WhatsApp pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales

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WhatsApp pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales

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L’outil a été conçu par l’organisation A Voté, en collaboration avec les équipes de Meta. Une initiative soutenue par plusieurs médias, dont le groupe Ouest-France et le journal 20 Minutes.
L’outil a été conçu par l’organisation A Voté, en collaboration avec les équipes de Meta. Une initiative soutenue par plusieurs médias, dont le groupe Ouest-France et le journal 20 Minutes.

Alors que les élections régionales du printemps 2021 ont été marquées par une très forte abstention, en particulier chez les 18-35 ans, l’ONG A Voté lance une campagne pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales. Elle a choisi la messagerie WhatsApp pour faire passer son message.

Au printemps 2021, les élections régionales organisées en France ont été marquées par une abstention record : 65,7%. Et chez les électeurs les plus jeunes, la participation a été encore plus faible. Chez les 18-35 ans, 8 électeurs sur 10 ne se sont pas déplacés pour ce scrutin. Face à ce constat, Flore Blondel-Goupil et Dorian Dreuil ont créé l’organisation de défense des droits civiques et du progrès démocratique A Voté, qui se fixe pour objectif d’inciter les jeunes à aller voter lors des prochains scrutins prévus en 2022 (élections présidentielle et législatives). Flore Blondel-Goupil  a une expérience américaine, elle fut notamment chargée de mobilisation en Iowa et dans l’Ohio lors de la campagne de Bernie Sanders en 2016. Lui a été le secrétaire général de l’ONG Action Contre la Faim, avant de rejoindre la fondation Jean Jaurès en qualité d’expert associé. Dorian Dreuil est aujourd’hui le co-président de l’organisation non gouvernementale A Voté :  

Un bug démocratique

Nous voulons lever des freins à la participation électorale, et notamment celle des plus jeunes. Nous sommes accompagnés d’un conseil scientifique qui réunit les meilleurs universitaires et experts sur ce sujet. Dans la lutte contre l’abstention, avec eux, nous avons identifié un levier intéressant : la mal-inscription sur les listes électorales. Nous sommes face à un véritable bug démocratique. Les mal-inscrits sont environ 7,6 millions en France. Et les non-inscrits : environ 5 millions. Au total, 25% du corps électoral. Quasiment un électeur sur quatre risque de rencontrer un problème technique ou administratif s’il veut exercer son droit de vote. Et ce phénomène de mal-inscription touche en particulier les jeunes. On considère que, chez les 25-29 ans, une personne sur deux environ est mal inscrite. Elle ne sait pas de quel bureau de vote elle dépend. Ou bien parce qu’elle a changé d’adresse, elle ne recevra pas les professions de foi des candidats ou sa carte d’électeur. Or, la mal-inscription comme nous l’avons nommée multiplie par trois le risque d’être abstentionniste

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Aux Etats-Unis, des campagnes massives d’inscription sur les listes électorales ont été organisées lors des dernières présidentielles par le biais d’organisations comme « When we all vote » ou « Rock the vote ». Avec le soutien d’artistes et d’entreprises comme Facebook, ces différentes campagne ont permis de ramener des centaines de milliers de jeunes américains vers le vote.

En France, pour lutter contre l’abstention, l’organisation A Voté s’est aussi rapproché du géant américain Meta (ex Facebook) et en particulier de son application de messagerie WhatsApp, utilisée chaque mois par plus de 36 millions de français et particulièrement populaire chez les plus jeunes. 

Un robot conversationnel, ou chatbot

Le principe est simple. En envoyant le mot « bonjour » sur WhatsApp au numéro 06 22 26 69 50, l’utilisateur est mis en relation avec un robot conversationnel, ou chatbot, qui va l’aider à vérifier s’il est bien inscrit sur les listes électorales : 

L’outil est un assistant personnel qui, sous forme d’une conversation, va faire avec vous le parcours du votant. Il va vous guider en rappelant d’abord les dates des prochaines élections, et les dates limite d’inscription, ou de modification d’inscription. Puis le robot va vous guider pour vérifier si vous êtes bien inscrit, où se trouve votre bureau de vote, etc. Le facilitateur renvoie aussi vers le site service-public.fr pour aider la personne dans ses démarches. Et ainsi nous accompagnerons l’utilisateur jusqu’au jour du scrutin. En lui rappelant l’échéance du vote, ou en l’aidant à accomplir les démarches, si par exemple, il souhaite faire une procuration

Conversation sur WhatsApp avec le robot conversationnel de l'ONG A Voté
Conversation sur WhatsApp avec le robot conversationnel de l'ONG A Voté

L’outil a été conçu par l’organisation A Voté, en collaboration avec les équipes de Meta. L’initiative a été soutenue par plusieurs médias, dont le groupe Ouest-France et le journal 20 Minutes. Pourquoi avoir choisi de développer cette application sur WhatsApp ? 

Aujourd’hui, c’est la messagerie qui pour beaucoup de gens est devenue la plus intuitive, pour partager, transférer ou donner des informations à un groupe d’amis ou de connaissance. Via WhatsApp, on prend des nouvelles, on crée un lien social. Notre but est celui-là : créer aussi un lien de citoyenneté. C’est aussi un outil de mobilisation de sa communauté.

WhatsApp, un outil politique ?

Si WhatsApp est ici utilisé comme outil pour inciter les jeunes à aller voter, pourquoi les partis politiques et les candidats n’ont-ils pas misé sur cette plateforme de messagerie (ou alors de manière marginale) ? WhatsApp n’est à ce stade utilisé par les équipes politiques que pour communiquer entre elles. Et encore, elles semblent pour cela préférer une autre application, Telegram. Mais dans d’autres pays, les campagnes électorales se jouent sur cette messagerie cryptée (rachetée par Facebook en 2014 pour 22 milliards de dollars). Au printemps 2021, lors d’importantes élections régionales en Inde, WhatsApp avait été un relais primordial de la propagande électorale (le pays est le premier marché de cette application avec plus de 200 millions d’utilisateurs). Même chose au Brésil pour l’élection présidentielle de 2018 (à l’époque 120 millions d’abonnés sur une population de 210 millions de brésiliens). Durant toute la campagne opposant le candidat conservateur Bolsonaro au candidat du Parti des Travailleurs Fernando Haddad, les fausses informations ou « fake news » ont circulé par millions sur cette messagerie. Les messages cryptés grâce à la méthode du chiffrement ont été particulièrement difficiles à réguler : compliqué voire impossible sur cette messagerie de retrouver les auteurs d’une fausse information devenue virale. 

Depuis, et pour lutter contre les tentatives de désinformation, WhatsApp a durci ses règles qui concernent les transferts de messages, en rendant les transferts massif de messages plus complexes à réaliser.

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