser ses nouvelles limites. Pendant dix jeux face à Alex de Minaur, son niveau était plutôt convaincant. Il ne semble pas irréaliste de l'imaginer le tenir sur deux sets entiers en enchaînant les séances.
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"Il a gagné en intensité" : Nadal à l'entraînement à Madrid

"Il y a aussi les Jeux Olympiques qui arrivent, avec différents formats de matches possibles, ce qui peut me donner de la motivation et de l'enthousiasme. Je ne ferai pas plus que ce que je serai capable de donner et surtout ce qui me motive", a-t-il enfin prévenu. En simple, il pourrait ainsi dire adieu à la terre parisienne en se battant jusqu'au bout avec ses moyens. Sans oublier un double éventuel aux côtés de Carlos Alcaraz, ce qui serait une belle manière de transmettre le témoin symboliquement.
Il pourrait ainsi bel et bien "mourir à Paris" comme il le souhaite. Mais sa petite mort en Grand Chelem est sûrement déjà passée. Plus que sa dernière participation à l'Open d'Australie en 2023, où une blessure avait provoqué sa sortie précoce au 2e tour, souvenez-vous des miracles de Melbourne et de Roland en 2022. Un crépuscule sublime qui ne pouvait se répéter éternellement.
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