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L'artiste français Philippe Cognée : au-delà du réel
Pour sa réouverture après travaux, le musée Bourdelle, à Paris, accueille une exposition fleuve du prince du “flou encaustique” : Philippe Cognée.
Musée Bourdelle – Paris Musées – Nicolas Borel

L'artiste français Philippe Cognée : au-delà du réel

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Par Nathalie Maréchal

Publié le

Pour sa réouverture après travaux, le musée Bourdelle, à Paris, accueille une exposition fleuve du prince du “flou encaustique” : Philippe Cognée. Assurément l’un des plus grands artistes français de ce siècle.

Ce n’est pas la technique très particulière de Cognée, consistant à peindre en utilisant la cire d’abeille comme liant, puis à chauffer la toile (au fer à repasser tout simplement), qui est ici à l’honneur – même si l’image qu’il obtient ainsi n’a pas son pareil : délavée comme par la pluie sur une vitre, fondue comme par la vitesse d’un train, tremblante comme la lumière vue par des yeux myopes... Présentée en ouverture de l’exposition avec ses fameuses vues de supermarché et quelques portraits à la Velasquez saisissants, cette technique est l’une de ses marques de fabrique, presque une « signature ». Et de ce procédé, Cognée attend à chaque fois une “révélation” : c’est le terme qu’il emploie pour décrire l’ultime étape de son travail dans le bref documentaire tourné dans son atelier, à Rezé, près de Nantes, et proposé à la fin du parcours haletant de sa plus importante rétrospective jamais présentée à Paris.

Une œuvre en mille pièces !

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Une œuvre d’art photographiée est-elle encore une œuvre d’art ? Et une photo d’œuvre réinterprétée par un artiste ? C’est de l’art ? Ces questions, comme le résultat de son travail d’artiste, sont vertigineux, et puissants. On y sent une urgence en même temps qu’une prolifération et une virtuosité hypnotique... On peut y voir, au début, un petit côté jeu Memory un brin agaçant (une impression de déjà-vu, des noms et des titres qui vous échappent), mais dès lors qu’on prend le parti de se laisser aller, c’est à une promenade riche et émouvante dans un labyrinthe infini que nous entraîne Philippe Cognée.

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En avant-propos de cette œuvre réalisée entre 2013 et 2015, une série de 285 photos personnelles – format 10 x 15 cm – repeintes ; série qui date cette fois de l’époque 1991-1995. Chacune représente un objet banal, une scène anecdotique, que l’artiste réinterprète. L’ensemble, présenté serré en lignes horizontales, ressemble à une tentative d’écriture de la vie quotidienne et de la modestie des choses... L’exposition présente aussi ses sculptures en bois peint à l’encaustique, expressives, primitives. Son enfance et son adolescence, passées au Bénin, y seraient pour beaucoup, confie l’artiste, né en Loire-Atlantique en 1957. Enfin, une ultime salle accueille six toiles monumentales et inédites associant la fleur à la sculpture. La sculpture comme un écho au lieu qui l’accueille, et un dialogue avec Antoine Bourdelle, figure tutélaire assumée. Que de beauté en une seule et même visite au musée…

Philippe Cognée. La peinture d’après, au Musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, Paris XVe. Jusqu’au 16 juillet.

A noter : pour le musée de l’Orangerie, à Paris, Philippe Cognée a proposé un ensemble d’œuvres inédites portant un regard aigu sur les Nymphéas de Monet, Contrepoint contemporain, jusqu’au 4 septembre. Sans compter “Philippe Cognée. Le réel sublimé” au musée de Tessé, au Mans, du 13 mai au 5 novembre.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne