Provence-Alpes-Côte d’Azur, la région la plus cambriolée de France en 2022

Au sein même de la région, on observe des disparités importantes du nombre d'infractions entre départements.

Au sein même de la région, on observe des disparités importantes du nombre d'infractions entre départements.

Photo Cyril Sollier

Provence-Alpes-Côte d’Azur se révèle être en 2022 la région, en province, la plus cambriolée en France, selon l’Insee. Avec néanmoins des dynamiques différentes selon les départements

En 2022, 23 400 cambriolages ou tentatives de cambriolage de logements ont été enregistrés en Provence-Alpes-Côte d'Azur, soit 7,5 cambriolages pour 1 000 logements", démarre une étude de l'Insee Paca publiée mi-mai, et réalisée par Nicolas Cochez et Alexandra Ferret, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur. Sur la même période en France, 211 400 cambriolages ont été enregistrés par les services de police et de gendarmerie nationale (1). Ce chiffre, en moyenne, représente 5,8 infractions pour 1 000 logements. Avec un taux à 7,5, Provence-Alpes-Côte d'Azur "est nettement supérieur à la moyenne nationale", note l'étude et se place comme la deuxième région la plus cambriolée de l'Hexagone après l'Île-de-France.

"Facteurs confondants"

Au sein même de la région, on observe des disparités importantes du nombre d'infractions entre départements. Les Bouches-du-Rhône, avec 11,4 cambriolages pour 1 000 logements, est le département le plus cambriolé de France en 2022 et le Vaucluse le quatrième le plus touché (9,6 %). À l'inverse, "le Var se situe dans la moyenne française (5,9 %) alors que les départements alpins sont moins affectés : 4,5 % pour les Alpes-Maritimes, 3,8 % pour les Alpes-de-Haute-Provence et 2,1 % pour les Hautes-Alpes, l'un des départements les moins cambriolés de France", poursuit le rapport de l'Insee. Un contraste qui a une explication pour Nicolas Cochez, un des deux auteurs de l'étude : "La moitié de la population en Paca se concentre sur la bande littorale. On se trouve avec plus de cambriolages sur le littoral du fait de cette très forte densité. On note que, toute chose égale par ailleurs, les zones montagneuses sont moins cambriolées que le littoral car je pense que le risque est moins grand de cambrioler sur une zone dense." En effet, le rapport précise que "le taux de cambriolages est près de deux fois supérieur dans les territoires urbains denses que dans les territoires ruraux autonomes (4,5 %)".

Le taux de cambriolages croît avec la taille de l'aire urbaine et la densité, mais aussi lorsqu'"il y a plus d'inégalités", précise le chef de projet à l'Insee. On compte ainsi quatre fois plus d'incidents dans les territoires où les écarts de revenus sont les plus élevés. "À Marseille il y a des quartiers très riches comme le 7e avec des taux de 20 cambriolages pour 1 000 logements, beaucoup plus élevés que dans le 3e par exemple."

Pour autant, notre région est la seule dans laquelle les communes pauvres affichent un taux de cambriolages supérieur aux communes les plus riches : "10,5 % pour les communes pauvres contre 8,6 pour les riches." "On a, en Paca, Avignon et Marseille qui sont très cambriolées. Il y a ce qu'on appelle en statistiques des 'facteurs confondants', c'est-à-dire que Marseille et Avignon sont des villes relativement pauvres en moyenne mais qui sont également très denses. Ici, la densité prend le pas sur la pauvreté", explique Nicolas Cochez. Même facteur pour la vallée du Rhône selon lui : "Dans des zones entre les Alpilles jusqu'à Avignon voire Carpentras, on a des communes extrêmement touchées. Saint-Rémy et Eygalières, on est autour de 20 logements cambriolés pour 1 000, c'est vraiment très important !"

Une baisse... inférieure au niveau national

Bien qu'il demeure élevé et hétérogène en Provence, le nombre de cambriolages a globalement baissé de 9 % entre 2016 et 2022 en Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Cette baisse est toutefois inférieure à celle observée au niveau national (15 %), tempèrent les auteurs de l'étude. Entre 2016 et 2019, le nombre de cambriolages est globalement stable. Il diminue nettement en 2020, année marquée par la crise sanitaire et le confinement. À cette date, la chute observée en Paca (24 %) est plus forte qu'en France (20 %). La région connaît toutefois une reprise plus rapide des infractions (+16 % en 2021 par rapport à 2020 alors qu'il continue de baisser dans la plupart des autres régions)." Malgré ce rebond, en 2022, les cambriolages sont moins nombreux qu'en 2019 (- 9 %).

(1) Le terme "cambriolage" fait référence aux tentatives de cambriolages et aux cambriolages de résidences déclarés auprès des services de police et de gendarmerie.

Vaucluse : un cambriolage toutes les quatre heures dans le département en 2022

Alors que le nombre d'incidents connaît une baisse globale dans la région entre 2016 et 2022, le Vaucluse figure comme le plus mauvais élève, avec une hausse de 17 % du nombre de cambriolages sur la période. Sans grande surprise, ce sont les aires d'attraction d'Avignon et Carpentras qui, en Vaucluse, sont les plus exposées avec un taux de cambriolages de 11,4 %. À l'opposé, celles d'Orange et Bollène (de 5,7 à 7,6 %) sont les moins touchées par ce type de faits, tandis que L'Isle-sur-la-Sorgue et Cavaillon enregistrent des taux de cambriolages oscillant entre 7,6 et 11,4 %. Ainsi l'an passé, selon le bilan de la délinquance dévoilé en février par la préfète Violaine Démaret, le Vaucluse a dénombré 3 957 cambriolages dont 2 100 commis en zone gendarmerie. Pour le département, la hausse est de 10,5 %.

Selon l'Insee, les caractéristiques du bâti des logements seraient aussi à prendre en compte. Une commune avec une forte proportion de maisons et de résidences principales est susceptible d'enregistrer davantage de cambriolages. Ainsi, en zone police dont dépendent les communes gardoises des Angles et de Villeneuve-lez-Avignon dans la circonscription d'Avignon, le taux enregistré oscille entre 18,7 et 25,8 % pour la première et de 10,4 à 13,9 % pour la seconde, les deux comptant davantage de maisons individuelles que d'appartements.

En moyenne, l'an passé, un cambriolage s'est déroulé toutes les quatre heures en Vaucluse, selon le groupement de gendarmerie qui a divulgué ces chiffres lors de récentes inspections annoncées au sein des compagnies vauclusiennes.

Vallées de l'Ubaye et de la Blanche : moins de 20 cambriolages en un an, elles font partie des zones les moins touchées de la région

Dans une région qui tient le titre de territoire le plus cambriolé de France, certaines zones restent malgré tout épargnées. C'est le cas des vallées de l'Ubaye et de la Blanche où intervient la compagnie de gendarmerie de Barcelonnette. Dans ces secteurs montagneux, les chiffres de la délinquance sont ténus, tout comme le nombre de cambriolages, d'ailleurs en très net recul. "Entre le premier semestre 2022 et 2023, on constate une baisse de 53,7% avec 19 faits contre 41 précédemment. Cette diminution de 22 cambriolages est conséquente et on sait qu'une hausse de ces chiffres est prévisible", analyse le major Christophe Buisson, commandant en second de la compagnie, qui voit plusieurs explications à cette situation : l'éloignement géographique des zones urbaines, la configuration en entonnoir de ces vallées avec une seule route principale jalonnée de plusieurs gendarmeries, et la forte proportion de résidences secondaires (70 % à Barcelonnette), où les cambrioleurs savent trouver peu d'objets de valeur. "Quand le flux de population augmente, en hiver notamment, les faits pourraient grimper mais la présence des gendarmes est renforcée et leur présence sur le terrain dissuade", analyse le major Buisson. Sur le secteur, les cambriolages n'auraient pas de saisonnalité et seraient plutôt des vols d'opportunité liés au manque de précaution des habitants, comme une porte qu'on ne ferme pas à clé quand on part acheter son pain...

Bouches-du-Rhône : une légère baisse dans les grandes villes

Dans les Bouches du Rhône, selon l'Insee, le nombre de cambriolages s'élève à 11,4 incidents pour 1 000 logements, faisant des Bouches-du-Rhône le département le plus cambriolé de l'Hexagone.

Pourtant, l'an dernier, avec 5 315 foyers cambriolés, Marseille a connu une très légère baisse (- 0,58 %) du nombre d'incidents par rapport à 2021, ce qui confirme "une stagnation, voire une baisse dans la ville", précise la JSP 13. Une tendance qui se confirme début 2023. Fin avril, 1 646 cambriolages de logements avaient été constatés par la Préfecture de police, contre 1 716 à la même période en 2022, soit un recul de 4,08 %. "L'occupation de la voie publique est un point déterminant d'amélioration, explique la DDSP 13. Les patrouilles ont été augmentées, et grâce à nos études statistiques on peut efficacement déployer des dispositifs de contrôle routiers et préventifs, ce qui dissuade le passage à l'action."

À Aix-en-Provence, qui subit après la cité phocéenne le plus de cambriolages (1 012 en 2022, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur), la police "a une cartographie des cambriolages actualisée deux fois par jour pour être au plus près des lieux susceptibles d'être touchés, détaille le commissaire Patrick Longuet. Pour les investigations, les effectifs dédiés aux atteintes aux biens ont été multipliés par deux." La cité du Roi René, qui avait été placé à la tête d'un classement du Figaro sur le sujet (notre édition du 17 avril) a ainsi enregistré une baisse des cambriolages de 12,9 % par rapport à 2021. Tout comme Arles, qui enregistre en sept ans une baisse de 9 %, le nombre de cambriolages étant passés de 320 en 2016 à 291 en 2022.

Selon l'Insee, ce sont des plus petites communes qui enregistrent, proportionnellement, une hausse de cambriolages importante : on compte à Eygalières (moins de 2000 habitants) 29 faits constatés et un taux par logement de 21,3 %. En deuxième place, Saint-Rémy-de-Provence affiche un taux de 19,9 % par logement et 129 faits constatés.