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«Personne ne sait quand elles vont être ramassées» : au sud de Nantes, les habitants exaspérés par la collecte aléatoire des poubelles

Lundi, des poubelles non ramassées siégeaient toujours devant un établissement scolaire de Rezé.
Lundi, des poubelles non ramassées siégeaient toujours devant un établissement scolaire de Rezé. Collection personnelle

REPORTAGE - A Rezé, une commune située au sud de Nantes, les habitants subissent toujours les conséquences de la grève contre la réforme des retraites, cumulée à un changement de prestataire de collecte.

Le Figaro Nantes

«On les rentre, on les sort ; on les rentre, on les sort... C'est insupportable !» répète ce lundi matin une habitante de Rezé, devant son bac jaune de recyclage qui aurait dû être collecté la semaine passée. Alors que le ramassage des poubelles semble être revenu à la normale dans la plupart de l'Hexagone, quelques habitants de cette ville de Loire-Atlantique située aux portes de Nantes connaissent encore des difficultés. «Personne ne sait quand elles vont être ramassées. Il n'y a aucune certitude qu'ils passent», soupire à côté son époux. Pendant plus d'un mois, entre avril et mai, ils ont dû entasser leurs déchets composés entre autres de couches de bébés. Les pies et chats errants s'en sont donné à cœur joie. Fin mai, après de longues semaines à guetter le moindre ripeur et espérer, en vain, que le camion récupérant les résidus du trottoir d'en face les en débarrasse également, ils ont fini par être délivrés de leurs emballages accumulés. Mais ils ne sont pas sortis d'affaire pour autant. La collecte se déroule encore de manière aléatoire.

«Ah tiens, regardez, un camion, ils doivent aller au collège», suppose Anne, au moment où un véhicule passe à toute allure devant leur maison. Hélas, il n'en est rien. En ce début d'après-midi, les poubelles jaunes et bleues siégeaient toujours devant l'établissement scolaire voisin. «On ne peut qu'être tolérant face à une situation complexe mais on pourrait avoir des informations plus précises. On a une situation d'errements. Où les éboueurs s'arrêtent-ils ? Font-ils demi-tour car les bennes débordent ? Ou car ils partent en pause ?» s'interroge le principal qui habite à quelques mètres de là. Il subit donc des désagréments autant personnellement que professionnellement. «Au collège, les poubelles sont restées là tout le week-end. Ça représente au moins quatre poubelles jaunes et bleues. Un coup de vent, un bac qui se renverse... Cela pose problème pour l'esthétique et l'hygiène.»

Grève, jours fériés : une accumulation de problèmes

«Vous avez une situation assez inédite qui multiplie les difficultés. D'abord, la mobilisation nationale sur les retraites fait qu'on n'a pas eu de collecte pendant un mois quasiment», explique Mahel Coppey, vice-présidente de Nantes Métropole en charge des déchets. «Vient s'ajouter à cela un changement de prestataire [début avril] qui a lui-même dû faire face à des grèves en interne», poursuit l'élue.

«Entre le 1er et le 11 avril, nous avons été confrontés à dix jours de grève du personnel transféré de Suez vers Veolia. L'organisation du travail que nous proposions ne leur convenait pas. Ils se sont mobilisés et le mouvement social a prolongé les perturbations du service», détaille Emmanuel Bodineau, directeur du pôle service collectivités Pays de la Loire chez Veolia. Lorsque les tournées ont repris de façon régulière, «on a dû absorber tout le retard de collecte [de mars en lien avec la réforme des retraites et les dix jours d'avril] en plus des déchets présentés régulièrement». Jusqu'à sept ou huit équipages supplémentaires ont été envoyés chaque jour pour rattraper le retard. «D'autre part, le mois de mai a été marqué par un nombre de jours fériés conséquents», souligne le responsable de l'entreprise de recyclage et valorisation des déchets.

Toutefois, il assure que la situation est en voie de normalisation : «On espère que la situation va se stabiliser définitivement courant juin.» «Le sujet concernait dix communes du Sud Loire. La situation s'améliore et cela commence à se stabiliser partout», reprend Mahel Coppey de la métropole, selon les remontées de terrain. À Rezé, près de la place François Mitterrand, le boulanger Kamran Karimli le confirme, soulagé après un mois de galère : «Maintenant ça va mieux». Un gérant de commerce voisin n'a vu quant à lui aucune de ses poubelles vidées la semaine dernière mais ne sait pas si elles étaient mises assez en évidence. En ce début de semaine, il les a déposées beaucoup plus visiblement sur le trottoir. Quoi qu'il en soit, ce fervent défenseur de la grève déplore le manque de communication sur les dates de collecte : «j'ai appelé la mairie qui m'a renvoyé vers la métropole qui me renvoie vers la mairie».

Pas de remboursement de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères

«Ce n'est pas pour autant qu'ils vont nous faire payer moins cher la taxe ordures», déplore une autre habitante de Rezé, rentrée de vacances ce lundi matin. Avec son mari, ils ont tout de suite deviné que les éboueurs n'étaient pas passés en observant l'alignement de couvercles jaunes. Il y a quelques semaines, les octogénaires ont vécu eux aussi l'accumulation d'ordures et se sont débrouillés comme ils ont pu grâce à leur compost. «Mon mari a déposé des sacs dans des poubelles enterrées et on a été obligé de brûler quelques cartons dans le barbecue», explique la femme.

«Même si je le voulais, je ne le pourrais pas, répond Mahel Coppey à propos de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Juridiquement, je n'ai pas le droit de rembourser une taxe. Celle-ci recouvre autre chose que la collecte comme les actions de prévention, le traitement, le fonctionnement des déchetteries...»

En attendant, l'exaspération des riverains reste de mise : certains ont déjà pensé à aller déposer symboliquement leurs sacs devant la mairie, même si le dossier est supervisé par la métropole. En cette période de fortes chaleurs, le représentant de Veolia en Pays de la Loire précise que les bacs bleus, dédiés aux déchets ménagers, sont ramassés prioritairement par rapport aux jaunes. Et à la veille d'une nouvelle journée de manifestation, Emmanuel Bodineau reste sur ses gardes : «On s'organise pour modérer les impacts d'une éventuelle mobilisation. On ne connaît pas le niveau mais on espère une faible mobilisation pour ne pas accentuer les perturbations dans le service».

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19 commentaires
  • Franck44

    le

    Rezé ? mairie socialiste , si je ne me trompe pas

  • toto0

    le

    Comprenez : gérez vous-même vos déchets si vous ne voulez pas déchoir...

  • Anarcap05

    le

    Ramasser les poubelles, c’est trop dur pour un chômeur ?

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