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Connaissez-vous ces mots qui ne riment pas?

Robin Williams dans «Le Cercle des poètes disparus» (1989) de Peter Weir. www.bridgemanimages.com/Bridgeman Images

La poésie est soumise à des règles prosodiques particulières, que les mots ne respectent pas toujours. Certains ne peuvent rimer avec aucun autre. Les connaissez-vous?

«La rime est une esclave et ne doit qu’obéir», disait Boileau. Pourtant, certains s’amusent à la suivre coûte que coûte. Parfois à raison: Alphonse Daudet avait ainsi «toujours une strophe à polir, une rime plus sonore à trouver». Parfois à tort. Et ce, non pas à cause d’un manque de talent, mais en raison de la langue elle-même. Car, aussi beau soit-il, le français se veut parfois intransigeant. En matière de rime notamment.

C’est au XIIe siècle, âge d’or de la chanson de geste, que le mot «rime» est apparu pour qualifier le retour d’un ou de plusieurs phonèmes (sons du langage) à la fin de deux ou plusieurs vers. On relève la rime pauvre, constituée par la répétition de la voyelle tonique en finale («bois/voix»), la rime suffisante, qui est la répétition de la voyelle tonique et des sons qui la suivent («fromage/langage»), ou encore la rime riche, qui est la redondance de la voyelle tonique et de sa consonne d’appui («joyeusement/charmant»).

Puisque, abrupt, goinfre…

Pour peu que l’on ait l’âme poète, que l’on se frotte à la rime croisée (ABAB), plate (AABB) ou embrassée (ABBA), et que celle-ci suive ou non la pensée, le lexique parfois nous contraint. Ainsi que le note Françoise Nore, docteur en linguistique spécialisée en lexicologie, dans Bizarre, vous avez dit bizarre? (L’Opportun), il existe des mots qui ne riment avec aucun autre. À deux conditions seulement: que l’on prenne en compte les parties vocaliques dans leur ensemble et que l’on exclue les dérivés par préfixation - «belge» ne saurait ainsi rimer avec «beige» ou «antibelge».

En outre, ne tentez pas de faire rimer les mots «abrupt», «simple», «meurtre», «goinfre», «larve», «perdre», «cuistre», «pourpre»,«monstre», «pauvre», «quatorze», «quinze», «sceptre», «siècle», ou «puisque». Vous risquez de vous casser les dents. Il en est de même pour «triomphe», généralement cité comme exemple de mot sans rime, sauf si votre vocabulaire est désuet. Vous pourrez alors l’associer au nom «gomphe», qui désigne un genre de libellules de taille moyenne. Dans le doute, adoptez la philosophie de Queneau: «Rime sans raison n’est que ruine de l’orme.»

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