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«Aymeric Caron a popularisé malgré lui la corrida»

Les arènes de Nîmes, en 2016.
Les arènes de Nîmes, en 2016. PASCAL GUYOT/AFP

FIGAROVOX/TRIBUNE - En novembre 2022, le député LFI avait déposé une proposition de loi visant à interdire la corrida, en vain. Depuis cette vague médiatique, les arènes sont pleines et le monde taurin constate un engouement vif et soudain pour ce spectacle, se félicite le comédien Yannis Ezziadi.

Yannis Ezziadi est comédien et collaborateur au magazine Causeur.


Regain de ferveur aux arènes ! Merci qui ? Merci Aymeric Caron bien sûr ! Il semblerait bien que la campagne anticorrida menée par le député REV se soit retournée contre lui. Depuis le printemps, c'est la fièvre dans les arènes. L'affluence à la billetterie dépasse les espérances des organisateurs. Début avril, déjà, la féria d'Arles avait rassemblé aux arènes près de 38.000 spectateurs sur quatre jours. C'est au tour de Nîmes de récolter les fruits de cette campagne ! En cette féria de la Pentecôte, les organisateurs déclarent que c'est 55.000 spectateurs qui se sont entassés sur les gradins durant quatre jours malgré une corrida annulée pour cause de fortes pluies. La corrida du samedi, qui affichait les noms des matadors français Sébastien Castella et Juan Leal ainsi que celui du péruvien Roca Rey, a même affiché «Noy hay billetes !» … guichets fermés, plus de billets ! Les aficionados n'avaient pas senti telle ébullition dans les arènes depuis un sacré moment. «Ça me rappelle les années 90, quand j'étais enfant et que je m'installais tout en haut des gradins, debout, pour voir les corridas. Les arènes étaient bourrées, ça m'impressionnait beaucoup. C'était des grandes années pour la corrida. Aujourd'hui, en voyant cette foule immense, j'ai l'impression de revivre ces moments de ma jeunesse. C'est très émouvant et surtout très encourageant pour l'avenir de la corrida. C'est un renouveau…», explique le torero Nîmois Marc Serrano, venu assister à la corrida du samedi.

Dès l'entrée des trois Matadors sur la piste, les 14.000 spectateurs se lèvent comme un seul homme et entonnent la Marseillaise avec une ferveur éclatante. La fierté d'être aficionado est intense, plus que jamais. La jeunesse elle aussi était présente, à l'ombre et au soleil, des premiers gradins frôlant le sable de la piste jusqu'aux derniers touchant le bleu du ciel. Les 350 places par corrida et à tarif réduit réservées aux moins de 25 ans se sont arrachées dès les premiers jours d'ouverture de la billetterie. Mais c'est bien au plein tarif que la majorité des jeunes présents ont acheté leurs billets. Cette année également, beaucoup de nouveaux visages dans l'arène Nîmoise. « Je viens de Paris. C'est ma première fois dans les arènes ! Pendant le buzz qu'il y a eu autour de l'interdiction de la corrida, on a vu pas mal de gens la défendre à la télé, et notamment des matadors. Moi je ne savais même pas que ça existait encore en France. Ça m'a donné envie de la découvrir et je suis donc venu avec deux amis. Et franchement, on reviendra ! J'ai adoré le spectacle, je n'avais jamais ressenti ce genre d'émotion avant. Et toute l'ambiance de la féria est vraiment incroyable » explique Julien, 27 ans, à la sortie de la corrida du dimanche où le matador espagnol Morante de la Puebla a fait vibrer l'amphithéâtre romain presque plein.

Aujourd'hui, aficionados et professionnels constatent les bienfaits de cette médiatisation. Dans les arènes, le matador se sert des charges hostiles du taureau pour créer de l'art.

Slim Ezziadi

Les plus petites arènes - de deuxième et de troisième catégorie - profitent elles aussi de la vague médiatique et parfois sans aucune vedette à l'affiche. A Mauguio, ce samedi 3 juin, étaient programmés trois jeunes toreros en devenir. Pas de tête d'affiche au cartel ! Dans ces conditions-là, d'ordinaire, les gradins sont plutôt clairsemés. Mais cette année, les arènes de cette commune de l'Hérault ont elles aussi affiché « No hay billetes ». 1900 places (presque la même jauge que l'opéra Garnier) vendues. Complet ! Coté anticorrida, la mobilisation était comme souvent assez faible. La manifestation organisée à l'entrée de la ville réunissait ce jour-là une quarantaine de personnes. La corrida avait pourtant disparu des arènes de Mauguio depuis trois ans. Ce grand retour est le fruit de la volonté du jeune organisateur Matthieu Vangelisti qui annonce le début de « La reconquête des arènes perdues ».

Les arènes de Mont-de-Marsan, Bayonne, Béziers, Dax, Istres, Chateaurenard, Céret, Lunel, Mimizan, les Saintes-Marie-de-la-Mer, et toutes les autres de France, se préparent à leur tour à une forte affluence. Olivier Margé, directeur des arènes de Béziers et éleveur de taureaux est très optimiste « On sent bien que quelque chose se passe. Notre féria aura lieu en août et les réservations décollent déjà en ce moment, bien plus que d'habitude. Nous sommes presque certains d'afficher complet à la corrida du 12 août pour laquelle sont programmés deux monuments de la tauromachie : Sébastien Castella et Roca Rey, et notre jeune espoir Christian Parejo. Et, ce que nous constatons et qui nous réjouit le plus, c'est que beaucoup de spectateurs viendront pour la première fois. Ils sont les bienvenus, nous leur ouvrons grand les bras !» Une grande partie du monde taurin redoutait la médiatisation. Beaucoup pensaient que moins on en parlerait, mieux ce serait. « Pour vivre heureux, vivons cachés » pensaient-ils alors. Aujourd'hui, aficionados et professionnels constatent les bienfaits de cette médiatisation. Dans les arènes, le matador se sert des charges hostiles du taureau pour créer de l'art. C'est maintenant des charges hostiles des anticorridas que le milieu taurin se servira pour faire sa promotion. Tous n'ont plus qu'une seule phrase à la bouche : merci Aymeric Caron !

«Aymeric Caron a popularisé malgré lui la corrida»

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42 commentaires
  • Junior

    le

    Un pied e nez a cet arrogant activiste écologiste qui pollue les antennes TV depuis trop longtemps.

  • Herbert Von Detarte

    le

    Quand on mange de l'herbe on devrait comprendre que les herbivores peuvent être nuisibles et quand il y en a de trop il faut réguler. Un taureau de combat dans l'arène face à un petit prédateur qui pèse 10 fois moins, c'est la vie il faut du courage.

  • claraoct

    le

    Quelle déconvenue pour le petit coq, qui, comme ses acolytes, n'a jamais mis les pieds dans une arène !

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