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Roland-Garros 2023 : les matchs féminins au programme des sessions nocturnes font débat

Du premier tour aux quarts de finale du tournoi, une rencontre est programmée chaque soir sur le court Philippe-Chatrier. Dimanche, et pour la première fois cette année, c’était un match du tournoi féminin.

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Publié le 05 juin 2023 à 05h19, modifié le 05 juin 2023 à 11h45

Temps de Lecture 4 min.

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La Biélorusse Aryna Sabalenka au service face à l’Américaine Sloane Stephens sur le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros, en session nocturne, dimanche 4 juin 2023.

Le 15 mars, les centaines de milliers de places de l’édition 2023 des Internationaux de France de Roland-Garros sont parties en l’espace de quelques heures. Sur le site de la billetterie, il fallait alors de la patience, de la chance au tirage et une bonne connexion Internet pour obtenir des sésames au bout de la file d’attente.

Dans le tournoi du Grand Chelem parisien, le court Philippe-Chatrier est particulièrement prisé par les férus de tennis. Chaque jour de la quinzaine, c’est là que sont programmées les stars du circuit. En 2021, sont apparues les sessions nocturnes. A partir du lundi, du premier tour jusqu’au mercredi des quarts de finale, le « menu » du court central est désormais divisé en deux séances : la journée et la soirée. Trois matchs pour la première, un seul pour la seconde.

Dimanche 4 juin, au stade des huitièmes de finale, il fallait compter 145 euros la place en catégorie 1 – assez proche du court – et 115 euros en catégorie 2 – dans les gradins supérieurs – pour assister à la session journée. Moins chers, les tarifs de la séance nocturne demeuraient conséquents le même jour : 110 euros et 90 euros en catégories 1 et 2.

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Quand les organisateurs ont dévoilé le programme du dimanche, Benjamin, 24 ans, et Thomas, 23 ans, étaient franchement déçus. Comme beaucoup d’autres spectateurs munis de billets pour le match du soir, les deux amis – venus de Nantes – pensaient voir « [Carlos] Alcaraz ! »

La confrontation entre le phénomène espagnol, numéro 1 mondial, et le spectaculaire italien, Lorenzo Musetti, apparaissait a priori comme une belle affiche sous les lumières du court Philippe-Chatrier. Mais les organisateurs ont choisi une rencontre du tableau féminin entre la Biélorusse Aryna Sabalenka, numéro 2 mondiale, et l’Américaine Sloane Stephens, finaliste de l’édition 2018 de Roland-Garros.

Le match avec « Alcaraz a duré plus longtemps »

Dans la foulée, certains ont décidé de revendre leurs places, si bien que plusieurs centaines de tickets étaient disponibles dimanche matin sur le site de la billetterie de Roland-Garros.

Miruna, 34 ans, fait partie de celles et ceux qui ont profité de la situation pour les acheter. La Roumaine, qui travaille en France comme analyste commerciale, voulait faire plaisir à sa mère, fan de tennis, venue la rejoindre à Paris pour quelques jours. Alors ? « Ma maman a aimé le match, donc je suis contente », sourit-elle à la sortie du court Philippe-Chatrier.

A ce moment-là, Benjamin et Thomas, eux, songeaient déjà aux rencontres du lendemain. « Vu que c’était le seul match, on avait vraiment peur que Sabalenka gagne très vite », témoignent les deux amis, qui travaillent comme développeurs informatiques. Finalement, le duel remporté par la Biélorusse a été plus serré que prévu (7-6, 6-4)… Au contraire du match qui les faisait saliver, programmé dans l’après-midi (6-3, 6-2, 6-2 pour Carlos Alcaraz). « Mais, même en étant expéditif, [le match avec] Alcaraz a duré plus longtemps », rétorque Thomas.

Une rencontre au meilleur des cinq ou des trois manches, « ce n’est pas exactement la même chose pour le public et pour la programmation de la télévision », reconnaît la Française Alizé Cornet. L’an passé, son duel face à la Lettonne Jelena Ostapenko avait été l’unique match féminin programmé en session nocturne, diffusée en exclusivité par Prime Video.

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En 2021, puis en 2022, à chaque fois, seulement une affiche du tableau femmes a eu les honneurs de la nuit sur le court central de Roland-Garros. Au début de cette édition, Alizé Cornet espérait « au moins deux » matchs féminins pour 2023. Il y a peu de chances qu’elle soit entendue.

Amélie Mauresmo prise entre deux feux

L’année dernière, la directrice du tournoi, Amélie Mauresmo, avait dit constater « plus d’attrait pour les matchs masculins ». Dimanche soir, les spectateurs du Philippe-Chatrier ont bien cru que la rencontre allait se terminer avant même le coucher du soleil : après vingt minutes de jeu, Aryna Sabalenka menait déjà 5-0. En criant : « Amélie, rends le pognon ! », un spectateur a recueilli quelques rires dans l’assistance.

L’ancienne joueuse classée numéro 1 mondiale se trouve prise entre deux feux. D’un côté, une partie du public critique le choix d’un match du tableau féminin au programme de la session nocturne. De l’autre, des joueuses du circuit réclament une meilleure exposition.

« Il était temps de mettre un match de femmes en night session », a affirmé, samedi, la Tunisienne Ons Jabeur, numéro 7 mondiale, en conférence de presse. « J’ai rencontré beaucoup de gens qui me disent : “Les matchs féminins…” Est-ce que vous avez regardé un match ? Ils répondent que non. Comment juger un match de tennis féminin sans l’avoir regardé ? », interroge la finaliste des éditions 2022 des tournois de Wimbledon et de l’US Open.

Elle a une proposition : doubler la session nocturne avec une affiche des deux tableaux, comme à l’US Open et à l’Open d’Australie. « Ça résoudrait tous les problèmes », estime Thomas, le spectateur rencontré à la sortie du Philippe-Chatrier dimanche.

Mais il y a un hic. Au début du tournoi, Amélie Mauresmo faisait savoir qu’il n’était « pas possible pour la RATP [Régie autonome des transports parisiens] » de repousser la fin du service du métro. Or c’est le principal moyen de transport en commun pour rejoindre et quitter l’enceinte de la porte d’Auteuil. Le 30 mai, le match homérique remporté par le Français Gaël Monfils contre l’Argentin Sebastian Baez s’était conclu à minuit passé. Les spectateurs avaient alors dû se dépêcher pour rejoindre la station la plus proche et monter dans le dernier métro.

Des conditions plus humides

Quatorze fois vainqueur de Roland-Garros, Rafael Nadal a déjà déclaré qu’il n’appréciait pas les conditions de jeu tardives dans le tournoi où il a été statufié. Qui dit tennis en nocturne à Roland-Garros dit des conditions plus humides, donc une balle plus lourde, qui devient beaucoup plus difficile à lifter.

Si des figures du tennis mondial comme Ons Jabeur ont à cœur de soutenir la place du circuit féminin par rapport à son homologue masculin, d’autres joueuses ont des considérations plus terre à terre. Ou plus précisément « terre à terre battue ».

Est-il décevant que les six premières sessions nocturnes de l’édition 2023 du tournoi aient été accaparées par des matchs masculins ? « Je sais que, parmi celles à qui j’en ai parlé, personne ne veut vraiment de la night session, affirmait, samedi, l’Américaine Coco Gauff, numéro 6 mondiale, après sa qualification pour les huitièmes de finale. D’un côté, nous sommes satisfaits que les hommes l’aient prise, mais il est évident qu’il s’agit d’une place de choix. C’est donc un peu dommage de ce point de vue. »

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