Roland-Garros 2023 - Night session : Où sont les femmes ?

Pour être honnête, cette fois, on y a vraiment cru. Samedi avait tout pour être LE jour des femmes en soirée. La partie basse du tableau masculin ne comprend ni Carlos Alcaraz ni Novak Djokovic. Daniil Medvedev et Jannik Sinner, oui, mais l'un et l'autre ont d'ores et déjà disparu. Alors, après cinq night sessions consacrées à ces messieurs de lundi à vendredi (le dernier match sur le Central, dimanche, n'était pas officiellement considéré comme une session de nuit), l'heure de ces dames semblait arrivée. Mais non. Encore raté.

Le suspense n'a pas duré bien longtemps ce vendredi puisque, dès le début de l'après-midi, l'organisation avait dévoilé le programme de samedi. Le match en soirée ? Alexander Zverev contre Frances Tiafoe. Ce sera la deuxième apparition nocturne consécutive pour l'Allemand, qui avait "dépanné" jeudi après le forfait de Gaël Monfils, initialement prévu face à Holger Rune. L'affiche n'est pas vilaine, mais la double dose de Zverev en l'espace de 48 heures a tout de même pu surprendre.

Finalement, l'attente prendra fin dimanche, presque au moment où on s'y attendait le moins puisque Novak Djokovic et Carlos Alcaraz sont attendues sur le Central. Mais ils joueront en journée et la night session sera donc pour Aryna Sabalenka et Sloane Stephens, deux filles titrées en Grand Chelem. Mieux vaut tard que jamais et il faudra voir si, comme en 2022, cette soirée féminin sera unique dans la quinzaine.

C'est un débat permanent. L'année dernière, à Roland-Garros, une seule des dix soirées avait donc été consacrée aux femmes. 10%. On ne fera pas pire cette année. Mais pas sûr que l'on fasse mieux. Les mêmes arguments reviennent. Le principal est économique : le public doit en avoir pour son argent.

Mettre une rencontre féminine dans une session à un seul match, c'est prendre le risque de laisser les spectateurs qui ont payé – très cher – leur billet sur leur faim, avec potentiellement à peine une heure de tennis. Le 6-0, 6-0 infligé samedi après-midi par Iga Swiatek est de ce point de vue la pire publicité pour programmer des matches féminins en soirée. La Polonaise n'est de toute façon pas la meilleure avocate pour défendre une présence féminine le soir. Elle-même demande en effet à jouer en priorité en journée.

"Il y a des joueurs qui aiment bien l'énergie du soir, qui aiment jouer le soir en raison des conditions que cela offre, a-t-elle expliqué jeudi. Moi, je préfère avoir un vrai rythme diurne et je l'ai perdu à Madrid. J'ai demandé tous les jours personnellement à jouer de jour. J'ai déjà joué en session nocturne pendant la saison de terre battue et je n'ai pas trop apprécié. Je ne regarde même pas les matchs le soir, en fait. J'essaie simplement de récupérer et de ne pas penser au tennis. Mais ce serait bien, bien sûr, d'avoir des matchs de nuit avec des femmes, mais je n'aide pas beaucoup à la cause."

Cela dit, rien n'oblige la patronne du tournoi, Amélie Mauresmo, à suivre systématiquement les demandes d'une joueuse, fut-elle la principale figure du circuit. Mats Wilander estime par ailleurs que des solutions existent. "Pour moi, c'est ridicule de ne pas mettre de matches féminins le soir, estime le consultant d'Eurosport. C'est un problème tellement facile à résoudre. Il suffit de lancer une paire française en double ou même en double mixte, où les matchs sont plus courts, ils ne jouent pas trois sets, mais un jeu décisif à un set partout. Il suffit de donner au public une heure de divertissement supplémentaire au cas où Iga Swiatek s'imposerait rapidement. Les gens ici aimeraient soutenir une équipe française en double sur le court central."

Avec une session de nuit limitée à un seul match, contrairement à ce qui est en place à l'US Open ou à l'Open d'Australie, Roland-Garros fait face à un double risque, au choix : donner l'impression de mépriser son tournoi féminin, ou ne pas satisfaire ses clients, à savoir le public. Entre un Monfils - Baez homérique ou un 1er tour d'une Swiatek ou d'une Sabalenka plié en à peine plus d'une heure, où irait votre préférence ? Même avec un double en rabe, le compte y serait-il ?