« Quand je vois les gens jeter les déchets partout, mon cœur saigne. » Membre de la congrégation des filles du Saint-Cœur de Marie, sœur Marie-Thérèse Mbaye veut inculquer aux Sénégalais « l’écologie intégrale » pour rendre le Sénégal « propre ».

Pour y arriver, la religieuse veut passer par la « conscientisation » en vue de faire changer les mentalités. « Le plus important, c’est d’essayer de changer les mentalités des Sénégalais, des Africains », assure la religieuse qui a fait sa profession de foi en 1986.

Sœur Marie-Thérèse veut commencer son travail de « verdissement » du Sénégal à Popenguine, un site religieux situé dans l’archidiocèse de Dakar. C’est de là que lui est venu « le signe divin » au cours d’un week-end d’intégration internationale de sa congrégation avec ses associées, en novembre 2017. « J’ai eu la grâce du Seigneur de comprendre que c’est ici que le Seigneur, en passant par la Vierge Marie, m’appelle pour mettre en œuvre le travail commencé à Dakar, de lutter contre l’insalubrité pour rendre notre pays propre », confie-t-elle. Elle s’est ouverte à ses collègues et aux élèves avec le slogan : « Un Sénégal propre et vert, c’est possible ».

À Dakar, avant d’être envoyée en mission à Popenguine en septembre dernier, elle réunissait près de 3 000 élèves, aidés par les structures d’assainissement de l’État, pour mener de grandes journées d’écologie, s’inspirant de l’encyclique Laudato si’du pape François. Au collège Mère-Jean-Louis-Dieng à Dakar, « j’avais la meilleure équipe, avec des gens bien dévoués, convaincus ».

Le jardin de la Vierge Marie

Ancienne professeure d’anglais, sœur Marie-Thérèse Mbaye veut commencer son chantier en érigeant « le jardin de la Vierge Marie ». « J’ai eu la chance de comprendre que c’est ici, à Popenguine, que doit commencer la “kigalisation” du Sénégal en le rendant vert et propre ». Avec une « grande dévotion » pour saint Joseph et la Sainte Famille, elle a profité de la 153e édition du pèlerinage marial de Popenguine pour offrir à la Vierge « mille fleurs bien parfumées ».

Elle compte également faire dans ce site « une grosse pépinière en comptant notamment sur les prières des Sénégalais, leur expertise et leurs idées ». La consacrée passe beaucoup de temps dans son jardin dédié à la Vierge Marie où nous l’avons trouvée.

« Ministre de l’environnement »

Surnommée « ministre de l’environnement » par les membres de sa congrégation, l’ancienne principale du collège Jean-XXIII de Tambacounda (est du pays) estime que la réussite de ce pari passe par « moins de paroles et plus d’actions ». « Qu’on arrête de jeter les ordures par terre, qu’on fasse de l’écologie intégrale », invite-t-elle.

L’amour pour l’environnement est un don chez cette passionnée de la « promotion des langues africaines ». « C’est un don de Dieu qui m’est parvenu d’abord de la famille, ensuite de la formation de nos écoles chrétiennes et enfin de notre fondateur, Aloyse Kobès, ami de la nature et de l’apprentissage des métiers », renseigne sœur Marie-Thérèse Mbaye.

Exporter son projet vers les cités confrériques

La native de Thiès (ouest du Sénégal) compte mener cette passion au-delà de l’Église, dans un pays où les musulmans représentent 95 % de la population. Elle veut aller dans les principales cités confrériques du Sénégal comme « Tivaouane, Touba, Ndiassane (…) ». « Je crois qu’avec nos chefs religieux, le message passera mieux », fait-elle savoir. Pour elle, un monde meilleur passera par un environnement sain. « Les Sénégalais aiment leur pays et finiront par travailler pour le rendre propre. »