FootballPourquoi le capitanat de Kylian Mbappé peut chambouler le foot français

Equipe de France : Pourquoi le capitanat de Kylian Mbappé peut chambouler le foot français

FootballDéjà incontournable sur et en dehors du terrain, l’attaquant des Bleus prend encore une nouvelle dimension en récupérant le brassard de capitaine
L'équipe de France tournant autour du soleil Mbappé (allégorie).
L'équipe de France tournant autour du soleil Mbappé (allégorie). - Antonin Thuillier / AFP / AFP
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Kylian Mbappé a été désigné par Didier Deschamps comme le nouveau capitaine des Bleus après la retraite de Lloris le mois dernier.
  • Une décisions attendue, même si elle peut entraîner un certain nombre de bouleversement dans l’éco-système des Bleus.

Kylian Mbappé capitaine de l’équipe de France, c’était écrit. Tout dans la trajectoire et le caractère de l’attaquant du PSG plaidait dans ce sens, mais peut-être pas dès à présent. Seulement, Didier Deschamps n’a pas voulu attendre davantage pour introniser le meilleur joueur français, et peut-être du monde. Alors oui, « il y aura une répartition nouvelle » des responsabilités selon le sélectionneur, avec « un capitaine, un vice-capitaine » et peut-être « un troisième ». Mais même enrobée, la vérité est aussi simple que crue : le patron désormais, c’est officiellement « Kyky ». Et forcément, ce choix va avoir des conséquences que l’on peut déjà deviner, à défaut de toutes les anticiper.

Antoine Griezmann, taulier contrarié

Les Bleus vont-ils vivre leur premier psychodrame post-Mondial ? Le capitanat accordé à Kylian Mbappé ne fait pas que des heureux dans le vestiaire bleu. Les fuites sur la déception d’Antoine Griezmann ont suivi très rapidement celles sur l’identité du nouveau locataire du brassard. Sans être le plus grand fan de Robert Pirès comme consultant, on a envie de le suivre lorsque, interrogé par l’AFP, le champion du monde 1998 assure qu’il aurait trouvé « plus judicieux » de donner le brassard à Grizou « maintenant et [à] Kylian dans deux ans ».


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L’attaquant-milieu-buteur-passeur-tacleur, qui fête ses 32 ans ce mardi, avait en effet le profil du parfait capitaine de transition jusqu’à l’Euro 2024 en Allemagne, où il pourrait fêter en cas de qualification une décennie en Bleu. Impeccable sur la pelouse, tant en sélection (la finale du dernier Mondial mise à part) qu’à l’Atlético Madrid, l’homme aux 42 pions en 117 capes est depuis des années un relais privilégié de Deschamps, le seul entraîneur qu’il ait connu chez les A.

« C’est un manque de respect vis-à-vis d’Antoine même si, j’insiste, je n’ai rien contre Kylian », assène carrément Pirès. D’après Le Figaro, Griezmann a en tout cas vécu l’épisode comme un camouflet. A tel point qu’il s’interrogerait sur la suite à donner à sa carrière internationale, après le double rendez-vous contre les Pays-Bas puis l’Irlande. On imagine mal le Madrilène refermer aussi brutalement un chapitre si brillant. Mais la cicatrice que pourrait laisser le choix de DD sur le front du Harry Potter de Mâcon ne doit pas se transformer en vilaine lézarde dans le vestiaire.


Les Bleus en prennent pour (au moins) 10 ans

Homme de tous les records en Bleu, Hugo Lloris aura « cheffé » lors de 121 de ses 145 sélections, pendant 12 ans. Rien ne dit que Kylian piquera encore des sprints au Stade de France en 2035. Mais l’express de Bondy n’a que 24 ans et, sauf blessure, son règne devrait plus convoquer le souvenir de Louis XIV que celui du malheureux Jean Ier le Posthume. Par la longévité, mais aussi par la manière de concevoir le pouvoir, en monarque absolu.

On imagine très bien le Bondynois, au sortir de deux premiers matchs poussifs lors du Mondial 2026, rappeler à ses coéquipiers qu’il faut « bien manger » et « bien dormir » avant la rencontre décisive pour la qualification. Et si le Roi Soleil avait réussi à transformer les grands nobles en courtisans veules tout heureux de jouer les porte-cotons près de sa chaise percée, le vestiaire des Bleus au XXIe siècle ne ressemble que de très loin à la cour de Versailles de l’époque.

Le caractère clivant de Kyky risque de faire des étincelles en se frottant à certains egos eux aussi très développés. Mais tant qu’il continuera à afficher un niveau qui devrait lui permettre -un jour- d’aligner les Ballons d’or sur la cheminée, Mbappé restera indéboulonnable, et son brassard impossible à arracher.


Des sorties médiatiques à scruter

A côté d’Hugo Lloris, même le député Charles de Courson, très en vue lundi à l’Assemblée nationale, affiche l’éloquence d’André Malraux. Le gardien de Tottenham passera à la postérité pour ses exploits lors des phases finales des grandes compétitions, pas pour ses conférences de presse arrosées d’eau tiède. Avec Mbappé, forcément, ça va changer. « S’il a une qualité, c’est qu’il est plutôt très bon dans la communication », glisse Deschamps à son sujet.

On imagine les alertes tomber sur les smartphones à chaque sortie du duo Kyky – DD lors des veilles de matchs de l’équipe de France, alimentées par le premier plutôt que par le second. On voit déjà les demandes d’accréditation exploser, notamment de la part de la presse madrilène, les débats sans fin d’El Chiringuito sur un quart de phrase où Kyky aurait, peut-être, glissé une allusion à un éventuel transfert au Real…

Sauf que Deschamps a prévenu, lundi : « il n’y a pas d’obligation » pour un sélectionneur de se présenter devant les journalistes avec son capitaine. Et il a clairement laissé entendre que s’il était toujours flanqué d’Hugo Lloris derrière le micro jusqu’à présent, les choses allaient changer. Raphaël Raymond, le responsable des relations médias chez les Bleus, respire un peu mieux.




Un futur président de la FFF sous tension

Ce point-là rejoint le précédent. Le sens de la com de Mbappé, qui ne parle jamais par hasard, a déjà rendu fou Noël Le Graët. Le Parisien avait très vite réagi – de manière virulente – aux propos de l’ancien président de la FFF sur Zinédine Zidane, un dimanche soir ordinaire de début janvier, qui allaient précipiter la fin de règne du Breton dans un effet boule de neige alors insoupçonnable.

Quelques mois auparavant, « NLG » avait à plusieurs reprises assuré, sans convaincre personne, qu’il n’y avait aucun souci avec le Bondynois, lorsque celui-ci avait snobé des obligations commerciales auprès de sponsors qui ne lui convenaient pas. Le prochain patron en titre du foot français, qui sera élu en juin lors de l’Assemblée fédérale, devra composer avec un véritable numéro 1 bis, dont la légitimité sportive est encore renforcée par l’attribution du capitanat.

Mbappé en France, c’est désormais Messi en Argentine et Ronaldo au Portugal : un personnage incontournable, qui incarne plus que jamais le football de son pays, pour les experts comme pour les profanes.


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