complicité capillaireLa galère des parents qui ne savent pas coiffer les cheveux bouclés, crépus

La galère des parents qui ne savent pas coiffer les cheveux bouclés, frisés ou crépus de leurs enfants

complicité capillaireTresser, natter ou démêler les cheveux ne sont pas des moments agréables pour tous les parents et les enfants. Comment transmettre les bons gestes à son fils ou sa fille ? Des questions au cœur de la Natural Hair Academy, ce week-end à Paris
(Illustration) Une maman coiffant les cheveux de sa fille.
(Illustration) Une maman coiffant les cheveux de sa fille. - Getty Images / Canva / Canva
Sélène Agape

Sélène Agape

L'essentiel

  • La Natural Hair Academy revient pour une 10e édition au Parc Floral de Paris.
  • Pour cette édition, le salon incontournable du cheveu, de la beauté et de l’empowerment des femmes noires et métissées en Europe, a choisi pour thème celui de la Fête des mères. Plusieurs ateliers sont ainsi organisés autour de cette filiation comme la transmission des bons gestes et l’amour de ses cheveux à ses enfants.
  • Un sujet qui peut se révéler compliqué pour les mamans ou les papas - peu importe leur couleur de peau - qui ont des difficultés à coiffer le cheveu crépu, bouclé ou frisé de leurs bambins. Ou quand la routine capillaire devient un moment désagréable au sein de la famille.

«Enfant, je détestais me coiffer et je détestais que l’on me coiffe », confie Vanessa, trentenaire. Maman d’une petite Leonora, âgée de 5 ans, elle raconte combien les séances de coiffure de ses cheveux ultrafrisés et crépus étaient pour elle « de longues séances de torture ». Il lui a fallu du temps pour faire la paix avec eux.

Avec Leonora, elle appréhendait de vivre ce schéma mais heureusement « il y a des produits et des tutos pour tout aujourd’hui », se réjouit-elle. A force de patience et conseils adaptés, elle a trouvé des ressources pour s’occuper au mieux des cheveux de sa fille. Quand « enfant, le moment de se coiffer était une douleur, c’est normal que les mamans aient ensuite dû mal à s’occuper de leurs cheveux, de ceux de leurs enfants et à leur transmettre un héritage », analyse Myrlande Siméon, du compte@heritage_capillaire sur Instagram. Elle accompagne les parents et leurs enfants avec bienveillance dans l’entretien et l’acceptation de leurs cheveux texturés (ondulés, bouclés, frisés ou crépus).

Transmettre les bons gestes

Kelly Massol, fondatrice de la marque de produits capillaires pour enfants et adultes, Les Secrets de Loly, en connaît un rayon sur le sujet après 15 années d’expérience dans le cheveu naturel. Ses shampoings, crèmes ou encore leave-in seront à retrouver ce samedi et dimanche à la Natural Hair Academy, l’événement dédié au cheveu, à la beauté et à l’empowerment des femmes noires et métissées en Europe, au parc Floral de Paris. Plusieurs marques nationales et internationales font le déplacement pour présenter leurs dernières gammes, conseiller les participantes et participants lors de conférences et d’ateliers. Une aubaine pour celles et ceux à la recherche de produits adaptés à leur besoin, de professionnels certifiés, le tout nourri d’animations. Les Secrets de Loly offre par ailleurs une bourse de 15.000 euros à un porteur ou porteuse de projet.

Cette année, la marque organise un échange, dans le cadre du thème de la Fête des mères, sur la transmission des « bons gestes et l’amour de ses cheveux texturés à ses enfants » avec les influenceuses Olovesuu, OhMyCurls et leurs mamans. « C’est une thématique qui est importante pour tout le monde parce que si on n’a pas les bonnes bases qui sont transmises dès l’enfance, on ne va pas valoriser le cheveu », explique la femme d’affaires.


Tout au long de son parcours, elle a discuté avec des parents qui n’étaient pas forcément à l’aise dans le coiffage de leurs enfants. « Cette question revient souvent. Après ça dépend du type de maman, on peut très bien réussir à s’occuper de sa tête et avoir du mal avec celle de son enfant, tout simplement parce qu’il n’a pas la même texture, qu’on ne connaît pas la texture et pas la même sensibilité. C’est une problématique qui se retrouve dans beaucoup de cas, encore plus effectivement dans les couples mixtes. Mais les parents sont en soif d’apprendre », observe-t-elle.

Un apprentissage bienveillant

Dans son podcast « My hair, my power », Kelly Massol en parle notamment avec Lucie Gabossi Kakuta Mambenga, créatrice de contenus du compte instagram@babyatoutprix. D’origine italienne, cette maman de trois enfants métisses (deux garçons et une fille) aux cheveux bouclés et ondulés raconte comment son mari et elle ont réussi à faire en sorte que les cheveux de leurs enfants deviennent une force, bien qu’ils soient différents de ceux de leurs parents. « J’ai très vite compris l’importance de faire prendre aussi conscience à mon enfant [son premier fils, Maël, âgé de 8 ans] qu’il avait une texture de cheveu différente de la mienne. Je trouve ça très beau. Ça nous a permis de mettre en valeur et d’aimer encore plus nos différences de racines culturelles », témoigne-t-elle.

Elle explique que le chemin de son deuxième enfant, une fille prénommée Téa a été différent et jalonné de plus de questions. « Elle ne comparait pas sa texture mais plutôt la longueur. Elle a ses copines qui ont les cheveux très longs. Elle me disait souvent qu’elle aimerait avoir les cheveux ''en bas''. Il faut dire que même si ça a beaucoup évolué, on manque encore de représentations dans les médias, les dessins animés et les livres », s’émeut la maman. Pour entretenir les cheveux de ses trois bambins, Lucie a fait plusieurs tests pour trouver les bons gestes et les bons produits. « Maintenant on a une super force, on a les réseaux sociaux, YouTube et on a surtout maintenant des coiffeurs spécialisés », encourage-t-elle.

« C’est important de transmettre dès l’enfance pour planter les graines qui vont faire germer des adultes de demain », estime Kelly Massol. « Il faut que nous les parents, arrivions à faire nos enfants aimer leurs cheveux pour qu’ils grandissent en étant fiers de qui ils sont », abonde en ce sens Myrlande d'@heritage_capillaire.

Moments de complicité

« Leonora a peut-être moins de frisottis, des cheveux plus faciles à coiffer, mais c’est aussi une épreuve pour elle et pour moi », confie Vanessa. Pour progresser sur le terrain, elle a testé le salon pour enfant HOJI Maison de la Tresse, à Paris. Une expérience enrichissante. « Elle a accepté de se faire coiffer par "une inconnue" sans crier et sans pleurer. La coiffeuse qui s’est occupée de ma fille m’a montré comment démêler les cheveux avec les doigts puis avec un peigne à dents larges, comment bien faire le shampooing sans emmêler à nouveau les cheveux, comment les hydrater et les nourrir pour avoir des cheveux soyeux », détaille-t-elle.

Myrlande Siméon organise pour sa part un atelier mère-fille pour « transformer la routine capillaire tant redoutée en un moment de complicité entre mère et fille », baptisé Le Flambeau. Durant près de trois heures, elle échange avec le duo sur leur routine, les aide à faire un diagnostic capillaire, leur enseigne les bonnes techniques pour qu’elles les reproduisent à la maison et comment faire le choix des produits les plus adaptés. « Un mois plus tard, on fait le point pour vérifier que tout va bien et je n’hésite pas à réadapter si besoin », indique-t-elle. « Je veux que les petites filles et les petits garçons ne voient pas les cheveux comme quelque chose de mal, ça doit être une force ». Elle sera d’ailleurs présente dimanche à la Natural Hair Academy pour trouver de nouvelles pépites pour accompagner ses clientes.

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