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Manosque : Kaïs Benaissa, l'entraîneur de football et président du club de boxe du Ring manosquin cesse ses activités sportives

Sollicité par le club de football vauclusien de La Tour-d’Aigues, le technicien de 45 ans qui s’apprête à quitter son équipe de cœur a affirmé qu’il ne reprendrait pas un banc dans l’immédiat.

Sollicité par le club de football vauclusien de La Tour-d’Aigues, le technicien de 45 ans qui s’apprête à quitter son équipe de cœur a affirmé qu’il ne reprendrait pas un banc dans l’immédiat.

Photo DR

Manosque - Sainte-Tulle

La figure historique du sport dans le sud du département explique les raisons qui l’ont poussé à boucler le chapitre du bénévolat

Des poussins aux séniors en passant par les U15 et l’encadrement des gardiens, il a connu toutes les catégories sur les terrains de football alpins. Dans la peau de l’entraîneur principal ou de l’adjoint, d’une équipe première ou bien de la réserve, Kaïs Benaissa connaît parfaitement les ficelles du métier. Durant ce qu’il appelle sa "modeste carrière", qui l’a mené sur le banc des clubs de Manosque, Sainte-Tulle, Riez et de Sainte-Tulle Pierrevert (l’AFC), ce Manosquin de 45 ans n’a jamais connu une seule relégation et a toujours mené sa mission à bien. "Même dans la difficulté, je n’ai jamais abandonné un projet en cours de saison, je suis toujours allé au bout", lance fièrement le technicien. Oui, mais voilà, une fois la saison 2022-2023 de l’AFC Sainte-Tulle Pierrevert arrivée à son terme, celui qui avait débarqué dans la cité de Giono à 24 ans en provenance de Tunisie a annoncé sa volonté de se retirer de toutes activités sportives.

Des changements qui ne passent pas

"Initialement, je voulais refaire quelques belles années à l’AFC. J’y suis revenu l’été dernier car les dirigeants me l’ont demandé, c’était une fierté et un honneur pour moi. Je m’étais dit : ’Pourquoi pas repartir sur une nouvelle aventure", confie le coach. Au milieu de la saison, il se rend compte que cette dernière ne sera pas de tout repos et préfère l’écourter. Le milieu, la gestion, l’environnement, les caractères… deviennent pour lui de plus en plus difficiles à gérer. "Ce poste (entraîneur) demande beaucoup de sang frais. Il faut accepter certaines choses que j’ai du mal, comme la non-discipline et le manque de respect."

Kaïs Benaissa n’a pas peur de l’affirmer : son football a changé. "De mon temps, ce n’était pas comme ça. Le ballon, c’était sacré pour les joueurs en termes d’entraînements et d’implications… Aujourd’hui pour une fête, ils peuvent manquer un match. Avant, l’équipe, quelle qu’elle soit, représentait davantage son club et son village, cela entraînait des sacrifices. Quand certains perdaient, on pouvait lire pendant plusieurs jours sur les visages de la frustration. Désormais, après une défaite, le réflexe des joueurs en rentrant dans le vestiaire, c’est de sortir leur portable pour voir les derniers résultats des équipes européennes", se désole-t-il.

"Être le coach que j’aurais aimé avoir plus jeune"

Malgré ce constat sec, Kaïs Benaissa souhaite souligner le comportement exemplaire d’un noyau dur de son escouade. "Même quand on ne gagnait plus, une base solide ne m’a jamais lâché et m’a toujours fait confiance. J’avais certains des meilleurs du championnat (District 1) dans mon effectif."

Ce qu’il a le plus apprécié dans sa fonction d’entraîneur reste le partage et la transmission. "J’ai toujours essayé d’être le coach que j’aurais aimé avoir plus jeune, insiste-t-il. Lorsque j’étais joueur en Tunisie, j’ai souffert d’un manque de temps de jeu. Je m’entraînais beaucoup, mais je n’étais jamais titulaire. Quand tu mérites de jouer, tu le sais et je le savais."

Alors lorsqu’il a pris un banc, le Tunisien n’a cessé de communiquer et de faire tourner son effectif. "Si un footballeur amateur n’est pas sur la feuille de match le dimanche, il ne progressera pas et va être dégoûté du football. On n’est qu’en District devant parfois dix spectateurs, mais un but à la dernière minute peut apporter bien plus de bonheur qu’on ne le pense. Ce qu’il reste de tout ça, ce sont les rencontres et les souvenirs." Mais aussi les trophées : il aura décroché en 2018 avec l’AFC Sainte-Tulle Pierrevert une coupe des Alpes Robert-Gage contre Veynes-Serres qui évoluait alors en Régional 2 et un titre de champion de D1 en 2020. Son seul regret, ne pas avoir eu l’opportunité de passer ses diplômes pour officier dans des divisions supérieures.

"J’ai eu la chance de coacher pratiquement tous les joueurs du secteur. C’est le bon moment pour arrêter, j’ai fait le tour. Mon départ ? Ça libère une place, le foot est fait pour donner, martèle le Bas-Alpin d’adoption. Je reviendrai sur le bord des terrains, mais en tant que spectateur", promet-il.

En quête de libertés

Si Kaïs Benaissa dit adieu aux pelouses des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes, il en fait également de même pour la boxe. Alors qu’il était président du Ring manosquin et proposait deux cours par semaine de cardio boxe au club, il n’enfilera plus les gants. Alors qu’il travaille actuellement d’arrache-pied pour aider à organiser le gala de boxe de Karim Guerfi qui aura lieu le 10 juin au parc de Drouille de Manosque, le boxeur souhaite se détacher de ses responsabilités. "C’est un changement réfléchi et assumé, tout cela me donne des engagements en plus de mon nouveau travail (éducateur spécialisé, Ndlr). On dit souvent que le milieu amateur repose sur le volontariat, je peux vous assurer que c’est une réalité. Je n’ai jamais pris une année pour souffler, ça engendre du stress et de l’indisponibilité. On n’est pas tous prêts ou capables de faire cela. J’ai compris l’importance de la famille et du temps libre…", explique celui qui animait également des soirées musicales en tant que DJ.

Cet emploi du temps herculéen était selon lui pas visible de tous. "Il y a le fait d’être à un événement, mais il y a aussi toute la préparation derrière, c’est la face cachée. Je n’ai plus envie que l’on m’attende pour une performance ou un rôle, je veux être libre", affirme calmement le passionné de sports. "Ce que je vais faire désormais le week-end ?, s’interroge-t-il. Je n’en sais rien, cela ne s’est jamais présenté auparavant. J’apprécie de ne rien faire, mais je n’en avais jamais eu l’occasion. Une chose est sûre, l’inconnue ne me fait pas peur !"

Si pour l’instant, il affirme que c’est une décision définitive, Kaïs Benaissa laisse entendre qu’il pourrait un jour revenir dans le paysage sportif bas-alpin, si le coaching venait à trop lui manquait. En attendant, il pourra profiter de ses deux beaux enfants et de ses nouvelles fonctions d’éducateur.

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