« The Crowded Room » : la nouvelle série d’Apple TV+ patauge

Tom Holland surnage comme il peut dans ce thriller décevant et confus, alourdi par des effets de scénarios particulièrement inutiles.

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Amanda Seyfried face à Tom Holland dans le nouveau thriller d’AppleTV+ The Crowded House.
Amanda Seyfried face à Tom Holland dans le nouveau thriller d’AppleTV+ The Crowded House. © Apple+ TV

Temps de lecture : 3 min

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Avertissement : Il nous a été demandé par Apple TV+ de ne pas divulguer dans notre article un certain nombre d'éléments clés de l'intrigue de The Crowded Room.

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Nous sommes en 1979, à Manhattan. Un jeune homme, Danny Sullivan (interprété par un Tom Holland bien loin du costume du Spider-Man des Avengers), est arrêté pour avoir ouvert le feu sur la foule et blessé légèrement un passant. Lors de son interrogatoire, les policiers s'étonnent de son comportement, et décident de pousser plus loin leurs investigations. Au contact de Danny et en fouillant dans son passé, l'ambitieuse et passionnée Rya Goodwinn (Amanda Seyfried, déjà admirable dans la série de Disney+ The Dropout) va très vite avoir l'intuition du secret du jeune homme : il lui restera à convaincre ses pairs et les jurés chargés de juger Danny d'en tenir compte.

Voilà à peu près tout ce que l'on peut dire de concret sur l'intrigue de The Crowded Room sans trop risquer de dévoiler l'essentiel. Au nombre des indéniables qualités de la minisérie, on doit quand même souligner sa production et sa réalisation impeccables : la reconstitution d'époque est bluffante, la bande-son réveille en nous l'amoureux des années 1970 qui ne s'ignorait même pas, la caméra est même particulièrement inventive sans jamais sombrer dans l'excès et la recherche de spectaculaire. Techniquement, c'est vraiment du bel ouvrage – mais il faut avouer qu'on n'en attendait pas moins d'une série Apple TV+.

Quant aux deux acteurs principaux, ils sont très convaincants – et encore heureux, tant The Crowded Room repose presque exclusivement sur leurs épaules. On avait quasiment oublié, depuis The Lost City of Z, que Tom Holland pouvait jouer aussi juste, y compris dans les nuances et dans les moments d'écoute. Mais dès que l'on se penche un minimum sur ce que la série raconte, on déchante.

Un true crime sacrifié

The Crowded Room a quelque chose d'une série schizophrénique : elle donne l'impression d'être plusieurs séries à la fois, sans parvenir à se décider, au risque de perdre le spectateur en route. Sa première moitié a tout de la série désormais traditionnelle « de serial-killer » : c'est une série de flash-back trop longs sur la vie passablement glauque de Danny, ponctués par des séquences d'interrogatoires trop elliptiques pour ne pas être frustrantes. Mais à la révélation de son secret, elle se change brièvement en thriller fantastique presque « à la Stephen King », avant de devenir une série de procès (le passage le plus réussi à notre avis, d'ailleurs, mais qui arrive bien tard).

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Sa principale faiblesse est malheureusement liée à sa révélation pivot, celle dont il ne faut pas parler : pour peu que l'on connaisse ne serait-ce que le titre du livre dont est tirée la série (écrit noir sur blanc dans son générique), ou pour peu que l'on soit un tout petit peu attentif, pas besoin d'avoir un diplôme en cliffhangers pour comprendre assez vite de quoi il retourne. Et pourtant, The Crowded Room passe cinq épisodes à faire comme si son spectateur n'était pas en avance sur ses personnages, en multipliant les fausses pistes peu convaincantes et les clins d'œil trop manifestes pour être honnêtes. Résultat : l'impression d'être pris pour un imbécile, comme si on se trouvait dans un film de Night Shyamalan (Sixième Sens) particulièrement médiocre.

Autre impression durablement désagréable : de la sordide, mais retentissante affaire véridique racontée par le livre dont est tiré The Crowded Room, il ne reste pratiquement rien. Le personnage de Danny n'a en effet pas grand-chose à voir avec son modèle de la vie réelle : Danny est un garçon sympathique qui a vécu une existence cauchemardesque, aux motivations compréhensibles, qu'on n'a aucun mal à pardonner, d'autant que son « crime » n'a pas fait de victime. Son équivalent réel est un violeur en série, soupçonné aussi de meurtre. Finalement, vous garderez de The Crowded House un arrière-goût très amer : celui d'une série qui a sacrifié la complexité et l'ambiguïté du réel sur l'autel du happy end et de l'artifice scénaristique grossier.

Les trois premiers épisodes de The Crowded House seront disponibles le vendredi 9 juin sur Apple TV+, les autres seront mis à disposition à raison d'un épisode tous les vendredis.

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