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Avignon : le meurtre de l’avenue du Blanchissage devant les assises

Par M.F.

C'est dans le sous-sol de cette résidence de l'avenue du Blanchissage que Junior Brei a été abattu le 23 juillet 2018.

C'est dans le sous-sol de cette résidence de l'avenue du Blanchissage que Junior Brei a été abattu le 23 juillet 2018.

Photo archives Cyril Hiély

Avignon

Dès ce matin, Youness Idrissi-Ibrahimi comparaît, accusé d’avoir tué Junior Brei en juillet 2018. Une transaction de stupéfiants aurait mal tourné

Cet après-midi-là, les résidents de cet immeuble de l’avenue du Blanchissage vaquaient à leurs occupations quand deux détonations les ont tirés de la torpeur estivale de juillet. Puis, il y a eu des cris. Se penchant par le balcon, ils ont alors aperçu trois individus porteurs d’une capuche à bord d’une voiture qui tentaient de sortir rapidement.

Quelques minutes plus tôt, à l’intérieur d’un sous-sol de l’immeuble embué de gaz lacrymogène, Junior Brei, 29 ans, venait d’être blessé par le tir d’une arme à feu. Originaire du Suriname, le jeune homme est décédé quelques minutes après à l’hôpital d’Avignon. Il était l’aide de vie d’une habitante handicapée de l’immeuble qui lui avait été présentée par Youness Idrissi-Ibrahimi, un copain rencontré quelque temps plus tôt en détention…

Les investigations policières ont révélé que depuis quelque temps, Junior n’allait pas bien. À la dame dont il s’occupait, il avait d’ailleurs confié son désir de rentrer chez lui. Deux heures avant sa mort, ce 23 juillet 2018, Youness était passé pour le rencontrer mais avait rebroussé chemin avant de revenir vers 17 heures alors que Junior venait à peine de rentrer.

Au cours de l’enquête, un scénario s’est dessiné : Youness Idrissi-Ibrahimi, apprenant qu’une bande du Suriname, dirigée par un certain Benito, mettait la pression à son copain Junior pour écouler des stups, aurait voulu monter un coup. Avec des connaissances, il aurait projeté de récupérer ce jour-là un kilo de cocaïne sous la menace d’une arme à Benito. Youness aurait demandé à son ami Marc de l’accompagner, mais aussi à son neveu Aniss, 16 ans, et deux autres mineurs, de participer à ce "carottage". Mais les choses auraient mal tourné. Dans le parking souterrain, Junior a été abattu d’un coup de feu. Tous les présents ont détalé, abandonnant derrière eux la victime.

Marc Tedeschi et Youness Idrissi-Ibrahimi ont pris la fuite au Maroc, se disant étrangers au meurtre. Youness aurait sommé son neveu de se dénoncer à la police peu après les faits

Tout au long de l’enquête, Youness Idrissi-Ibrahimi aurait fluctué dans ses déclarations. Lors de son incarcération, il aurait affirmé que Junior avait fait appel à lui, à son neveu Aniss, arrivé le soir des faits avec un autre mineur, ainsi qu’à Marc Tedeschi pour arnaquer Benito et lui dérober sa cocaïne. Désigné en tant que tireur par Youness, Aniss n’a, pour sa part, pas confirmé cette thèse aux enquêteurs, leur expliquant que son oncle lui aurait demandé, sous la menace, de se dénoncer à sa place à l’issue du "carottage"…Tout en affirmant avoir participé à ce rendez-vous au sein de la résidence sans en connaître le motif…

Les jurés de la cour d’assises de Vaucluse disposent de quatre journées pour se faire une opinion sur ce dossier, à l’issue duquel, seul un accusé comparaît : Youness Idrissi-Ibrahimi, poursuivi pour le meurtre de Junior Brei. Marc Tedeschi a, lui, bénéficié d’un non-lieu partiel et n’est pas poursuivi pour complicité de meurtre. Les trois mineurs, accusés initialement de non-dénonciation de crime, ont également bénéficié d’un non-lieu.

Dans cette affaire, la famille de l’accusé (lire ci-dessous), s’étonne que seul Youness soit renvoyé devant la juridiction criminelle en dépit de la présence de plusieurs personnes le jour des faits dans le parking souterrain et évoque un complot, Youness Idrissi-Ibrahimia ayant déjà comparu devant une cour d’assises pour braquage et ayant été acquitté…  

Du 5 au 8 juin devant la cour d’assises de Vaucluse. L’accusation sera soutenue par l’avocate générale Laure Chabaud. Le bâtonnier Guillaume De Palma et Me Bruno Rebstock assurent la défense de l’accusé. La partie civile n’est pas représentée.

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